Le candélabre de Caron
Olivier Page

Pourquoi m’étais-je mis en tête de retrouver à tout prix un vieux candélabre en bronze du XVIIe siècle dans un archipel de plus de 127 millions d’habitants ? Je ne suis ni fétichiste ni antiquaire mais j’aime les objets car ils ont une âme et cachent une histoire. Après tout, d’autres cherchent bien le trèfle à quatre feuilles, la licorne légendaire, la pierre philosophale, le trésor des Incas ou le calice du Graal !
Le candélabre de Caron raconte un destin extraordinaire : celui de François Caron, un des premiers français à avoir approché le Japon et les Japonais. Avant lui, les pionniers portugais avaient été les premiers européens à découvrir l’archipel. Aventurier de confession protestante, François Caron (1600-1673) se mit au service de la VOC (Compagnie des Indes Néerlandaises). Il arriva au Japon en 1620, apprit le japonais, devint interprète, et épousa une japonaise (je comprends cet homme de goût). En 1639 le voilà nommé directeur du comptoir de Hirado (au nord-ouest de l’île de Kyushu). Fin diplomate, il négocia entre les Hollandais et le shogun Tokugawa Iemitsu qui ne souhaitait pas la présence des étrangers dans son pays. En 1640, il se rendit à Nikko, rencontra ce puissant shogun et lui offrit un superbe candélabre en bronze pour éclairer une des cours du palais où l’homme fort du Japon avait choisi de passer la fin de ses jours.
Riche et honoré, Caron quitta le Japon pour Taiwan (1647) et Batavia (actuelle Indonésie). Il finit par abandonner la Hollande pour servir la Compagnie française des Indes. Amsterdam cria à la trahison, mais le roi de France s’en félicita. Alors qu’il rentrait en France, arrivé en rade de Lisbonne (Portugal) aux commandes d’un bateau chargé d’un inestimable trésor, celui-ci s’échoua et coula. Caron a disparu dans ce drame emportant par le fond un trésor mais surtout une histoire fabuleuse. Heureusement, il a eu le génie d’écrire. Il nous a laissé une chronique de ses années japonaises, Le Puissant royaume du Japon, publié par les éditions Michel Chandeigne. Plus qu’un livre, c’est une machine à remonter le temps !
Parti de la gare tokyoite d’Asakusa, le train de la ligne Tobu ne met que 1 h 45 pour monter à Nikko, refuge de verdure au pied des montagnes. Enquêtant inlassablement pour le Routard, avec cette idée en tête - retrouver le candélabre - je m’adresse alors à un moine qui me dit : « le candélabre est presque derrière vous ». Quelques pas, et me voilà immobilisé comme si j’avais retrouvé le Graal ; le candélabre est bien là devant moi, me dominant de sa haute silhouette (plus de 3 m), dressé à la façon d’un arbre de Jessé aux branches multiples tournées vers le ciel. Il a traversé les siècles et les turpitudes de l’histoire, mais il est à peine oxydé par les ans. Mon cher candélabre ! Tu servais naguère à éclairer les hommes de ce palais. Tu ne sers plus à rien d’autre aujourd’hui qu’à réveiller les fantômes de celui qui te porta jusqu’ici à dos de mule ou de buffle…

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Texte : Olivier Page

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