Italie : les îles Éoliennes, de vent et de volcans

Italie : les îles Éoliennes, de vent et de volcans
Panorama depuis Vulcano © AlessandroDePol - Fotolia

Les Éoliennes ? Sept îles semées sur le bleu de la mer Tyrrhénienne, au nord-est de la Sicile. Sept volcans surgis des eaux au cours des derniers 200 000 ans au gré d’éruptions successives, cernés ici et là de flottilles d’îlots de basalte plus ou moins mangés par l’érosion.

Leur forme conique emblématique, leur alignement soulignant la fracture entre plaques continentales africaine et européenne en font des exemples d’archipel volcanique : l’Unesco les a, à ce titre, classées au patrimoine mondial de l’humanité.

À chacune sa personnalité et ses particularités : Vulcano et ses bains de boue sulfureux, Lipari et son château-acropole, Salina et ses vignes de malvoisie, Filicudi en marge du monde, Alicudi plus solitaire encore, Panarea la jet-seteuse et, bien sûr, Stromboli, la plus célèbre, où les forges terrestres continuent de rougeoyer dans la nuit tombante.

Cap sur des îles de rêve…

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Vulcano, un volcan à l’horizon

Vulcano, un volcan à l’horizon
© Frida&Diego - Fotolia

Il ne faut guère plus de 45 min à l’aliscafo (hydroptère) pour rallier le port sicilien de Milazzo à celui de Vulcano.

Avant même de débarquer, l’héritage volcanique des Éoliennes saute aux yeux : à bâbord se découpe un cône nu entaillé d’éraflures XXL. Cinq minutes plus tard, le bateau s’amarre au pied même du géant, où bourdonne la petite vie des îles : touristes en excursion, livraisons, arrivées et départs, Ape* vrombissant chargés de colis…

Inconscients, les vulcanari, ou amnésiques ? La dernière éruption, survenue en 1888, a pourtant duré 2 ans, lardant le village de bombes volcaniques atteignant 1 m de diamètre ! Les vulcanologues, eux, craignent le réveil de la bête : il serait fracassant, si on les en croit.

Sable noir, bains de boue et cratère

En attendant, insulaires et visiteurs profitent de l’extraordinaire plage de sable noir venue tapisser le littoral de l’isthme reliant l’île à la péninsule de Vulcanello – où se dressent les (petits) monstres de lave figée de la Valle dei mostri. Ceux que ne dérange pas l’odeur d’œuf pourri se plongent, sans trop respirer, dans les bains de boue bienfaisants proches du port, avant de se rincer dans la mer, où gargouillent des colonnes de bulles…

Et pourquoi ne pas grimper au sommet de la Fossa, le cratère ? Une simple balade de santé (45 min) à condition de s’y prendre à l’aube, avant que le soleil n’écrase tout de son implacable chaleur. Là-haut, émergeant des fumerolles et des tapis de cristaux de souffre, se dévoilent l’île de Lipari et les cônes jumeaux de Salina, comme posés sur la mer. Superbe.

* Ape : mini-utilitaire Piaggio conçu sur une base de Vespa !

Lipari, l’île capitale des Éoliennes

Lipari, l’île capitale des Éoliennes
© AMzPhoto - Fotolia

Voilà près de 10 000 ans que l’homme s’est établi à Lipari, attiré par ses gisements d’obsidienne, au tranchant si précieux en ces temps reculés où le métal était inconnu.

Amarré sur la côte orientale, le bastion-acropole de l’actuel castello a vu les civilisations se succéder, chacune laissant témoignage de son passage (empilés sur 9 m !).

Le grand Musée archéologique, installé dans le palais épiscopal, témoigne de cette histoire immémoriale, rythmée par le commerce antique (sacrée collection d’amphores !) et la passion grecque du théâtre. À côté, la cathédrale cache, sous sa belle apparence baroque, un petit cloître normand du 12e s, aux chapiteaux habités par d’étranges chimères.

Sur les chemins de Lipari

Dominant la ville et son lacis de ruelles, le castello veille sur deux ports antagonistes : celui de commerce (Marina Lunga), au nord, où accostent aliscafi et ferries ; celui des pêcheurs (Marina Corta), au sud, où des dizaines de barques se serrent à l’ombre des murs et de deux églises. La passeggiata, cette promenade vespérale italienne, y est un rite immuable.

Au-delà, une route tortueuse mène vers la station « balnéaire » de Canneto, étirée au long d’une longue plage de galets, puis aux anciennes carrières de pierre ponce entaillant le flanc est du monte Pilato.

