Afrique du Sud, dix ans après

Durban, un port sur l'océan Indien

Durban, un port sur l'océan Indien
Olivier Page

Plutôt que d'arriver à Durban par les airs ou par la route, il faudrait y débarquer en pleine nuit à bord d'un de ces cargos venus d'Asie par l'océan Indien. À défaut, il suffit de monter d'un coup de voiture sur les hauteurs de Berea, une de ces collines résidentielles et verdoyantes qui entourent la ville pour comprendre la beauté et le destin de ce lieu. Durban est le grand port du pays, avec des installations portuaires, des silhouettes de grues éclairées par des dizaines de lampadaires au sodium, et des kyrielles de porte-conteneurs en instance d'appareillage. Quoi de plus captivant que cet endroit fait par la mer et pour la mer ? Tout a commencé par le passage des marins portugais au XVe siècle, suivis par des pionniers Boers, et des colons anglais. Durban est passée en presque cent cinquante ans du stade de petit comptoir maritime à celui de grande ville. À présent, premier port d'Afrique australe et troisième ville d'Afrique du Sud (après Le Cap et Johannesburg), elle connaît une activité incessante. La plus grande communauté indienne d'Afrique vit à Durban.
Mais Durban n'est pas qu'un port, c'est aussi une des premières stations balnéaires du pays, avec des kilomètres de plages de sable protégées des requins par une barrière immergée. Quadrillé comme une cité américaine, le centre-ville est très étendu, hérissé de tours et d'immeubles de bureaux. La nuit tombe, le centre-ville se vide de ses employés car les Durbanais habitent à l'extérieur. Mon hôtel se trouve dans le quartier le moins sûr de la ville. Pour me déplacer, j'évite de marcher seul et je prends un taxi.
Au bar Thirsty's un pub animé et fréquenté, sur Kings Battery, à l'entrée du port, je bois un verre de vin sud-africain en regardant les cargos qui passent dans un long et étroit chenal. La soirée se termine au Lido, une discothèque pour marins où la serveuse me prend pour un officier de la marine marchande. Elle me demande le nom de mon navire et la nationalité de mon équipage. « Routardship, from France. ». Après avoir noté ça sur son carnet, dix minutes plus tard le disc-jockey hurle dans son micro : « Allez les gars, tous sur la piste, ce morceau est dédié aux marins de Routardship. ». Je ris intérieurement comme jamais.
Le lendemain, au musée d'Histoire locale (Local History Museum) sur Aliwal Street, j'apprends que le premier colon de Durban, Henry Francis Fynn, épousa une femme noire. Ironie de l'histoire. Cela se passait au XVIIIe siècle. Comme au musée Grévin, on a reconstitué la silhouette de cet aventurier en le représentant tel un Robinson naufragé, chevelu et barbu, vêtu de haillons, méditant devant sa hutte où son épouse zouloue s'active à la cuisine. Ce couple anglo-zoulou eut des enfants. Un de leurs descendants vit toujours à Durban. Il s'appelle Morris Fynn (un métis donc). Du temps de l'apartheid, il osa scier des panneaux officiels à connotation raciale à l'aide d'une scie égoïne aujourd'hui conservée dans cette salle de musée. Morris Fynn fut emprisonné, puis libéré. Ses aïeux étaient un libre couple mixte, blanc et noir, qui n'avait jamais entendu le mot apartheid. Des couples mixtes comme les Fynn, je n'en verrai pas beaucoup dans cette nouvelle Afrique du Sud multiraciale. Pierre Josse a pourtant visité le township de Soweto en compagnie d'une Sud-Africaine noire fiancée à un Européen blanc. Ils restent quand même très très rares. N'oublions pas que sous le régime d'apartheid les mariages mixtes étaient interdits et les relations sexuelles interraciales considérées comme un crime. Difficile d'oublier si vite des lois aussi cruelles et absurdes.

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Texte : Olivier Page

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