Louisiane : bienvenue chez les Cajuns
Musique : laissez les bons temps rouler
Pour faire un bon cajun, il faut aussi une bonne toune… Un air d’accordéon de derrière les fagots, les sacades de la basse, les pleurs lancinants des violons, le grattement rythmé des cuillères sur le frottoir (tablier de métal), le ting métallique du ‘tit fer (triangle), l’emportement des guitares et l’enthousiasme de tout un public…
La musique cajun est un joyeux méli-mélo de vieilles valses, de polkas, de quadrilles, de contredanses, de tempos irlandais attrapés en Nouvelle-Écosse, auxquel sse sont greffés au fil du temps touches western, voire blues et jazzy dans le zarico et la zydéco des Créoles louisianais (emportés par Clifton Chenier).
Le rythme, les thèmes sont proches de ceux de la country music : les textes parlent d’amours perdus, de disparus, de déracinement, du bon vieux temps… Jusqu’à cet emblématique 200 lines: I must not speak French d’Hadley Castille, cri de révolte de toute une génération que l’on voulait forcer à oublier ses racines.
Largement autodidactes, les musiciens cajuns ont presque tous appris à l’oreille. Pas de partitions ici, mais des gestes mille fois répétés. Longtemps restée confidentielle, leur musique a entrouvert la porte du placard dans les années 1950. Zachary Richard, qui intégra les rythmes traditionnels au monde contemporain, lui a apporté la consécration.
Comme dirait Tee-Mick, animateur de Radio Louisiane : “Nous autres, c’est pas Hollywood et pas Nashville non plus”. Mais, sur les ondes ou sur les fauteuils rouges du Liberty Theater d’Eunice, une bourgade de l’Acadiana des plaines, c’est toute “la fierté d’être cajun” et la nostalgie de “tout ce qui s’en est allé” qui s’exprime.
Texte : Claude Hervé-Bazin
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