Sur l’improbable Havana Beach, on se baigne dans des eaux turquoise rendues très lumineuses par les particules en suspension… au pied d’installations industrielles où sommeillent encore des cargaisons entières de ponce abandonnées !

Salina, de vignes et de sentiers

Salina, de vignes et de sentiers
© Claude Hervé-Bazin

Placée sous le signe de la dualité, Salina affirme de loin la puissance endormie de ses deux volcans formateurs, culminant à 962 m et 860 m.

C’est le plus souvent à Santa Marina que l’on aborde, une bourgade charmante noyée sous les lauriers-roses et les palmiers. Lingua, à 2 km au sud, a grandi autour de la saline abandonnée qui a donné son nom à l’île.

Malfa, atteinte par une strada tortueuse à loisir, niche ses maisons en ruines ou retapées au-dessus de la mer, entre la douce marée des vignes. On en tire une excellente malvoisie et un passito à l’onctuosité renommée, à déguster chez les producteurs. De là, il faut remonter, puis redescendre. À gauche, la route mène à Valdichiesa, Leni et enfin Rinella, un micro-port niché autour d’une plagette de sable noir.

Le lieu de tournage du film Le Facteur

À droite, une bifurcation se hisse jusqu’à la punta del Perciato, réputée pour son panorama, avant de dévaler en épingles à cheveux dans le chaudron éventré où se niche Pollara. Nimbé d’un cirque de montagnes, le hameau s’agrippe à un promontoire dominant la mer de 100 m : le rebord d’un ancien cratère effondré et à demi-submergé, affirment les volcanologues.

L’Anglais Michael Radford y a tourné Le Facteur, avec Philippe Noiret et Massimo Troisi, faisant du lieu une sorte de mythe. On y descend en pèlerinage (170 marches) à la crique étroite où les hangars à bateaux se creusent dans la falaise avant d’assister, chaque soir à 18 h, à la diffusion du film au snack-bar L’Oasi devant une bonne granita.

Filicudi, l'île du farniente

Filicudi, l'île du farniente
© EugeS - Fotolia

Filicudi, c’est un peu la cerise sur le gâteau des îles Éoliennes. Le digestif après le repas. Pourquoi y venir ? Pour rien. Précisément. Filicudi ne se démarque pas tant par la beauté de ses paysages ou le charme de ses quelques hameaux que par le calme qui y règne onze mois sur douze.

Qu’y trouve-t-on ? Sept kilomètres de goudron, pas davantage, contorsionnés en montées et descentes, virages et zigzags bien marqués. Filicudi est (très) accidentée : pour grimper du port aux deux hôtels de Rocca di Ciauli, à un jet de pierre, il faut compter 2,5 km par la route ou 15 minutes de sentier empierré, capable de vous arracher les poumons à chaque montée.

Plages et balades

Certains butinent de plage en plage. Pas de sable pourtant ici, rien que des rochers et des galets – glissants à Filicudi Porto, en tapis étroit à Pecorini Mare.

Les connaisseurs filent plutôt vers la Spiaggia d’Alle Punte, nichée sous le vent du cabo Graziano, sorte d’acropole naturelle où sommeillent les maigres vestiges d’un village de l’âge du bronze. On peut aussi prendre la mer, avec les biologistes de Filicudi Wildlife Conservation, pour tenter d’observer les tortues de mer et les baleines (un cachalot s’est échoué sur l’île en 2011 !).

Les plus actifs endosseront le sac à dos. Grimpant entre les murets de pierre sèche et les figuiers de Barbarie, le sentier rejoint le hameau abandonné de Zucco Grande, puis le point de vue de Ficarrisi. Panorama garanti sur La Canna, une colonne de basalte de 71 m surgissant des eaux – vestige d’une vieille cheminée volcanique dissoute par l’érosion.

Alicudi : les Éoliennes hors du temps

Alicudi : les Éoliennes hors du temps
© captblack76 - Fotolia

Si Filicudi semble loin, que dire d’Alicudi ? Exilé à l’extrême ouest de l’archipel, sur la route maritime de Palerme, ce gros caillou tout en pentes raides compte juste une grosse centaine d’habitants.

