La Rocinha de Rio de Janeiro, l’autre visage des favelas
Instructif, pédagogique et sans tabou
Pour répondre à leurs attentes, Favela Tour mise sur la qualité et la richesse
des informations fournies lors de la visite par l’un de ses six guides. Tous
sont professionnels et suivent une formation complète avant de gérer un groupe
tout seuls. Sidharta, dans l’équipe de Marcelo depuis 2002, a déjà vingt
années d’expérience derrière lui. Volubile et dynamique, il explique dans un
anglais parfait les données sociétales, urbaines, politiques et religieuses
de la Rocinha et de la société brésilienne.
On apprend que le trafic de drogue qui fait vivre les favelas en entretenant
le pouvoir des caïds est destiné aux classes moyennes et aisées. Que l’espérance
de vie de 90 % des chefs de gang ne dépasse pas 25 ans. Que le premier
gang de Rio, le Comando Vermelho, est né pendant la dictature lorsque des criminels
ont été détenus avec des prisonniers politiques à Ilha Grande, et y ont appris
les méthodes de guérilla. Aucun sujet n’est tabou, ni le rôle des caïds dans
la redistribution des bénéfices de leurs méfaits, ni la corruption de la police.
Cette franchise a d’ailleurs valu à Favela Tour d’être rayée en 2002 de
la liste des agences recommandées par l’office du tourisme de Rio.
On apprend aussi que, partout au Brésil, le vote (informatique) est obligatoire
sous peine de devoir payer une amende, de perdre ses droits à la sécurité sociale,
l’accès à l’école publique ou son passeport. Que le projet Favela Bairro a instauré
la signalisation des rues, un moyen d’éviter les discriminations : « Avoir
une adresse facilite l’accès à un emploi, à un compte en banque et protège contre
les délocalisations informelles sans compensations », précise Sidarta.
Texte : Cerise Maréchaud
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