Guatemala, sous le signe du volcan
Antigua, le charme de la destruction
Le prix Nobel de littérature guatémaltèque, Miguel Angel Asturias, a le sens de la formule. Il écrit : « La violence tellurique de notre continent nous a enseigné le charme de la destruction ». La phrase ne pourrait mieux s’appliquer qu’à cette cité d’Antigua, débordant autant de charme que de ruines... Étonnant lieu où se côtoient et se juxtaposent monastères détruits et reconstruits, églises aux stucs éparpillés ou aux ors resplendissants, témoins altiers du passé et souvenirs oubliés.
Piqueté en son cœur d’une fontaine aux sirènes, symbole de la ville, le Parque Central est bordé d’arcades élégantes. Cette ancienne Plaza de Armas connut il y a longtemps le prestige des corridas et des tournois. En des heures moins joyeuses, on y exécuta les condamnés. On vient aujourd’hui y prendre le frais, à l’ombre des arbres, à l’heure où les écoliers en uniforme rentrent chez eux.
Autour, les bâtiments baroques prennent des airs trapus : les architectes coloniaux ont réinventé pour Antigua un style qui se voulait capable de résister aux secousses épisodiques... Sur la place, seule la façade du Palacio de los Capitanes est antérieure au grand séisme de 1773. La cathédrale elle-même a été rebâtie plusieurs fois et les vestiges de son luxueux intérieur baroque transférés dans son alter ego de Guatemala City. Maldición !
Texte : Claude Hervé-Bazin
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