Costa Rica, les parcs de la côte des Caraïbes

Costa Rica, les parcs de la côte des Caraïbes
Roca Manzanillo © Simon Dannhauer - stock.adobe.com

Le plus beau patrimoine du Costa Rica ? La nature ! Les parcs nationaux, réserves naturelles et zones protégées y pullulent sur les côtes du Pacifique et des Caraïbes, ainsi que sur la haute cordillère centrale hérissée de volcans.

Moins fréquentée, plus authentique, la façade caraïbe, qui compte peu de lagons de rêve, égrène des parcs naturels parmi les plus attachants du pays. Nos préférés sans doute.

Entre musique calypso, population rasta et cris glaçants de singes hurleurs, la côte caraïbe du Costa Rica se revêt de vert profond plutôt que de bleu azuréen. Une destination authentique et naturelle, loin des clichés.

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Tortuguero, la Petite Amazonie

Tortuguero, la Petite Amazonie
Village de Tortuguero © Kenneth Vargas - stock.adobe.com

Tortuguero ! Le nom sonne comme une aventure de pirates sur fond de sable gris ourlé de cocotiers et de mangroves, dont les eaux sombres se troublent d’ondoiements inquiétants. Un lieu où la mer des Caraïbes marie le brouhaha continu de ses rouleaux limoneux aux bruissements d’une jungle touffue. Ses habitants à poils, à plumes, à écailles ou à mandibules, y cymbalisent, crissent, grognent, hurlent parfois, même !

Cette île côtière, située au nord-ouest du Costa Rica, s’étire de toute sa langueur entre palmes et canaux marécageux. L’atteindre est une aventure en soi, nécessitant une navigation fluviale en lancha à la Tintin (après deux bus depuis San José), sur des bras de rivières bordés tantôt de marécages, tantôt d’une impénétrable végétation. Des caïmans s’y font dorer au soleil, sur les rives, attendant qu’une proie passe à portée de leurs puissantes mâchoires.

Juchés sur des racines et des troncs d’arbres morts, tortues et iguanes observent impassiblement le passage des lanchas, ces longs bateaux à fond plat. Les hérons, les martins-pêcheurs et les aigrettes prennent leur envol dans de gracieux battements d’ailes gris cendré, bleues, blanches...

Après une heure à sinuer entre les branches basses et les bananiers sauvages, les iris d’eau et les troncs à la dérive, on atteint enfin le village de Tortuguero, épicentre de cette « Petite Amazonie ».

Excursion en bateau - Tortuguero © roca83 - stock.adobe.com

Le temps et le développement touristique n’ont guère eu raison de l’ambiance du hameau de Tortuguero, aux rues pavées de sable, où se côtoient natifs et touristes. La vie y est rythmée par le cycle des explorations pleine nature, dans un environnement isolé et sauvage.

Dès le point du jour, barques et kayaks appareillent sur les canaux fluviaux, à la découverte d’une riche faune comptant 440 espèces d’oiseaux, 140 de mammifères et 120 de reptiles. Dont le lézard Jésus-Christ, si rapide et léger qu’il court littéralement sur l’eau.

L’une des vedettes de cette fantasia est la gracile rainette aux yeux rouges, que le guide-batelier se plaît à dénicher dans un embrouillamini de feuillages. Ce batracien a la particularité d’être vêtu d’une robe vert fluo à faire pâlir d’envie un stylo surligneur. D’adorables pattes à ventouses jaune-orangé et de grands yeux rouges complètent la tunique de cette grenouille exotique.

C’est à la fraîche que l’on observe au mieux cette vie foisonnante qui se tapira ensuite sous les ombrages, au plus chaud de la journée.

Tortue marine sur la plage de Tortuguero © Kenneth Vargas - stock.adobe.com

Mais la véritable star de l’île, c’est la tortue marine. Depuis des millénaires, entre mars et octobre, ces sprinteuses des mers quittent les eaux chaudes des Caraïbes pour se hisser péniblement sur la longue plage de sable de Tortuguero. Un défilé de tortues vertes, tortues carey et même quelques rares tortues luths, les plus grosses au monde.

L’exercice auquel elles se livrent tient de l’acte de bravoure. Celles qui évoluent dans l’eau avec la grâce de danseuses étoiles, se traînent péniblement sur la grève pour enterrer leurs chapelets de 80 à 120 œufs juste au-dessus de la ligne de démarcation des marées. Ce parcours du combattant s’effectue au cœur de la nuit afin de préserver leur ventre d’un sable chauffé à blanc en journée. Elles confectionnent des trous factices, histoire de tromper les prédateurs, puis s’en retournent, épuisées, à la mer.

