La Rocinha de Rio de Janeiro, l’autre visage des favelas
La Rocinha, la plus grande favela du Brésil
À flanc de colline, un enchevêtrement de bâtisses inachevées grimpe comme un
lierre de briques ocre. La Rocinha étale le dédale de ses ruelles bétonnées
et abruptes. Avec près de 60 000 habitants (et non 150 000 comme
le prétendent certains médias sensationnalistes…), c’est la plus grande des
750 favelas que compte Rio de Janeiro, mais aussi du Brésil. Même la titanesque São Paulo
ne rivalise pas, en proportion, avec Rio : plus d’un Carioca
sur cinq est un favelado.
Mais un favelado est d’abord un Brésilien, qui célèbre la Copa do Mundo
et vote pour ses représentants. En ce matin d’août, cela saute aux yeux dans
les rues commerçantes de la Rocinha : à cinq mètres au-dessus du sol s’agitent
encore les fanions verts et jaunes suspendus en juin pour défendre la Seleçao
en Allemagne. Sur les façades, des affiches tape-à-l’œil arborent les portraits
souriants des candidats aux élections législatives d’octobre.
Un siècle après les premières constructions clandestines des favelas, suite
à l’abolition de l’esclavage au Brésil (1888) et à l’exode rural, les motos-taxis
filent à toute allure dans les allées principales ; une femme se teint
les cheveux dans son entrée, des meninas (les petites filles) révisent
sur leur palier et un groupe de jeunes se passe le ballon avec une nonchalante
maîtrise. Mélange d’oisiveté et de suractivité, la Rocinha est aussi le temple
du recyclage : brique, aluminium, plastique, pneu. « Il faut un
sacré savoir technique pour éviter que tout ne s’effondre », explique
Sidharta, guide de Favela Tour.
Texte : Cerise Maréchaud
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