À la rencontre des Long Neck Kayan Lahwi
Départ pour la frontière
Le Quai d’Orsay le rappelle : la frontière birmane est un lieu très dangereux
où plusieurs de nos compatriotes ont perdu la vie ces dernières années. Les
militaires birmans, apparemment tendus, tirent à vue à moins de 100 m de
la frontière. Il est donc formellement déconseillé de s’y aventurer en solitaire.
Il est de toute façon impossible d’accéder à la frontière seul, puisque les
routes sont entrecoupées de checkpoints de l’armée thaïlandaise, et qu’il
n’existe pas de point de passage routier à cet endroit-là. Il faudrait passer
par la jungle, mais elle est jonchée de mines anti-personnelles qui témoignent
des conflits cinquantenaires qui émaillent la région.
Opprimés par la junte militaire mise en place en 1962 à Rangoon, chaque
ethnie de l’Ouest birman (Shan, Karen, Mon) a engagé un combat sans merci avec
le pouvoir central. Ces guérillas comptent parmi les plus anciennes de la planète
et on ne voit guère d’issue immédiate... La Thaïlande, sous la pression internationale,
a donc accueilli un nombre important de réfugiés de Birmanie. Si les Shans,
plus proches culturellement des Thaïlandais, ont été naturalisés, les Karens
n’ont pas accès à la propriété et n’ont de carte d’identité que celle délivrée
par le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies. Le dernier recensement
effectué à la fin des années 1990 donnait le chiffre de 300 000,mais
les réfugiés continuent d’affluer clandestinement dans les trois camps qui bordent
les 2 400 km de frontière. Comme partout dans le monde, misère, mauvaises
conditions sanitaires et manque cruel de perspectives fournissent leur lot de
drames humains, loin du regard des touristes. La Thaïlande est tolérante, mais
tout le monde n’est pas logé à la même enseigne en matière d’hospitalité...
Texte : Grégory Papin
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