Qu’y font-ils ? Pas grand chose de plus qu’au siècle passé : vignes abandonnées (merci le phylloxéra, à l’origine d’une émigration massive vers l’Australie), ils pêchent, ramassent les câpres et, l’été venu, l’argent frais des vacanciers de retour…

Une île montagne

On n’arrive pas à Alicudi comme sur les autres Éoliennes. À peine descendu du bateau, l’île-montagne se dresse devant les yeux. À la rangée de bâtisses et de barques colorées longeant le rivage de galets répondent, plus haut, des poignées de maisons agrippées à la pente. Il n’est pas rare, ici, de compter 200, 300, 400, 500 marches et plus pour rentrer chez soi… Pour rejoindre la Chiesa del Carmine : on grimpe. Pour le cimetière, aménagé en deux terrasses étroites : idem. Pour San Bartolo, dans la Montagna : plus encore.

À force de grimper, on atteint parfois le sommet du Filo dell’Arpa, perché à 675 m. L’endroit idéal pour constater à quel point Alicudi n’est qu’un tout petit caillou dans une vaste mare

On peut toutefois se contenter de suivre le littoral, jeter un coup d’œil à la roche percée du Perciato, ou partir à la chasse aux beaux galets de lave polie. Suivra la sieste, puis une baignade rafraîchissante, puis la bière à la terrasse de L’Airone, le seul bar de l’île – où l’on mange aussi en saison d’excellents spaghetti alla alicudiana.

Panarea, l'île chic des Éoliennes

Panarea, l'île chic des Éoliennes
© funkyfrogstock - Fotolia

De toutes les Éoliennes, Panarea est sans conteste la plus superficielle. Tout commence en 1959 lorsque ce caillou de 3,4 km2 reçoit cinq mois durant l’équipe de tournage de L’Avventura, le premier grand succès d’Antonioni. L’île est alors un navire à la dérive, désertée par sa population, sans électricité ni guère de ravitaillement.

La polémique déclenchée par le film, couronné par un prix du Jury à Cannes, attire les regards. Une bande de Milanais débarque et rachète pour trois fois rien les demi-ruines des hameaux. Panarea devient une île de villégiature, port d’attache d’un cénacle d’artistes et d’habitués. La jet set suit.

Aura glamour

Un bon demi-siècle plus tard, les maisons immaculées de Drauto se nichent dans des jardins affriolants de bougainvillées et de lauriers. Les ventes sont rares ici et l’on ne s’installe guère que par cooptation… Reste, sinon, voiliers de 18 m et yachts pour frimer.

Le prix des chambres atteint des sommets et la plupart des visiteurs se contentent d’y passer quelques heures dans la journée. L’été, certains ne viennent même que la nuit, en bateau-charter depuis Lipari, attirés par l’aura glamour de La Raya, la discothèque des Éoliennes…

Reste pourtant, au-delà du village et de l’horrible plagette surchargée de la Caleta dei Zimmari, quelques bien beaux endroits, comme cette punta Milazzese au long doigt de terre dardé entre trois criques aux eaux translucides. Rares sont ceux qui s’aventurent plus loin : on peut pourtant boucler le tour de l’île par sa face cachée en 3 h de marche à peine.

Stromboli : l’apothéose des îles Éoliennes

Stromboli : l’apothéose des îles Éoliennes
© DoctorJools - Fotolia

Impérieux, il dresse sur les eaux un cône presque parfait, souvent coiffé d’un couvercle discret. Nuages ou fumée ? Plus qu’une île, Stromboli est avant tout un volcan. Un monstre de basalte qui n’a de cesse, depuis 2 500 ans, de tousser et de s’époumoner. Subjugués par ses explosions de lave, les anciens parlaient déjà de « phare de la Méditerranée ».

Rendez-vous est donné à 17 h au pied de l’église San Vicenzo – précédée d’un parvis-belvédère dominant avec superbe la mer. Attendant leur guide (obligatoire), des dizaines de randonneurs sont déjà là, munis de leur casque coloré, bâton de marche en main et grosses chaussures aux pieds. Certains s’inquiètent : arriveront-ils en haut ?

L’ascension du Stromboli

Culminant à 926 m, le Stromboli est un morceau, pas si commode à avaler : la pente, raide dès le départ, l’est bientôt davantage encore ! Le sommet est atteint au soleil couchant, après 2 h 30 à 3 h de suée.

Une première lueur rougeoyante se dessine dans la nuit qui sombre. Puis, soudain, le ciel explose d’une gerbe de lave incandescente. Après 45 min à 1 h de ce spectacle, plus ou moins intense, il faut redescendre, dans des nuages de poussière de cendres.

