Etosha, paradis du roi lion
Exaltation et chair de poule
Les gens osent à peine se regarder, mais chuchotent de temps à autre. On n’avait
jamais entendu le rugissement du lion. On n’avait jamais vu un lion, et sa jolie
crinière en bataille. On n’avait jamais vu deux rhinocéros noirs se battre en
duel. On n’avait jamais vu une girafe se pavaner devant deux lionnes, juste
pour le plaisir. Beaucoup se disaient d’ailleurs après coup qu’ils n’avaient
jamais vu une girafe aussi stupide. Peu importe, la magie d’réserve naturelle à Etosha est là :
un gigantesque zoo, les cages en moins. Et cette différence de taille :
ici, ce sont les animaux qui font la loi. Aucun visiteur n’a été attaqué au
sein d’un des campements du parc, et la probabilité est évidemment infime qu’un
léopard saute un jour par-dessus le muret qui le sépare des tentes et des chalets.
Le fait de savoir que c’est techniquement possible rend néanmoins l’expérience
encore plus exaltante. Rien qu’à l’idée de voir sa Jeep renversée par un des
nombreux éléphants de la réserve, on a la chair de poule, mais on aime ça. Dans
certains pays, la nature a gardé ses droits. S’inviter dans la brousse devient
tout à coup un privilège.
Il faut d’ailleurs croire que tout cela n’a pas de prix. Pour preuve, le personnel
du parc affirme qu’Etosha devient au fil des années une des destinations touristiques
les plus populaires d’Afrique australe. Certaines familles namibiennes y passent
un mois de vacances tous les hivers. Excepté le buffle, tous les animaux qui
font la carte d’identité de la faune africaine y sont présents. Qui s’étonnerait
alors que l’on aime à ce point y revenir, inlassablement ? Personne. Les
plaines infinies de la savane africaine n’offriront jamais deux fois le même
spectacle.
Texte : Fabien Rouschop
Mise en ligne :