La Rocinha de Rio de Janeiro, l’autre visage des favelas
Une comunidade laborieuse et citoyenne
Ces touristes minoritaires découvrent la Rocinha telle qu’elle est : grouillante
de vie, laborieuse et festive, organisée derrière une apparente anarchie. Ronflements
de mobylettes, odeurs de maïs grillé, étalages de fruits, vendeurs de bricoles
électriques, volaille suspendue, vacarme d’une animalerie, fumées s’échappant
d’un lanchonete (restaurant), salles de jeux, églises évangéliques… « La
Rocinha contient tout ce qu’on peut imaginer », résume Marcelo Armstrong.
C’est une mosaïque où vivent chauffeurs de bus, travailleurs domestiques, personnels
hôteliers, gardiens d’immeuble, professeurs, étudiants étrangers, travestis,
chômeurs…
La Rocinha est aussi la plus développée des favelas de Rio, grâce au statut
de bairro (quartier) reçu via le projet gouvernemental Favela Bairro
lancé en 1994. A l’époque, les autorités brésiliennes voulaient intégrer
les favelas au reste de la ville en les équipant d’infrastructures. À la Rocinha,
on trouve quelque 1 200 commerces, deux banques, des cybercafés, un
supermarché, une académie de samba, une télé (TV Roc) et deux radios
communautaires, trois journaux locaux, huit centres de santé… Sur le sol, des
plaques d’égout ; en l’air, des amas de câbles électriques. La collecte
des ordures et la levée du courrier sont assurées, certes imparfaitement, par
la ville. Trois lignes de bus desservent le quartier. Une étude de la télévision
locale a constaté qu’un quart des habitants possèdent une carte de crédit et
90 % un téléviseur. Le samedi soir, les jeunes se retrouvent pour le baile
funk – une sorte de rap aux paroles très crues – qui est la musique
de prédilection des favelados. Et, depuis quelques années, des concerts
d’artistes connus – comme Gilberto Gil – se tiennent au dépôt de bus.
Texte : Cerise Maréchaud
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