La Rocinha de Rio de Janeiro, l’autre visage des favelas
« Pas seulement la misère et le crime »
Créée en 1992 par Marcelo Armstrong, 36 ans, Favela Tour est la première
agence brésilienne à accompagner des touristes dans ces quartiers honnis des
Cariocas qui n’y vivent pas. Pour atteindre la Rocinha, au sud de la ville,
le mini-van se faufile entre taxis jaunes et onibus pressés le long des
plages de Copacabana, Ipanema et Leblon, avant de prendre la sinueuse route
de Gavea, gardée par un barrage policier.
En haut, à un jet de pierre de la Rocinha, se trouve le quartier riche de São
Conrado, son école américaine à 2 000 reais par an (750 €) et
ses villas cossues. On aperçoit d’ailleurs celle du célébrissime chirurgien
esthétique Yvo Pitangui lors d’un premier arrêt à l’entrée de la favela. Ces
contrastes sont propres à la société brésilienne, mais aussi à l’urbanisation
typique de Rio de Janeiro, car les favelas y sont construites sur les morros (collines)
en plein cœur de la ville et non en périphérie. L’un des objectifs de Favela
Tour est de souligner à quel point ces contrastes sont aigus à Rio.
Autre objectif : briser les stéréotypes en vigueur. « La favela
ne se réduit pas à la violence, à la misère et au crime », insiste
Marcelo Armstrong, pionnier du tourisme social, dont le concept a été copié
depuis. « Il existe actuellement cinq agences à Rio qui proposent ce
genre d’itinéraire, mais de nombreuses autres le font non officiellement. »
Actuellement, Favela Tour guide environ 750 touristes par mois. La demande
va crescendo, bien que ce tourisme ne dépasse pas encore les 5 % des quelque
2 millions de touristes annuels de Rio.
Texte : Cerise Maréchaud
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