Pour le quatrième épisode de nos aventures écossaises, commencées en 2010, nous avons choisi de visiter,non pas quelque site “incontournable” (nous avons attendu notre troisième voyage pour longer en bus le loch Ness,nous n’avons toujours pas vu le Storr ni Glencoe, ni visité de distillerie ) mais les Small Isles, négligées par la plupart des touristes qui prennent à Mallaig le ferry pour Skye.
Ceux qui prennent la route des îles ou le chemin de fer jacobite découvrent deux d’entre elles , Eigg et Rum, aux environs d’Arisaig.Elles occupent l’horizon à Mallaig, à l’Ouest de l’île de Skye. Nous les avons vues pour la première fois non pas de cette manière classique, mais à partir des montagnes du Knoydart, en 2010, lorsqu’au troisième jour de la traversée pédestre Glenfinnan-Strathan-Sourlies-Inverie, sur une variante du Cap Wrath Trail ,nous les avons découvertes dans la brume, du haut du Mam Meadall ,apparition fantastique où ne manquaient que les voiles d’un vaisseau fantôme. Nous avons ensuite pu admirer la silhouette quasi parfaite de l’île de Rum une fois arrivés à Inverie ,sur le chemin qui conduit le long de la baie du célèbre pub au bunkhouse de la Fondation Knoydart
Il y deux ans ,nous nous y sommes rendus après avoir abandonné notre marche vers le Cap Wrath,à cause du mauvais temps et de la tendinite du meilleur d’entre nous, au hasard des possiblités offertes par les transports en commun (nous n’avions ni plan prémédité, ni horaires de transport),nous rendant en une journée de Durness à Mallaig , ayant pour objectif d’occuper sans marcher (et sans voiture) le peu de jours qui nous restaient. Nous avons ainsi découvert très superficiellement Eigg et Rum , nous avons du ferry l’étonnante apparition de Canna et Sanday dans la brume, et découvert les écueils qui gardent l’entrée du port de l’île de Muck.
A suivre
L’expédition 2013 n’ayant pas été une réussite, seule de ceux qui avaient participé aux voyages antérieurs, mon amie Théodorine,(je l’appelle ainsi en souvenir de Monod, parce que, de par sa formation ,elle s’intéresse à la géologie, à la faune et à la flore) était prête à repartir. Elle a été l’initiatrice et la principale organisatrice de ce séjour.
la décision de partir a été prise neuf jours avant le départ effectif. Il a fallu très rapidement trouver les moyens de transport offrant le meilleur rapport rapidité prix. L’avion n’est guère intéressant pour se rendre dans les Small Isles, en tout cas pas pour ceux qui habitent Paris intra muros. Nous avons opté à l’aller pour eurostar jusqu’à Londres, puis pour un bus de nuit National express de Londres à Glasgow(le Caledonian Sleeper pour Fort William, si près du départ ,était presque complet et hors de prix. Les trajets Glasgow-Mallaig et Mallaig Glasgow ont été effectués par le chemin de fer jacobite (nous connaissons maintenant la ligne par coeur). Pour le retour , nous avons opté à nouveau pour un trajet de nuit en bus National Express, puis par un retour en IDbus de Londres à Paris. Eurostar ,un jour de fin de vacances scolaires parisiennes, atteignait un tarif astronomique. Au final, nous avons dû dépenser à peu près 200 euros par personne pour l’aller retour Paris Glasgow, à peu près 70 livres de chemin de fer jacobite et à peu près cinquante livres de ferry, par personne toujours.
Nous sommes parties avec une tente, qu’il a fallu enregistrer la veille sur eurostar, les piquets de tente étant assimilés à de dangereuses armes potentielles , en revanche, nous avons pu emporter un canif dans notre sac à dos. Pas de cartouche de gaz sur eurostar ni dans les bus. Nous avons donc prévu de nous arrêter en route à Fort William, avant de reprendre le train.
