L’Argentine, sur la route de la cordillère
Las Cuevas, le bout de l’Argentine
Las Cuevas est le dernier village à ponctuer la route n° 7 sur sa partie
argentine. On se croirait dans une ville fantôme, puisque la majorité des maisons
sont à l’abandon. Les derniers habitants - une demi-douzaine d’âmes -
se chargent d’entretenir la petite « alberga » et la route menant
à l’extraordinaire statue du Christ rédempteur (à 4 200 m). Le trajet
du bus s’arrête là, normalement… Mais le chauffeur n’hésite jamais bien longtemps
à monter jusqu’au poste frontière, à quelques kilomètres, pour prendre un maté
bien chaud avec les douaniers. Là-haut, la magnificence du col d’Uspallata – qui
culmine à 3 810 m - est écrasante et l’entrée béante du tunnel
menant au Chili a quelque chose de mystique.
Seule, en face du poste frontière, une petite auberge incongrue accueille les
visiteurs et les « andinistes » venus escalader l’Aconcagua. Elle
est tenue par le señor Annibal Contreras, un sexagénaire blagueur connaissant
toute l’histoire de la région. Il nous met en garde : en 2000, vingt-sept
grimpeurs sont morts sur les pentes du plus haut sommet du continent (6 959 m).
De quoi faire froid dans le dos… Heureusement, l’Hosteria Malvinas Argentinas
est là : ce « Bagdad Café » du bout de l’Argentine nous offre
son confort rudimentaire et sa chaleur, pour oublier les - 10° C extérieurs.
On s’y endort en rêvant au chemin de fer transandin, cette extraordinaire ligne
ferroviaire reliant l’Argentine au Chili, l’océan Atlantique au Pacifique. Fermée
en 1997, elle devrait rouvrir dans les années à venir. Des barbelés dans
les vallées des condors…
Texte : Blaise Goldenstein
Mise en ligne :