Ma nuit dans un « capsule-hôtel » à Tokyo

La plus grande ville du monde. Et aussi la plus mal connue de la planète.

La plus grande ville du monde. Et aussi la plus mal connue de la planète.
Olivier Page

Au petit matin, je croise les sararymen partant pour le métro Akihabara, peignés, lotionnés, cravatés, attachés-cases à la main, l’air impassible et déterminé des combattants de l’économie mondiale. Toujours pas de femme en vue, sauf celle du réceptionniste. Telle est la règle de cet univers alvéolaire, futuriste et masculin. On y voit beaucoup de jeunes cadres qui ont raté le dernier métro, des employés gagne-petit qui préfèrent dormir ici que de passer une heure et demie dans le train de nuit pour gagner leur lointaine banlieue. Les capseru-oteru servent aussi de décompresseurs pour les anxieux, obsédés par leur emploi du temps et leur réunion au bureau le lendemain à l’aube. Arriver en retard au travail : grave source de stress nippon. Ceux qui n’ont ni femme ni famille peuvent également goûter aux joies de la capsule. Il y a aussi quelques SDF habillés comme des chômeurs en complet-veston. Question de dignité : au Japon on ne montre pas sa déchéance, on la cache. Rien pour se distraire, hormis des distributeurs de boissons et des jeux électroniques silencieux sur le palier à chaque étage. C’est tout. C’est fonctionnel. Moins cher que ça, c’est donc l’Auberge de jeunesse ou la belle étoile. Les clients n’y passent qu’une nuit, puis repartent à toute vitesse dans cette électro-ville cybernétique et sans limites. Tokyo est classée en 2001 comme la plus grande ville du monde. C’est aussi la plus mal connue de la planète.
Difficile de séjourner en touriste dans un capsule-hôtel. C’est d’abord une formule adaptée à ce pays au travail qui manque cruellement d’espace, une solution d’hébergement engendrée par le rythme frénétique de la vie dans la capitale. Impossible d’imaginer un capseru oteru en Europe. À la rigueur dans un aéroport, et encore ? Dans ma capsule hôtelière d’Akihabara, entre Ueno et Chiba, je me suis mis dans la peau d’un animal – un chien dans sa niche en Plexiglas –, dans celle d’un mort-vivant coincé dans un tiroir de morgue, d’une abeille dans son alvéole, d’un Hibernatus en survie artificielle. Le sentiment d’être un termite ou une fourmi dans la plus grande fourmilière du monde ne m’est pas venu à l’esprit. Parce que Tokyo n’est pas une capitale de fourmis, loin de là. Elle est surpeuplée, certes, mais habitée par des êtres qui savent rester humains sous des dehors impassibles, et malgré des rythmes inhumains aux yeux des Européens. Des êtres capables de se plier à des conditions de vie si étranges, si différentes de la lointaine Europe.

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Texte : Olivier Page

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