Leurs rejetons pointeront le bec 45 à 70 jours plus tard. Étonnamment, leur sexe dépend de la profondeur à laquelle l’œuf a été enfoui : en surface, dans un sable plus chaud, ce sont les filles ; plus profond, au frais, les garçons. Dès la sortie de l’œuf, mal protégées par une carapace encore molle, les petites tortues sont la proie des oiseaux marins. Leurs débuts de nageuses ne sont pas moins cruels, attendues au tournant par des nuées de prédateurs friands de ces bébés sans défense. On évalue à 5 % celles qui survivront à la première journée et un pour mille atteindront l’âge adulte !

Le + de routard.com :

Des excursions guidées permettent d’observer cette ponte sans la perturber : on ne touche pas, on ne flashe pas, on privilégie les vêtements sombres. Les jours de pluie, on pourra aussi visiter le conservatoire de la tortue de mer. Pas vraiment décoiffant… En période de ponte, les éclairages urbains du village sont coupés, car ils désorientent mesdames tortues lorsqu’elles sortent de la mer. Par ailleurs, l’accès nocturne à la plage est strictement interdit en dehors des excursions guidées.

Cahuita, plongée pleine nature

Cahuita, plongée pleine nature
Forêt et randonneuse à Cahuita © Dudarev Mikhail - stock.adobe.com

Coincée entre playa negra et playa blanca au sud de la côte Caraïbes, Cahuita laisse le sablier du temps s’écouler en noir et blanc. Noir et blanc comme les dominos des anciens, engagés dans des parties acharnées à la terrasse d’un bar ou sur un banc de la plage. Noir et blanc comme le sourire édenté de vieux rastas qui marquent son âme 100 % caraïbe.

Caraïbes, aussi, ses maisons délabrées de style gingerbread, son parler créole entremêlant une rasade d’anglais, deux doses d’espagnol et un soupçon de dialecte africain, et ses fresques murales à la gloire de la musique calypso.

Cahuita - capucin © Matyas Rehak - stock.adobe.com

Juste au sud du village, une tache verte de 1 068 ha de forêt tropicale et de mangrove tatoue la carte du pays, complétée d’une tache bleue couvrant 22 400 ha de mer, dont 600 dédiés au massif corallien le mieux préservé de cette côte : le parc national de Cahuita. Lacez vos chaussures de rando et enfilez vos masques et tubas !

Depuis l’extrémité du village, un chemin végétal s’enfonce dans la forêt littorale. En quelques centaines de mètres, on quitte le monde des hommes : entendez-vous ce silence ? On y croise de drôles de pensionnaires : pavones (sortes de paons sauvages), agoutis (des rats musqués hauts sur pattes) et porcs-épics. D’adorables coatis dressent la queue, telle un périscope. Capucins joueurs et singes araignées aux membres démesurément longs émaillent aussi la balade. En levant le nez, on déniche du regard des paresseux. Gros avantage, ces recordmen de lenteur ont une vitesse de pointe de 10 m/h… ça facilite le shooting photo !

Cahuita - playa blanca © Simon Dannhauer - stock.adobe.com

Par endroits, le chemin rejoint le sable immaculé de la longue et superbe playa blanca, frangée de cocotiers et d’amandiers de mer. Un panneau précise qu’il est interdit de nourrir les crocodiles : ce n’est pas le moment de pousser grand-mère dans la mangrove ! De bouquets géants de bambous en lianes entrelacées, les essences bordent le chemin sablonneux.

Certains arbres biscornus semblent avoir changé 1 000 fois d’avis pour élancer leur ramage vers la lumière. Campés sur d’impressionnantes racines qui lézardent les eaux dormantes des marécages, ces sangrillos (kawe en indien natif) marquent la terre à laquelle ils ont donné leur nom : Kawe Ta (Cahuita), littéralement la pointe des sangrillos.

Cahuita - snorkeling © dam - stock.adobe.com

Et justement depuis la punta Cahuita, on voit clairement les brisants surligner la barrière de corail d’un long collier d’écume, à 200 m du rivage. Mais attention, avant de sortir les masques, il faut impérativement être accompagné d’un guide pour nager dans ces eaux protégées (y compris en simple apnée).

