Le château de Verkhovnia
Olivier Page

Une petite route aux pavés mal recouverts de bitume, qui n’a pas vu le cantonnier depuis belle lurette, s’enfonce dans la campagne entre des champs de blé attendant la future moisson d’été. J’ai déjà oublié la fastidieuse autoroute qui conduit de Kiev à Odessa ! Un ciel d’un bleu pur, lumineux et sans nuages, donne au paysage de l’Ukraine de l’Ouest un aspect de tableau romantique du XIXe siècle. Les branches et les feuilles des arbres remuent sous l’effet d’un vent tiède venu sans doute des steppes lointaines. Soudain apparaît, planté sur le bas-côté du chemin, un panneau écrit en caractères cyrilliques indiquant : Verkhovnia.

Des prés bien verts encore, un étang paisible dans le creux d’un vallon, une colline basse coiffée d’arbres, une grille métallique puis une allée ombragée : nous y sommes. C’est l’entrée du domaine du château de Verkhovnia : un élégant palais (construit en 1780-1800 par un architecte italien) aux murs peints en rouge grenat défraîchi, perdu au milieu de l’immense plaine d’Ukraine. Dans le jardin, des massifs de fleurs entourent un buste de Lénine, symbole du passé soviétique, qui n’a pas encore été déboulonné. Le bâtiment central orné d’un fronton porte une frise représentant Apollon et Pégase au galop. De hautes et blanches colonnes donnent au portique d’entrée la noblesse d’un temple grec. De temple, point pourtant !

Le château abrite aujourd’hui un lycée agricole. L’agriculture après la culture, ironie de l’histoire ! Des élèves y viennent de partout pour apprendre à cultiver la terre fertile de leur pays (la fameuse terre noire). Sur le mur de l’aile gauche, une plaque en bronze sculpté représente le buste de Balzac. Son nom prestigieux est écrit en caractères cyrilliques. À l’intérieur du château, au rez-de-chaussée, dans la salle de musique, naguère luxueuse et aristocratique, des rangées de vieilles banquettes en skaï usé attendent le retour des étudiants pour les prochains cours. Une peinture de style naïf semi burlesque montre Balzac à Kiev en plein hiver, emmitouflé dans un gros manteau à fourrure, au bras de la comtesse Hanska, son amante et future femme. Notre guide ukrainienne, qui répond au joli prénom d’Alona, est la conservatrice du château, elle parle russe et nous conduit à l’étage. Elle nous raconte l’incroyable histoire d’amour de Balzac et de son égérie ukrainienne.

Texte : Olivier Page

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