Sachant que les possibilités de ravitaillement étaient limitées dans les Small isles ,nous avons emporté une bonne provision de lait en poudre, difficile à trouver en Ecosse, et conditionné dans e toutes petites boîtes, pas mal de soupes minute, de purée en flocons, de semoule ,et pas mal d’autres choses ,trop en fait, par peur de la famine.
Pour les vêtements ,nous avons pris notre équipement montagne habituel(j’ai choisi cependant d’emporter un ciré)sans oublier nos bâtons de marche, très utiles dans les marécages, et nos coiffes anti-midges, Rum ayant particulièrement mauvaise réputation dans ce domaine. Nous redoutions une naissance précoce de ces charmantes bestioles, effet possible du réchauffement climatique.
Calamity Jane
Vous nous mettez l’eau à la bouche… On veut la suite!!!
Bonjour doudous,
Elle arrive, lentement, et les photos aussi (3 déjà ). La semaine dernière, nous étions encore dans l’île de Rum ,à visiter Kinloch Castle, le château du mégalomane Bullough.
Calamity jane
Le matin du départ, j’e cours de bureau de poste en bureau de poste (le premier ouvert mais inactif pour cause de dépression récurrente, le second fermé “pour améliorer l’accueil du public”, le troisième , miraculeusement ouvert, actif, et par miracle, presque vide) pour me présenter , si je ne reviens pas de ce voyage, avec une conscience pure devant les inexorables représentants dans l’au delà de l’administration fiscale qui ne saurait , tout au moins de manière légitime,m’imputer de péché si ma lettre recommandée avec AR ne lui parvient pas.
Je dois ensuite me hâter pour rejoindre la gare du Nord pour prendre Eurostar.
Je crois bien connaître les mystères de la gare du Nord ,une des pires gares parisiennes. Malgré tout, je peine à trouver la voie d’accès à Eurostar ,un ascenseur confidentiel. Je dois pour cela appeler Théodorine sur son portable.Elle a trouvé sans peine, elle. A vrai dire ,elle a eu les mêmes problèmes que moi, la veille , lorsqu’elle a fait enregistrer la tente et nos bâtons.
L’espace réservé à Eurostar dans la gare du Nord me surprend. Un monde tout différent du reste de la gare ,luxueux par comparaison avec le reste. Le contrôle est finalement beaucoup plus rapide que je ne pensais. les choses auraient été encore plus simples si j’avais placé tous mes objets métalliques dans mon sac à dos. Jusqu’ici, nous avions toujours fait le trajet pour Londres par Eurolines, à partir de la gare routière de Galliéni, à la limite du sordide. Un tout autre public, une toute autre atmosphère .
Le trajet est très rapide, bien sûr. Nous en profitons néanmoins pour boire notre premier grand café-jus de chaussette spécialité du Royaume Uni, pour nous mettre dans l’ambiance ,à défaut de nous maintenir l’esprit éveillé. Alors que nous avons l’habitude des longs contrôles avant de prendre le ferry ou le tunnel, nous passons sous la Manche comme par surprise ,et nous débarquons à Saint Pancrace, dans un mélange d’étonnement satisfait et de frustration.
A suivre
A la gare de Saint Pancrace, nous commençons par admirer la verrière ,avant d’errer quelque peu avant de trouver la sortie.
A Saint Pancrace ,nous devons d’abord récupérer tente et bâtons enregistrés la veille. Nous commençons par errer, avant de trouver,juste à temps, le service compétent ,qui ferme à 17 heures, à l’heure du thé. Nous ne sommes pas encore accoutumées aux moeurs britanniques.
