A bord, avec l’équipage…

De force 7, nous sommes retombés comme un soufflé à une force 3 qui me convient beaucoup mieux. Je n'ai finalement pas vomi. N'etait-ce pas un vrai mal de mer ou ces chewing-gums sont-ils vraiment efficaces ? Je ne sais pas. Je me sens d'attaque aujourd'hui. Un beau ciel bleu. Une mer beaucoup plus calme. Je m'installe dès le matin sur ma chaise longue à regarder des cartes de Manhattan et de Brooklyn pour en comprendre l'organisation. L'Atlantique fait peut-être 3 000 m de profondeur à certains endroits et je peux dire, sans mentir, que je m'y suis baignée. Seule dans mes 20 m3 d'eau de mer, nager dans une eau prélevée au milieu de l'océan, à l'intérieur d'un bateau qui navigue, me dépayse complètement. Vitesse de navigation constante. Activités identiques aux autres jours. Rien de nouveau.

Le vent forcit à nouveau. Force 6. Je ne me risque pas à retourner cette fois-ci sur le pont inférieur, et me mets, à l'inverse, sur le pont supérieur. Tout là-haut, je me dis que je serai protégée. La mer n'est pas plate, mais cela est supportable. Je ne peux malheureusement pas rester longtemps, car un grain nous tombe sur la figure. Il est arrivé à une vitesse incroyable et, le temps que je redescende les escaliers très raides pour regagner ma cabine, me voila complètement mouillée. C'est, sans doute, cela la mer. Une succession d'imprévus. Je m'occupe donc à l'intérieur. Je fais une partie de ping-pong avec plusieurs officiers. Avec le tangage du bateau, je trouve cela assez original. Je discute également avec le cuisinier. Il me montre les réserves de nourriture. Cela me paraît démesuré. Puis, je visite les salles de machines au sous-sol. Là, d'énormes moteurs tournent vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dans un bruit infernal. C'est le cœur du navire. Le chef ingénieur me donne un casque qui atténue le vacarme général. La chaleur y est accablante et les vibrations y sont telles que mon corps tout entier vibre aussi. J'imagine le quotidien de ces officiers qui s'y trouvent toute la journée.

Je remonte après avoir fait le tour de tous les niveaux et vais dans la salle à manger. Le dîner est rapide. Nous avons une soirée avec l'équipage. C'est l'anniversaire d'un lieutenant. Musique, karaoké, nous dansons au milieu de nulle part. Sur vingt-cinq personnes à bord, vingt-quatre sont présentes. Seul un officier est de quart sur la passerelle. L'ambiance est très bon enfant. L'équipage a le rire facile et s'amuse bien. Nous ne sommes plus qu'à 763 milles de New York. Une journée et demie de mer.

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