Etosha, paradis du roi lion
Rugir de plaisir
Carte postale grandeur nature, le campement d’Okaukuejo est situé à mi-chemin
entre l’est et l’ouest de la réserve, légèrement au sud, au beau milieu de la
savane. Son fonctionnement est simple : camping ou chalet, électricité
à certaines heures et sanitaires disponibles à plein temps, le tout avec vue
sur la brousse. Un mini-village sous forme de campement familial, aux allures
de cité assiégée avec clôtures fortifiées. Installé au bord d’un des plans d’eau
naturels du parc, le visiteur a toutes les chances d’y apercevoir quelques animaux.
Après, c’est au petit bonheur la chance. Car l’Afrique choisit toujours quand
elle veut partager. On peut ainsi rester une semaine à réserve naturelle à Etosha sans même voir
l’oreille d’un zèbre.
Dès lors, tout est bon pour élaborer la meilleure des stratégies. Très en vogue
au mois de mai, la quête du cliché Prix Pulitzer en journée, à bord du 4x4 sur
les routes interminables du parc, et l’installation aux premières loges du plan
d’eau d’Okaukuejo, à la tombée de la nuit. Tout ça dans l’espoir d’un ballet
animalier à chaque fois inédit. Si l’on part du principe que la faune se moque
éperdument des humains, mieux vaut s’armer de patience. Il n’y a pas d’heure,
pas d’agenda, pas de rendez-vous dans ce milieu. Tout est réglé autour d’un
seul dénominateur commun : le rugissement du lion.
Il est un peu plus de 21 h... Il fait nuit noire et seuls les projecteurs
du camp éclairent le plan d’eau. On a été gâté jusqu’à maintenant. Une colonie
de zèbres, puis une girafe, deux rhinocéros noirs et deux lionnes ont célébré
le coucher de soleil les pieds dans l’eau. Les lionnes sont désormais au nombre
de huit, éparpillées autour du mini-lac. On croit rêver. Et tout à coup, comme
si ça ne suffisait pas, c’est le roi lion qu’on entend rugir. La terre ne tremble
pas, mais c’est tout comme. Le silence assourdissant qui régit la brousse africaine
renvoie comme en écho ce grognement rauque qui semble venir d’outre-tombe. Le
long du frêle muret de pierre qui sépare les campeurs du plan d’eau épié, il
n’y a plus un seul banc de disponible. Si le lion s’approche, il viendra s’hydrater,
c’est sûr. On ne raterait ce spectacle unique pour rien au monde.
Texte : Fabien Rouschop
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