Sur fond de coraux, on découvre un aquarium multicolore où s’ébattent des tortues marines, mais aussi d’étonnants poissons-papillons à quatre yeux : deux taches à l’arrière de leur corps étant destinées à tromper les prédateurs ! Avec un peu de chance, on assiste au vol majestueux de raies manta parmi les requins (inoffensifs, précisons) et autres barracudas.

Le + de routard.com :

L’entrée du parc depuis le village est gratuite (donation appréciée), tandis que celle de Puerto Vargas, située à 4 km sur la route de Puerto Viejo de Talamanca, est payante (5,65 $ pour les non-Costaricains).

Puerto Viejo de Talamanca, odyssée au pays du calypso…

Puerto Viejo de Talamanca, odyssée au pays du calypso…
Puerto Viejo de Talamanca - surf © jbphotographylt - stock.adobe.com

Au sud de Cahuita (30 min de bus), Puerto Viejo de Talamanca est le plus touristique des bourgs de la côte caraïbe. S’il demeure très agréable à vivre, il a perdu en authenticité avec ses multiples bars, restos et sa myriade d’hébergements en tous genres. Mais son ambiance hyper cool, très rasta-bobo-calypso lui conserve un côté attachant.

La grande spécialité des environs, c’est le surf. Les pros de la glisse iront tâter la fameuse vague Salsa brava à l’est du village. Les autres profiteront de leur passage pour visiter une belle initiative de préservation de la faune sauvage, le Centro de Rescate Jaguar.

On doit ce centre à un couple hispano-italien qui a posé les valises ici en 2008. Tous deux étant biologistes, les habitants leur ont amené un animal sauvage blessé, puis un second et la machine à recueillir, soigner, réintroduire dans la nature était enclenchée. Car l’objectif du centre n’est pas de garder les animaux à vie dans un enclos.

Par roulement, donc, le centre recueille un millier de pensionnaires (en 2023, 530 mammifères, 260 oiseaux et 170 reptiles), comme Xai, une biche de Virginie (c’est aussi l’animal qui illustre le billet de 1 000 colones), les paresseux Abba et Mama Mia (humour…), toutes deux amputées d’un membre après s’être agrippées à des lignes électriques, ou Diavolino, un adorable chat sauvage qui a méthodiquement décimé une basse-cour lors de sa première « perm’ » !

Chaque animal bénéficie d’un espace adapté. Par ailleurs, le centre possède un hôpital et un grand territoire de semi-liberté où certains pensionnaires sont lâchés par roulement. Malheureusement, malgré la loi costaricaine interdisant la chasse, le braconnage y est pratiqué par quelques aigrefins : les pécaris en sont donc privés, pour leur éviter de finir en pâté de sanglier !

Le + de routard.com :

Les volontaires du centre commentent cette visite passionnante. Leur message instructif va bien au-delà du seul centre Jaguar. Et comme l’équipe accueille des stagiaires de tous horizons, des tours sont régulièrement assurés en français.

Manzanillo, dernière étape avant le… Panamá

Manzanillo, dernière étape avant le… Panamá
Manzanillo © Simon Dannhauer - stock.adobe.com

Manzanillo, à 30 min au sud de Puerto Viejo de Talamanca, est un minuscule village au goût de confins du pays, la frontière n’étant qu’à une dizaine de kilomètres à vol d’oiseau. Vu du ciel, rien plus que 4-5 rues, une poignée de toits en tôle, un clocher, l’émeraude de la mer et le vert de la jungle.

Une petite pépite y attend les amateurs de vie sauvage : le refuge naturel de vie sylvestre Gando-Manzanillo, que la mangrove chamaille aux marées. Il couvre environ 50 km² sur terre, autant en mer, et abrite une faune particulièrement riche allant du gracieux morpho, cet immense papillon aux ailes d’un bleu hypnotique, jusqu’au tapir, une sorte de sanglier au nez allongé. Celui-là même qui renverse le capitaine Haddock dans Le Temple du Soleil !

Roca Manzanillo © Klixe - stock.adobe.com

La végétation dense abrite également des fourmiliers, volontiers endormis à califourchon sur une branche ; des singes hurleurs, dont le cri vous glace sur place – le plus puissant au monde dit-on ! –. Coqueluches du pays, les paresseux hantent aussi ces vertes frondaisons. Vertes comme le billet de 10 000 colones qu’ils illustrent. Dans les airs, des couples d’aras verts, rares dans le reste du Costa Rica, le disputent aux élégantes frégates et aux escadrilles de pélicans qui rasent avec délicatesse la crête des vagues.

