En cargo vers New York

Premier jour en mer

Premier jour en mer
Sibylle Eschapasse

Première activité du matin : le petit-déjeuner. En réalité, manger sur un bateau revêt une place très importante dans l'emploi du temps journalier. On mange beaucoup et on en profite pour discuter. Ensuite, on fait de l'exercice pour perdre les calories gagnées juste avant. Officiers et passagers prennent les repas ensemble. Les quatre autres passagers sont tous beaucoup plus matinaux que moi et déjà attablés.

Sur un cargo, règle n° 2, composer avec tout le monde. Cela ne devrait pas poser trop de problèmes. Ils ont tous l'air très sympathique. Il y a un ménage d'Indianapolis, un Allemand de Francfort complètement polyglotte et une New-yorkaise, professeur de musique à la retraite, véritable personnage à la Woody Allen. Ils ont entre soixante-deux et quatre-vingt-trois ans. J'en ai vingt-trois et suis la plus jeune de tout le bateau. Je suis curieuse de connaître leurs motivations. Nous ne nous connaissons pas, mais très vite, des mondes et des vies s'ouvrent au gré de la conversation.

Monsieur et madame G. ont toujours rêvé de monter sur un cargo. J'apprends que non seulement ils vont faire la transatlantique mais que cela fait trois mois qu'ils sont à bord depuis Shanghai. Peter souhaitait faire une croisière atypique, une vraie transatlantique à l'ancienne. Recherche de l'authentique ! Gloria, quant à elle, n'aime pas l'avion. Cela fait une quinzaine de fois qu'elle relie New York à l'Europe par la mer.

Je profite de la journée pour me familiariser avec le bateau. Je visite tous les niveaux. Le cargo est très bien équipé. Il y a tout le confort moderne : une salle de gymnastique, un sauna, une laverie, une salle de télévision et même une toute petite piscine sur l'un des ponts. Chacun, inconsciemment, commence à s'approprier un coin du bateau, marque son territoire. Il y a quatre ponts, le navire fait 250 m, nous sommes cinq touristes. Comparé aux paquebots, le rapport surface/nombre de passagers convient parfaitement à ceux qui n'aiment pas la foule.

Les premiers jours de mer sont accompagnés d'une envie de dormir presque continue. L'air du large, les mouvements du bateau, l'excitation de la transat', cela se traduit par de longues nuits de sommeil et des journées agrémentées de siestes. Je n'y échappe pas. En plein apres-midi, je commence à bâiller. Dormir ? Mais, c'est le jour ! Le jour, c'est le jour. C'est fait pour être éveillé. La nuit, c'est la nuit. On dort. Et pourtant, face à ces arguments de gens responsables, je sors ma chaise longue et m'y installe. Je suis là : face à face entre moi-même et l'océan. En quelques jours, siester - même pour une courte durée ou une heure - va devenir pour moi une activité à part entière. Faire la sieste est un bienfait. Cela sera un temps fort, un art de vivre de tous les passagers du cargo.

Je passe avant le dîner à la passerelle. Ce qu'on appelle à bord, le bridge, car tout le monde parle en anglais. Le bateau est pavillon allemand. Le capitaine et une dizaine d'officiers sont allemands. Les dix autres sont philippins. À la passerelle, le capitaine et l'officier de quart. Nous faisons la position. Nous n'avons pas été rapides. Juste 200 milles. Sur la carte, le tracé de notre route est le seul moyen concret de visualiser notre progression au milieu de cette vaste étendue d'eau identique d'un point à un autre. Le coucher de soleil est magnifique. Nous allons faire escale à Valence, en Espagne, vers 22 h. Nous y resterons la journée de demain et repartirons dans la soirée.

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Texte : Sibylle Eschapasse

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