En Ukraine, dans les pas de Balzac et de Conrad

Balzac, châtelain de Verkhovnia

Balzac, châtelain de Verkhovnia
Olivier Page

Balzac visite Kiev qui ne l’enchante guère. Il écrit à sa sœur : « J’ai donc vu la Rome du Nord, la ville tartare aux 300 églises et les richesses de la Laurat (NDLR : il parle de la Laure des Catacombes), et la Sainte-Sophie des Steppes. C’est beau à voir une fois ». À Kiev encore, Balzac rend visite au général Bibikoff grâce à qui son permis de séjour est mis en règle, à Pauline Riznic, une des sœurs d’Ewa Hanska. Il rencontre aussi un riche moujik qui a lu tous ses livres ! La francophonie au XIXe siècle était un phénomène de société. Balzac apprend que ce nouveau riche brûle un cierge à Saint-Nicolas chaque semaine en son intention !

Affairiste dans l’âme, Balzac envisage de proposer à son beau-frère l’ingénieur Surville, de créer des traverses de chemin de fer avec le nombre incalculable de chênes qui poussent sur les terres de son amante et égérie. Au château, l’écrivain s’enferme dans son appartement pour travailler jusqu’au soir. À table, à l’heure du dîner, il retrouve sa chère Ewa, et la fille de celle-ci, Anna qui parfois joue du Chopin ou du Liszt sur le piano du salon. Balzac et Ewa pensent au mariage.

Après cinq mois au « paradis », Balzac doit quitter Verkhovnia en janvier 1848. En plein hiver, il rentre seul à Paris où il arrive après un voyage harassant de douze jours, par des chemins impossibles, gelés et boueux, troués par des ornières où les attelages s’enfoncent. Il assiste à la Révolution de février 1848 qui proclame la chute de Louis-Philippe. Il se rend aux funérailles de Chateaubriand.

L’été passe. En septembre, Balzac repart pour l’Ukraine. Le tsar de Russie se méfie de cet artiste qui souhaite épouser un(e) de ses sujets. Il le fait surveiller par ses agents secrets. Balzac quitte Paris le 19 septembre 1848 et arrive le 2 octobre au château de Verkhovnia. Il y retrouve sa comtesse adorée, son serviteur Thomas toujours attentionné, qui s’occupe de la cheminée, de sa garde-robe, lui sert son café dont il est grand consommateur. Et voilà l’écrivain le plus célèbre de la langue française, petit-fils d’un paysan du Tarn, devenu une gloire européenne par son seul génie, voilà Balzac, « seigneur des plus aimables » qui se prépare à convoler en justes noces avec une des étoiles de la haute aristocratie de l’empire des tsars ! Elle écrit : «J’ai su aimer et j’aime encore mais nul n’a pu comprendre l’âme de feu qui embrasait tout mon être ».

Texte : Olivier Page

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