À la rencontre des Long Neck Kayan Lahwi
La vie quotidienne au village
La modernité n’est cependant pas absente du village. Laplae, le jeune frère
de Majon est fan d’ACDC et des Eagles. Avec l’un de ses cousins à la guitare,
il a monté un groupe, et... sa propre batterie, ingénieuse création faite de
bric et de broc. La musique a toute sa place, puisque ces deux-là ne sont pas
les seuls à jouer des instruments, et les Kayan Lahwis fabriquent eux-mêmes
pas mal d’instruments : une sorte de violon, une espèce de guitare à quatre
cordes. Tous les soirs, c’est DVD club dans le sous-sol de la maison de Majon.
Malgré l’absence d’électricité, on fait marcher le générateur pour permettre
à tous les jeunes villageois de regarder un film, en général birman. Lorsque
j’étais présent, c’était Men in Black en thaïlandais. Une fois les touristes
partis, lorsqu’ils sont là - un jour, je n’en ai croisé aucun, et j’ai
pu ressentir la frustration que cela engendrait chez les villageois -,
les enfants jouent aux billes, les filles au volley-ball dans leurs magnifiques
robes, toujours portant leurs bracelets, et les garçons au foot. On prépare
le repas du soir, le seul avec le petit-déjeuner. Les gens sont très souriants,
curieux et ouverts. Un autre jour, on creuse la falaise à la pioche pour installer
une nouvelle maison. Il existe une immense solidarité.
La raison officielle invoquée par l’armée thaïlandaise pour empêcher les étrangers
de dormir dans le village est que l’armée birmane fait des incursions pour kidnapper
certains villageois et les faire rentrer au Myanmar. Impossible à vérifier.
À trois kilomètres des remparts de bambou qui renferment Nai Soi, la mort.
Texte : Grégory Papin
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