En Patagonie

Le monde du silence : la péninsule Valdés

Le monde du silence : la péninsule Valdés
Bénédicte Bazaille

Nous entrons en Patagonie par la côte argentine. À notre arrivée fin novembre, quelques dizaines de baleines traînent encore dans la baie de la péninsule Valdés. En septembre-octobre, on en recense jusqu’à plusieurs centaines. C’est ici qu’elles sont venues roucouler au printemps dernier, c’est ici qu’elles reviennent mettre bas au bout d’un an. Elles vont y rester six mois, le temps pour le petit baleineau (de 3 tonnes pour près de 5 m de long à la naissance) de s’endurcir pour affronter le voyage vers le sud. Ce sont des « baleines franches australes », surnommées ainsi pour leur caractère particulièrement affable. Malgré leur petite trentaine de tonnes, elles n’ont pas de dents et se nourrissent exclusivement de plancton et de krill de quelques centimètres. Tellement inoffensives, voire candides, que les baleiniers n’avaient qu’à s’approcher pour les cueillir. C’est aujourd’hui une espèce protégée, les bateaux de touristes ont remplacé les bateaux de pêche, et elles continuent à leur réserver le même accueil chaleureux : sauts périlleux, poiriers, saltos arrière et révérence de la queue... un spectacle à couper le souffle. Subjugués par ces acrobates de plusieurs tonnes, nous nous offrons un tour au crépuscule, en petit comité… le petit zodiac blanc flirte avec les baleines, nous sommes sans voix quand elles glissent en silence sous notre coquille de noix, ou sortent lentement la tête, gigantesque, à deux ou trois mètres seulement de notre embarcation... Qui observe qui ?

Même si les baleines jouent les vedettes, il y a bien d’autres curiosités à Valdés, notamment une des rares colonies d’éléphants de mer de l’hémisphère sud. Fin novembre, la saison des amours n’est déjà plus qu’un souvenir, les mâles ont filé et les femelles ronflent ventre à l’air sur le sable… On peut les trouver particulièrement amorphes, mais il faut leur rendre justice. Elles arrivent à Valdés en septembre pour donner naissance à un bébé de 30 kg, qui va engraisser de 3,5 kg par jour pendant l’allaitement. Au bout d’un mois, le petit est autonome, et la mère peut donc… réintégrer joyeusement un des « harems » et se laisser à nouveau féconder par un mâle frôlant les 3 tonnes, avant de retourner en mer se refaire une santé... Sur la péninsule, les éléphants côtoient les lions de mer, leurs cousins catégorie poids « plume » (dix fois moins lourds). Plutôt ignares sur le sujet, nous nous rapprochons des visites guidées pour apprendre à les différencier. En réalité, ils ne sont pas cousins du tout : les lions de mer, qui se dandinent sur leurs pattes avant, sont des otaries, et les éléphants de mer, qui se traînent à plat ventre, des phoques ! On prend note...

Il faut malheureusement quitter la péninsule. Mue par un pressentiment et un entêtement typiquement féminin, j’insiste pour retourner une dernière fois à la Caleta Valdés. L’argument est faible (excusez du peu !), mais nous faisons quand même les 80 km de piste… et là, au détour d’un virage, que voyons-nous sortir de la lagune… des orques ! Bon, je n'en rêvais pas depuis ma prime jeunesse, mais il faut savoir que pour un voyageur à Valdés, les orques, c’est un peu le Graal… Profitant de la marée, elles se jettent parfois sur les plages pentues de la Caleta pour attraper les petits lions de mer, et le spectacle est aussi rare que fascinant ! Nous ne verrons pas d'assaut, mais deux silhouettes noires et blanches glissant silencieusement à quelques mètres des lions de mer alanguis... On en frissonne encore !

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Texte : Bénédicte Bazaille

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