Sorties de la gare ,nous décidons de faire le trajet pédestre Saint Pancrace, London Euston, en reconnaissance en vue d’un futur voyage ferroviaire Eurostar-Caledonian Sleeper. Nous trouvons laborieusement un plan , difficile à interpréter (il faudrait opérer une série de rotations mentales ou avoir le courage de sortir une boussole du fond de nos lourds sacs à dos, or les mules posent difficilement leur bât ,et il n’y a pas de muletiers pour les charger à nouveau). Nous prenons donc la décision, efficace parce qu’i lfait beau, de nous orienter au soleil, et nous arrivons à London Euston après être passées près d’un édifice non identifié dont les cariatides rappellent celles de l’Erechteion.L’art antique a apparemment beaucoup marqué le Royaume Uni. Jules Verne, dans Voyage à reculons en Angleterre et en Ecosse, raille la prétention d’Edimbourg à se présenter sur Calton Hill comme une nouvelle Athènes, et le mégalomane Bullough ,dans son incroyable mausolée de Harris quer l’île de Rum , témoigne de cette même propension à vouloir rivaliser avec l’architecture antique Pendant que l’active Théodorine (elle est d’autre part un peu plus versée que moi dans la langue anglaise) nous procure des tickets de bus ,je songe à tout ce que le British Museum recèle de vestiges pris aux Grecs par Lord Elgin et lord Hamilton , avant que, juste retour des choses ,Lord Hamilton ne se fasse piquer par Nelson sa belle Emma.
Le bus à étage, heureusement pris à nos yeux dans les embouteillages d’Oxford Street (nous ne sommes pas du tout pressées) nous permet de faire du lèche vitrines. Nous appréhendons seulement la descente, après une montée laborieuse où nos sacs avaient bien du mal à passer.
Nous passerons ensuite un long moment dans la gare routière de Victoria, sans nous ennuyer, car nous faisons la connaissance d’une dame anglaise de notre génération, fort intéressante et sympathique, qui a étudié non seulement le latin et le grec, mais aussi l’hébreu, et a effectué à bicyclette le trajet de Cambridge à Jérusalem.Nous nous quittons à regret.
A suivre
Le bus National Express part peu avant minuit pour Glasgow Dundee et Aberdeen. Nous sommes frappées de voir que des personnes de tout âge le prennent , même des personnes âgées, ce qui nous inspire une certaine pitié (nous avons une tendance bien incrustée à ignorer que nous appartenons à cette catégorie). Ce n’est ni inconfortable, ni vraiment confortable. Nous aurons du mal à nous endormir à l’aller ,où nous apprécions de voir un pont sur la Tamise illuminée ,et à la faveur des lumières, de voir l’aménagement intérieur d’immeubles modernes assez luxueux.
Le bus fait un arrêt nocturne bienvenu mais peu réjouissant. Une sorte de cafeteria station service à l’ambiance assez sinistre, où un groupe d’adolescents est assis par terre. Je m’interroge sur les
raisons de leur présence dans un tel lieu à pareille heure ,étant dans ce domaine totalement vieux jeu et adepte convaincue de l’ordre moral.
Le bus repart, et finalement ,je m’endors, peu avant Carlisle ,alors que je voudrais désormais être éveillée, dans l’espoir de voir les Borders, jadis repaire de brigands Je réussirai finalement, en luttant contre le sommeil , à voir quelques reliefs intéressants. Je crois ensuite deviner l’estuaire de la Solway où se déroule un épisode de Redgauntlet, roman de Walter Scott consacré à la fin du jacobitisme. Nous arrivons tôt le matin à Glasgow, à la gare routière de Buchanan, et nous dirigeons, en nous orientant une fois de plus au soleil, vers la gare feroviaire de Queen street. En passant, nous voyons que l’on donne Le Trouvère de Verdi à Glasgow. Nous n’aurons malheureusement pas le loisir d’assister à une .représentation. Arrivées dans la gare, nous prenons notre second café jus de chaussettes dans l’attente de l’annonce du train Glasgow Mallaig.
A suivre
Tout près de la gare ,avec en haut de la colonne ,Walter Scott.
La plupart des touristes empruntent la ligne de chemin de fer jacobite entre Fort William et Mallaig, seulement. C’est bien dommage. Les paysages traversés sont fort intéressants, vraiment peu de temps après la sortie de Glasgow ,dès que l’on longe le Gare Loch . On le quitte à Garelochhead pour trouver très peu de temps après le Loch Long, un véritable fjord ,dominé par les Alpes d’Arrochar.
