La fièvre de Kuala Lumpur
Des airs made in Britain
En continuant en direction du centre, une série d’édifices datant du protectorat
britannique attire immédiatement l’attention, en bord de rive.
The old railway station, tout d’abord. Ses minarets et ses voûtes
entièrement blancs, d’inspiration mauresque, font de la vieille gare la curiosité
touristique de la Jalan Sultan Hishamuddin depuis 1910. Elle figure, en
effet, parmi les adresses les plus insolites de la ville. On peut encore y lire
des coupures de journaux jaunies par le temps et des plaques en métal apposées
sur les murs témoignant de son glorieux passé.
Puis, en remontant la Jalan Raja, le « Sultan Abdul Samad Building »,
l’ancien quartier général du gouvernement anglais transformé en haute cour de
justice et en cour suprême surprend par sa taille plus qu’imposante. Nombreux
sont les touristes et les habitants à venir le contempler assis dans l’herbe
de la place de l’Indépendance, Merdeka Square jadis appelée Dataran
Square, en pique-niquant sous un soleil de plomb ou plutôt en discutant à la
pleine lune. Le soir reste ainsi le meilleur moment pour admirer sa tour d’horloge
aux faux airs de Big Ben briller des mille feux de ses guirlandes électriques !
Enfin, en plein climat équatorial, il fait rarement vraiment frais, même la
nuit... C’est, par ailleurs, sur ce terrain verdoyant de 8 ha encore surnommé
le « Padang » que se disputaient, autrefois, les matches de cricket
auxquels assistaient les spectateurs depuis le « Club de Selangor »
et que se déroule, aujourd’hui, la parade nationale chaque été. Le drapeau fédéral
y flotte désormais à la place de l’Union Jack, au sommet des 95 m du mât
le plus haut du monde. Impressionnant !
Légèrement en retrait, les arabesques rose et blanc de la Masjid Jame,
la mosquée Jamik, se détachent sur le ciel bleu. Celle-ci a également été construite
dans un style mauresque par un architecte anglais, en 1909, à l’endroit
précis où des colons chinois avaient fondé la ville, en 1857, à la rencontre
des eaux troubles des rivières Kelang et Gombak. D’où le nom de Kuala Lumpur,
traduction littérale de « confluent boueux ». Ce lieu de culte est
probablement le plus ancien de KL. La population y reste encore très attachée,
même si la Masjud Negara, la mosquée nationale, demeure la fierté
du pays depuis 1965. Hommes et femmes y viennent chaque jour de tous les
coins de la métropole, pour discuter à l’ombre des arbres de la cour aux fontaines
qui en encadrent l’entrée et bien sûr pour méditer dans son immense salle de
prières en marbre. Capable d’accueillir jusqu’à dix mille fidèles, il s’agit
de la plus grande mosquée de ce pays à majorité musulmane et, plus largement,
de toute l’Asie du Sud-Est. Sa toiture en tôle verte constitue, par ailleurs,
à elle seule, une véritable attraction d’architecture moderne avec ses dix-huit
« points » représentant les treize États de Malaisie et les cinq piliers
de l’Islam de part et d’autre de son gigantesque minaret !
Texte : Marie Langlade
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