En cargo vers New York

Bienvenue à bord du London Senator !

Tout est réuni à Port-Saint-Louis-du-Rhône pour me donner envie de partir. Les moustiques de Camargue qui m'agressent terriblement depuis que je suis dans la région, le pin-pon constant des chariots élévateurs qui finit par donner mal à la tête, les usines de produits chimiques à côté et une odeur de fuel et d'œuf pourri pas très agréable. Je viens d'arriver sur le London Senator et le voyage commence là.

À table, tout à l'heure, premier repas. Je suis en fait la dernière à monter à bord. L'équipage et les quatre autres touristes sont tous là. Le second officier a parlé de la traversée : un quotidien où l'on ne fait rien, une météo incertaine, un mal de mer qui peut nous prendre n'importe quand et surtout plus aucune possibilité de sortir du bateau en plein milieu de l'Atlantique. Tiens donc ! À bord, pas de portables ni de nouvelles. Nulle visite, pas de rendez-vous ni d'apparentes contraintes. Un luxe qui me paraît rare, un privilège inoubliable.

Le cap ? New York. Nous en prendrons la route probablement dans la nuit. Plus tôt, si le chargement va plus vite. Car nous nous trouvons sur le London Senator, un porte-conteneurs de 250 m de long qui chargent et déchargent cargaisons dans les ports du monde entier. Avant la France, le navire était d'ailleurs en Italie, en péninsule Arabique, à Singapour, au Japon et en Chine.

Nous allons faire 20 nœuds de route en moyenne. Environ 37 km/h, soit un peu moins de 900 km par jour. Quel autre moyen de transport peut s'aligner sur cette lenteur relative, cette durée et cette régularité ? Je n'en vois aucun autre. Cet après-midi, c'est à une séance de sécurité que nous convie l'officier. Cela me rappelle les exercices-feu que l'on avait à l'école. Règle n° 1 : ne jamais fermer sa cabine à clé. Dans la salle vidéo, les quatre autres touristes (mais s'agit-il vraiment de touristes ?) et moi-même écoutons les explications du lieutenant. En cas de naufrage, tel officier doit faire ceci, l'autre cela. Si l'on a le temps, s'habiller le plus chaudement possible, superposer les épaisseurs quitte à ressembler à un bibendum. Le capitaine sera le dernier à partir. Aux passagers, en fait, il n'est rien demandé d'autre que de sauver sa peau. Puis toute la troupe entre dans un canot insubmersible au design surréaliste. On doit tellement avoir peur quand on monte là-dedans pour de vrai, que l'on doit oublier l'odeur qui y règne. Du moins, je l'espère. Je remonte dans ma cabine. Je ferme les paupières et je m'entends me souhaiter un " dors bien' " presque inaudible. Quelques secondes après, je ne contrôle plus rien. Je suis déjà partie au pays du sommeil.

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Texte : Sibylle Eschapasse

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