Le Gare Loch, près de Garelochhead
Un loch bien moins connu que le loch Ness, du moins sur ce forum.
On longe le loch Lomond jusqu’à Ardlui.
Nous avons décidé de ne prendre le train dans un premier temps que jusqu’à Fort William, où nous devons nous procurer réchaud cartouche de gaz et casserole pour faire la cuisine. Si nous n’excluons pas de loger dans des Bunkhouses, nous envisageons aussi de camper. Nous camperons finalement trois fois, et nous pensons qu’un réchaud est indispensable. De quoi sourire quand on connaît la suite.
Au cours de nos précédentes expéditions écossaises ,nous étions partis avec l’extraordinaire réchaud amélioré par Cyrus Smith-Mac Gyver, mais il a été séduit comme Nelson par une Lady Hamilton langoureuse au regard brûlant et aux poses alanguies .Le bivouac sur des galets roses au bord du lochan Fada , la descente du bealach na h Uidhe dans les montagnes de l’Assynt , où sous l’effet de la neige tout ce qui n’était pas rocher se transformait en mare et le sentier en ruisseau ,’ l’errance lamentable au crépuscule sur la route entre Inchnadamph et Kylesku avant que nous soyons recueillis par la voiture de jeunes compatriotes charitables y sont aussi pour quelquechose. Pour dire les choses simplement, il n’a pas voulu venir , il est resté, sans doute pour mieux la surveiller ,auprès de sa belle aux longs poils angora et aux griffes acérées, et de sa cohorte de soupirants non moins griffus, mais beaucoup plus vulgaires. Mais nous vivons une époque moderne. Nelson reste au logis avec le précieux réchaud ,et Lady Nelson ,au lieu de pleurer, part pour l’Aventure.
Donc, nous avons besoin d’un réchaud, et nous avons décidé de l’acheter à Fort William.
En attendant, nous avons faim. Nous nous sommes contentés de sandwichs à Victoria Coach Station. Théodorine sort donc de son sac un paquet de wasa léger (prohibé par Cyrus Smith - Nelson , mais qu’i lest plus facile de faire durer, vu le nombre de tranches) et de vieux fruits secs de la randonnée de l’été dernier dans le Sud Vercors. Si nos expéditions écossaises en formation réduite connaissent des épisodes proches de la disette ,il n’en pas de même des expéditions estivales du groupe des Joyeux Archers de la Forêt de Fontainebleau-Sherwood au complet. Il y a toujours des restes ,et pas question de les laisser perdre, par refus des déficits privés et publics, et du gaspillage.
Un vrai repas gastronomique : vieux abricots à peu près convenables, raisins légèrement rances, figues un peu fermentées (ce sera le seul alcool que nous consommerons jusqu’à notre retour à Mallaig), tartines de wasa à la crème de marrons en tube (j’ai sorti ce délice de mon sac). A ce jour ,nous avons toutes deux survécu.
Le temps est superbe. Nous connaissons tout le parcours ,et l’Ecosse nous paraît plus sèche que d’habitude. Il y aura seulement un peu de pluie près de Corrour Station , mais nous pouvons apercevoir au loin le loch Ossian.
A suivre.
Le West highland Way est proche de la voie ferrée
Le West Highland Way côtoie la voie ferrée dans ces parages.
Photo prise entre Bridge of Orchy et Rannoch Moor.
Dans une zone très sauvage , au pied du Ben Alder
Du loch Lohmond à Bridge of Orchy, je ne peux à chaque fois m’empêcher de penser aux Monts du Cantal . J’y penserai encore, comme Théodorine, venue découvrir,avec Cyrus et l’amie qui participait au premier voyage en Ecosse ,les Highlands cantaliennes qui me sont familières, dans les hauteurs de l’île d’Eigg ,au pied des parois du Sgurr ,et devant Compass Hill, sommet de l’île de Canna.
En revanche, à partir de Bridge of Orchy, où le West highland Way et la voie ferrée divergent définitivement pour ne se retrouver qu’à Fort William ,c’est un tout autre univers.
