En Ukraine, dans les pas de Balzac et de Conrad

Les amants de l’Europe buissonnière

Les amants de l’Europe buissonnière
Olivier Page

Il lui écrit : « Je voudrais vous consacrer toute ma vie, ne penser qu’à vous, n’écrire que pour vous. Aimer Ève, c’est toute ma vie. » En 1845, Balzac et Ewa voyagent en Allemagne, en France, en Hollande, en Belgique, en Italie. En 1846, ils se retrouvent à Rome, découvrent l’Italie, la Suisse, l’Allemagne encore. En novembre 1846, Ewa enceinte de Balzac accouche d’un enfant mort-né. Balzac est effondré par le chagrin, et pour oublier la douleur il s’acharne encore plus dans son travail littéraire. Madame Hanska le rejoint à Paris en 1847 pour quelques mois, puis retourne en Ukraine. Il n’en peut plus ! Sans la prévenir, à l’automne 1847, il va la retrouver à Verkhovnia.

Avant de partir, le 3 septembre, il brûle toutes les lettres de Madame Hanska, afin que personne ne puisse en faire l’objet d’un chantage. Balzac quitte Paris pour l’Ukraine, muni d’une petite malle, d’un panier de provisions empli de biscuits de mer, de café concentré, de sucre, d’une langue farcie, d’une bouteille d’anisette et de 48 paires de gants. Seul et sans domestique, ce voyageur amoureux ne connaît « absolument rien des différents patois des pays » qu’il traverse.

Le voyage est long, difficile, éprouvant. À cette époque le réseau ferroviaire européen n’en est qu’à ses débuts. Il roule de jour comme de nuit. Train à la gare du Nord pour Cologne, puis Düsseldorf et Hamm où la ligne s’arrête. Il prend ensuite la malle-poste jusqu’à Hanovre, puis grimpe dans le train à nouveau jusqu’à Berlin, d’où il gagne Cracovie (Pologne), Radziwill (frontière avec l’empire russe), Dubno.

En Ukraine, ce sont des troïka qui le portent jusqu’à Ostrov, Novograd, Volinski, Zhytomir. Il arrive à Berditchev, d’où une bouda (petit attelage à carcasse d’osier) le conduit au château de Verkhovnia, situé à une soixantaine de kilomètres à l’est, en pleine campagne. Le voyage a duré une semaine.

Dès son arrivée, Balzac est impressionné par les paysages : « les vraies steppes, […] le désert, le royaume du blé, la prairie de Cooper et son silence », avec sa terre noire et grasse. Il arrive à la porte du château, épuisé mais heureux. Il est stupéfait : « une espèce de Louvre, de temple grec doré par le soleil couchant ». Balzac brûle de retrouver son égérie. Dans les cheminées de Verkhovnia, c’est de la paille qui brûle, ainsi chauffe-t-on cette vaste demeure remplie de domestiques, de cuisiniers, de serviteurs.

Texte : Olivier Page

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