Pour ne rien gâcher au plaisir de cette découverte animalière, les vallonnements de la côte donnent plein de charme à Manzanillo. Le sentier fait alterner le couvert touffu des arbres avec des criques de toute beauté. Allez, même si la carte postale est devenue un objet d’antiquité, on les collectionne ici. Avec, en point d’orgue, la superbe roca Manzanillo : une aiguille de calcaire dressée hors des eaux turquoise et surmontée d’un arbre. Les photos vont encore fuser !

Le + de routard.com :

Plus encore qu’ailleurs sur la côte, prévoir de bonnes chaussures. Les sentiers dans la réserve sont très argileux et glissants.

Fiche pratique

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Lire aussi Costa Rica : quels animaux voir sur la côte Caraïbes ?

Comment y aller ?

Vols directs Paris-CDG-San José avec Air France. Trouvez votre billet d’avion. Depuis San José, la côte caraïbe se rejoint en bus (compter 4 h 30).

Parcs et réserves

Ils sont gérés par la SINAC. Paiement obligatoire par CB et réservation des créneaux de visite très à l’avance (surtout en saison).

À Tortuguero : entrée 15 $ (adulte), 5 $ (enfant) ; visite guidée 35 $/pers (2 h 30 en bateau), 20 $/pers (2 h à pied), 35 $/pers (2 h, observation des tortues).

À Cahuita : entrée gratuite au village (donation bienvenue). Guide 25-30 $/pers pour 1 h 30-2 h.

À Manzanillo : entrée gratuite (donation bienvenue).

Centro de Rescate Jaguar : entrée 24 $.

Playlist

Dr Bombodee, roi local du calypso à la voix rocailleuse qui illustrera vos étapes… « Rumba en Cahuita », « National Park », « Manzanillo », « Going to Bocas »… Une perle musicale caribéenne !

Bonnes adresses

– Casa Marbella : à Tortuguero. En face de l’église, plantée au bord de l’eau, cette maison jaune aux fenêtres bleues compte des chambres aux tons blancs et boisés. Les plus belles jouissent d’une jolie vue sur le canal. Doubles 40-65 $.

– El Patio de Tortuguero : dans la rue principale, à Tortuguro. Trois espaces dont une plateforme tanguent au rythme du passage des bateaux, les yeux braqués sur le canal. Jolie carte aux mains d’un service diligent. Dortoir 15 $ ; double 40 $.

– Alby Lodge : à Cahuita. Au sud du village, ce beau jardin tropical de 2 ha abrite 4 cabanes traditionnelles sur pilotis, lumineuses, fraîches et très séduisantes. On aime bien le toit en feuilles de palmier, le mobilier tout en bois et le calme du jardin, à 200 m seulement du parc. Double 60 $.

– Las Olas : à Cahuita. la référence de Cahuita en matière de poisson grillé, poulpe sauce piquante, crevettes à l’ail ou langouste (à très bon prix). La réputation de la maison n’est plus à faire. Belle ambiance romantique en soirée. Prix moyens.

– Reggae Bar : playa Negra, à env 1 km sur la piste au nord de Cahuita. Cette grande cabane recouverte de feuilles de palmier abrite un bar caribéen, tendance jamaïcaine (même les cocotiers ont été peints aux couleurs rastas !). Ambiance à la cool et super cocktails. Des groupes de reggae et calypso s’y produisent : vous allez vous « reggaeler »…

– Hotel Pura Vida : dans le centre-ville de Puerto Viejo de Talamanca et pourtant en pleine nature, cet hôtel propose des chambres avec balcon ou terrasse, étonnamment vastes et décorées avec goût : bref, on s’y sent bien ! Doubles 45-65 $.

– Salsa Brava Rasta Bar : assis les pieds dans le sable face à la mer à Puerto Viejo de Talamanca, un cocktail ou une bière fraîche à la main, on adopte vite le rythme rasta de ce bar. Si vous cherchez une définition à l’expression Pura Vida, c’est peut-être ici que vous la trouverez !

– Cocoloba Lounge : à Manzanillo. Agréable petite terrasse, avec toit en tôle et bambou, quelques tables en bois dépareillées et tabourets hauts devant le comptoir face à la mer, voilà pour le décor. Au programme, de bons jus de fruits frais, ceviches, gallo pinto, quelques plats du jour... Le tout servi avec le sourire et de la bonne musique. Prix moyens.

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Texte : Fabrice Doumergue

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