Rannoch Moor offre des paysages vraiment spécifiques de l’Ecosse. C’est une lande spongieuse, avec des lochs tels que le loch Tulla. Elle offre, si le temps est clair, des vues intéressantes sur des montagnes enneigées. De Bridge of Orchy jusqu’à Tulloch station, le train traverse une zone inaccessible aux voitures (la gare de Rannoch station mise à part, située au bout d’une route qui vient de .Pitlochry. Beaucoup de zones me paraissent dangereuses pour les marcheurs ,et la situation empire lorsqu’on approche de Corrour Station, gare construite dans un univers totalement désolé pour satisfaire les caprices de chasseurs fortunés.Cette gare est construite à proximité du loch Ossian. Je m’interroge sur cette appellation… S’agit-il d’une référence au barde Ossian, fils de Fingal, personnage inventé par James Macpherson, auteur prétendu d’une épopée pouvant rivaliser avec Homère, qui eut son heure de gloire auprès des préromantiques et des romantiques, fort apprécié de Napoléon lui-même ?
Je lis que James Macpherson se serait inspiré de textes authentiques, qu’il n’aurait pas tout inventé. Est-ce à l’époque de La grande mode ossianique que l’on a donné le nom de Fingal à la grotte musicale de Staffa? Je remercie ceux qui pourraient m’éclairer.
Un autre Macpherson a illustré les pentes du Ben Alder proche du loch Ossian. J’ignore s’il était parent du premier. Il s’agit de Cluny Macpherson, l’un derniers chefs jacobites, resté fidèle à Bonnie Prince Charlie après Culloden, et qui refugié sur les pentes du Ben Alder , non pas dans une grotte mais dans une sorte de cage (une cabane plutôt sans doute), fixée à la paroi aurait reçu en ce
lieu Bonnie Prince Charlie lui-même. Stevenson, vraisemblablement inspiré par cette histoire, place en ce lieu un épisode des Aventures de David Balfour. David Balfour, poursuivi par les Redcoats fuit à travers la bruyère de Ballacullish à Glencoe, de Glencoe aux Mamores, puis des Mamores aux pentes du Ben où il est reçu par le fameux Cluny. Un passage vraiment passionnant d’un roman qu’i lfaut lire avant de partir en Ecosse.
A suivre.
Peu après Corrour Station, on longe le loch Treig.
Le loch Treig, un beau loch très sauvage, est en fait un lac de barrage. Le paysage devient moins intéressant lorsque nous rejoignons à Spean Bridge le sillon calédonien. Nous manquons désormais de recul pour voir les montagnes car la voie ferrée passe juste au pied du massif du Ben Nevis. Nous arrivons à Fort William et nous descendons du train pour nous mettre en quête du réchaud. Théodorine s’inquiète en voyant un groupe de personnes âgées ,visiblement en voyage organisé, prendre le train pour Mallaig. Elle redoute que nous ne trouvions rien pour nous loger. Je pense qu’elles se contentent de faire l’aller retour Fort William Mallaig, au vu de leur quasi absence de bagages . Ce ne sont pas des mules portant un sac de plus de 15 kilos.
En 2010, lors de notre premier voyage en Ecosse ,nous avions terminé là notre parcours sur le West Highland Way commencé à Bridge of Orchy, après avoir subi les assauts des midges à Kinlochleven. Notre préoccupation principale était d’acheter Skin do soft ,coiffes anti-midges, bougies anti-midges (inefficaces) , répulsifs (inefficaces aussi), avant d’affronter la traversée du Knoydart de Glenfinnan à Inverie. A Glenfinnan, sitôt descendus du train, nous fûmes assaillis par les escadrilles ennemies. C’était en Juin.Depuis, ayant constaté que ce sont les zones les plus midgeuses qui nous intéressent, nous partons plus tôt , préférant le froid et le grésil à ces charmantes bestioles.
Cette année ,pour notre halte à Fort Willliam, j’avais de grands projets. J’espérais que nous pourrions monter sur Cow Hill , un nom qui me séduisait, pour avoir une belle vue sur le loch Linnhe.