Les petits marcheurs rejoignent plutôt le belvédère, dominant de 400 m d’altitude la Sciara del Fuoco, ce long couloir naturel par lequel le volcan évacue ses projections – et, parfois, ses torrents de lave.

On y voit assez bien l’activité, de même que du restaurant L’Osservatoriò, établi en contrebas. Éruption et pizza ? Vive les Éoliennes !

Fiche pratique

Fiche pratique
© Claude Hervé-Bazin

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Office national du tourisme italien

Climat

Méditerranéen par excellence, le climat des îles Éoliennes est invariablement chaud en été, avec des pointes dépassant (souvent) les 40 °C – surtout lorsque souffle le sirocco, ce vent du désert africain qui se charge d’humidité au-dessus de la grande bleue.

L’hiver est doux mais peut être marqué par des tempêtes qui entravent la circulation des bateaux entre les îles.

Meilleure période : mai-juin (période très fleurie, surtout en mai) et septembre-octobre. Le temps est alors beau, chaud mais pas trop et les prix accessibles.

Comment y aller ?

Aucun aéroport aux Éoliennes : on ne rejoint les îles que par bateau ou, pour de très rares privilégiés, en hélicoptère (Air Panarea).

La majeure partie des rotations est assurée par les aliscafi (hydroptères), qui ont l’avantage d’être rapides mais sont susceptibles aux conditions météo. Par grand vent, ils restent à quai.

Il existe aussi des ferries (traghetti), mais ils sont bien moins nombreux. Ne comptez pas y embarquer votre véhicule en été : les voitures des non-résidents sont alors interdites sur les îles.

Les fréquences varient naturellement avec les saisons et l’importance des îles. En été, on peut compter une vingtaine de passages par jour entre Lipari et Vulcano, par exemple, 3-4 seulement pour la petite Alicudi (la plus éloignée) et une dizaine pour rejoindre l’archipel depuis le port sicilien de Milazzo (relié par un service de bus à l’aéroport de Catane).

Il existe aussi des liaisons vers Messine, Reggio di Calabria, Palerme (entre juin et septembre) et Naples.

Compagnies pour rejoindre les îles : www.siremar.it et www.usticalines.it

www.giuntabus.com 2-4 bus/j. Catane-Milazzo d’avril à septembre

Horaires complets en ligne de Siremar et Ustica Lines, résa de bateaux et de bus Aéroport de Catane-Milazzo avec Alibrando (7-8/j entre avril et octobre) sur www.eoliebooking.com

Où dormir ?

En dehors de Lipari et de quelques rares établissements dans les autres îles, tous les hébergements ou presque ferment leurs portes entre octobre-novembre et mars-avril. Sur les plus petites îles, ils n’ouvrent même parfois que de juin à septembre !

Les adresses bon marché ne sont pas légion : pas d’AJ ici, juste des affittacamere (chambres chez l’habitant) et B & B qui permettent de se loger sans trop se ruiner. Certains sont accueillants, d’autres pas vraiment… Il s’agit de bien choisir.

En début et fin de saison, les tarifs restent abordables mais, en juillet et plus encore en août (altissima stagione !), ils explosent. Ils peuvent ainsi être multipliés par 3 et une chambre double dans un hôtel 3 étoiles atteindre 180-200 € ! Et on ne parle ici que d’étoiles italiennes (enlevez-en une par rapport aux normes françaises)…

À Panarea, très « jet set », en août, les tarifs de 350-400 € ne sont pas rares ! Ne vous vengez pas sur la douche : toute l’eau doit être importée par tankers.

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Où manger ?

Si on mange divinement bien en Sicile, les Éoliennes ont elles aussi de très bons restos. Ils coûtent toutefois cher, la cuisine s’appuyant largement sur le poisson, souvent vendu au kilo (50-75 €/kg).

L’archipel possède sa propre gastronomie, marquée par l’omniprésence de l’espadon et des recettes de pâtes déclinées selon des variantes propres à chaque île – généralement avec tomates, câpres et herbes aromatiques.

On trouve d’excellentes pizzas, mais la plupart, à la pâte assez cassante, ne sont pas aussi remarquables qu’à Naples… Ce qui l’est, par contre, c’est la différence de qualité entre basse et haute saison.

En été, beaucoup de restos font dans l’abattage, avec une qualité revue à la baisse et des tarifs revus à la hausse. Et n’oubliez pas le coperto (couvert) à 2, 3, voire 4 €/personne.

Texte : Claude Hervé-Bazin

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