Louisiane : bienvenue chez les Cajuns
Plantation, country et légendes
Boucle après boucle, la route 415 glisse le long de la rive droite du Mississippi. Passé New Roads, le ruban de goudron atteint le fleuve, large comme une baie, et ses eaux miroitantes. Petite attente et le bac, déjà, cingle vers St. Francisville, perché sur la berge opposée.
L’air est moite, empesé par moments de love bugs, ces drôles d’insectes dont l’accouplement, en vol, dure jusqu’à 3 jours ! Le long des rues assommées de chaleur, se dressent des façades altières et de hauts chênes aux branches tentaculaires, dégoulinant de mousses espagnoles. Au cimetière, le marbre craquelé fait écho aux vieilles dalles penchées.
À la plantation Greenwood, les fougères se tapissent dans l’ombre, derrière l’étang où étaient baptisés les esclaves (il y en eut jusqu’à 750). Dans le salon, rien n’a pas bougé depuis 1860. À Oakley, au Cottage, quelques cases de l’oncle Tom ont survécu, rappelant que le vieux Sud a construit son essor sur l’esclavage et le coton.
Myrtles, bâtie à la toute fin du XVIIIe siècle, passe pour l’une des « demeures les plus hantées d’Amérique ». Les fantômes d’une mère et de ses deux filles, empoisonnées par une esclave, tuée à son tour, apparaîtraient en ces lieux. Certains affirment avoir vu, entendu, senti une présence, une ombre, un spectre. Ce Sud-là est une terre de légendes, hantée par son passé.
Texte : Claude Hervé-Bazin
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