Nous commençons par errer un peu en sortant de la gare, nous nous perdons du côté de désagréables ronds points avant de trouver le tunnel d’accès au centre ville. Les aménagements pour les voitures ne conviennent guère au marcheur.
Sitôt installées dans un square pour nous restaurer ,une averse de grésil nous chasse (il faisait beau 5 minutes plus tôt et nous réfugions dans un café accueillant avant de nous mettre en quête du fameux réchaud et d’une casserole,car je n’ai pas voulu me déshonorer en demandant la casserole de Cyrus), Longue recherche, ce que nous n’avions pas prévu. Le premier magasin n’a guère que des cartouches, et pas du tout le type de réchaud que nous cherchons, le second ne vend guère que des vêtements, et pas vraiment du genre qui nous intéresse. Nous finissons enfin par retrouver le grand magasin spécialisé dans la randonnée et la montagne que nous avions fréquenté jadis. Nous y trouvons le réchaud tant souhaité, la casserole ,une carte au 25000ème desSmall , plastifiée (ma carte Ordnance Survey au 50000ème achetée au Vieux Campeur va malgré mes précautions souffrir de la pluie de Canna), j’achète un topoguide de randonnées dans les Small Isles,Théodorine résiste difficilement à la tentation d’acheter un livre sur la géologie du secteur. Nous dépenserions bien volontiers une fortune dans cette librairie carthotèque (nous avons toutes les deux la passion des cartes) et dans l’euphorie du moment, nous oublions qu’un réchaud doit être allumé (y avons-nous seulement jamais pensé ? Jusqu’à maintenant ,je n’ai jamais fait qu’éteindre , pas forcément de manière volontaire, les réchauds de camping, laissant cette tâche périlleuse aux maîtres du feu, moi qui suis incapable d’allumer le four d’une cuisinière à gaz.Bref, nous ne songeons pas à nous procurer d’allumettes ni de briquet. Rien d’étonnant vu mon sens pratique. Mais j’avais confiance en Théodorine…
Pleinement satisfaites de nos achats à Fort William qui ont pris tout notre temps, nous reprenons donc le train pour aller cette fois-ci jusqu’à Mallaig.
Nous quittons Fort William après 16 heures sans avoir gravi Cow Hill et sans avoir vu de statue du “boucher de Culloden”, William Augustus , Duc de Cumberland, comme je l’avais espéré. Nous allons bientôt parcourir des lieux où se sont déroulés quelques uns des épisodes les plus fameux de la désastreuse épopée de Bonnie Prince Charlie, en particulier sa rencontre avec les clans rassemblés à Glenfinnan, puis ses errances avant son embarquement près d’Arisaig pour les Hébrides extérieures après Culloden Je ne joindrai guère de photos pour cette fraction du parcours , le site de Glenfinnan étant très largement connu. D’autre part, je ne sais toujours pas identifier avec certitude les différents lochs maritimes des environs d’Arisaig. Je ferai que deux exceptions, l’une pour le Ben Nevis vu de la rive du loch Eil, l’autre pour une vue du loch Eilt.
Le Ben Nevis, se mirant dans les eaux du loch Eil, entre Corpach et Glenfinnan
Il y a plusieurs îlots de ce type sur le loch Eilt
Entre Arisaig et Mallaig ,les Small isles et les Black Cuillins de Skye vont occuper l’horizon. C’est une découverte toujours spectaculaire ,je n’en transmets pas d’image,nous les verrons tellement mieux ensuite.
Arrrivées à Mallaig, nous nous empressons de trouver un hébergement pour la nuit. Il n’existe pas de terrain de camping à Mallaig, et il ne serait pas facile de trouver un lieu pour bivouaquer à proximité . le terrain est soit urbanisé, soit pentu. Il y a deux ans, nous n’avions trouvé un jour de week end que que le West Highland Hôtel pour nous accueillir. Cette fois, un jeudi, nous avons plus de chance. Plus de place dans l’hébergement le plus économique , le Sheena Backpackers (12 places seulement), mais nous trouvons place au B&B Anchorage que nous avons déjà fréquenté, tout près du port, où nous sommes aimablement accueillies, et nous réservons au Sheena Backpackers pour notre retour huit jours plus tard à Mallaig ,en payant par avance les 17 livres par personne de la nuitée.
Une fois installées, nous partons marcher (depuis plus de 24 heures, nous voyageons, la nuit en autobus ne nous a finalement guère éprouvées, mais nous avons besoin de nous dégourdir les jambes et nous choisissons un circuit sur les hauteurs de Mallaig indiqué par Walkhighlands. Une bonne heure de marche, nous avons déjà effectué ce parcours il y a deux ans, mais on voit bien Eigg, Rum, et Skye, juste en face.
Pas de restaurant ni de pub ce soir. Toutes deux ennemies des trains de vie dispendieux et du laxisme budgétaire,nous avons décrété un plan d’austérité préventive .La météo annonce des possibilités de mer très agitée. Je crains que nous n’ayons droit à de la tempête sur Canna et que nous ne soyons contraintes d’aller loger dans le seul hébergement de l’île , en dehors des locations à la semaine : un B&B plutôt luxueux. Nous avons donc décidé de compenser par avance ce possible dérapage budgétaire. Nos seules folies depuis le départ (je compte pour rien l’achat de la carte et du topoguide) ont consisté en la consommation de quatre pintes de café jus de chaussette et de deux scones. Pour le soir qui vient, nous nous d’une légère collation, fournie par nos abondantes provisions de route, du shortbread du B&B et de boissons chaudes, la bouilloire des B&B étant une bénédiction.
Nous devons le lendemain prendre le ferry pour Muck. Départ à 8h15. Notre hôtesse accepte aimablement de nous servir le breakfast plus tôt qu’il n’est coutume. La perspective des saucisses du lendemain matin, mais surtout la fermeté de notre âme, explique notre acceptation facile d’un repas frugal . Après avoir préparé nos sacs pour le lendemain, nous nous endormons rapidement du sommeil des justes, que seul procure pour une conscience exigeante. un comportement admirable .
De là partent les bateaux pour Skye, les Small Isles ,et Inverie.
La photo date de 2013. Elles n’ont pas changé.
C’est maintenant le troisième jour de notre voyage.
Je me réveille en sursaut à 6h 15 un peu affolée, croyant que le bateau part dans une heure, car j’ai oublié que nous avons changé de fuseau horaire. Cela fait rire Théodorine, réveillée depuis un moment. Finalement , nous rendormons l’une et l’autre pour nous réveiller de justesse pour le breakfast. Nous l’apprécions vivement, comme d’habitude. Nous regrettons seulement de manger de façon un peu précipitée (mais néanmoins fort efficace) car le ferry n’attend pas et il nous faut acheter nos billets. Finalement, nous montons dans le ferry presque de justesse.
Le départ et la traversée sont un enchantement. Je n’ai jamais vu un aussi beau temps en Ecosse.Tout scintille dans la lumière du matin. Tout est extraordinairement net . Les sommets encore enneigés donnent aux montagnes une allure alpine. Je revois avec plaisir le loch Nevis qui se termine à proximité immédiate de Mallaig, le Ladhar Beinn, le Sgurr na Cicche, qui enneigé ,mérite pleienment le surnom de Cervin du Knoydart.L’Ecosse semble vouloir que nous leur pardonnions les épreuves qu’elle nous a infligées il y a deux ans .
Mallaig, Sgurr na Choinnichean, et Ladhar Bheinn
On voit bien le Ladhar Bheinn, enneigé, et le Sgurr na Cicche, le “Cervin du Knoydart”.
Les Black Cuillins enneigées ,vues de la mer
Rum , Eigg et les Black Cuillins vues du ferry à l’approche de Muck
…meme pas qu’on pouvait poster un photo avec nos messages !
En attendant , je lis votre réçit avec plaisir…et encore d’avantage la partie “Small Isles” que j’aime tellement !
La traversée entre Mallaig et Muck est incroyablement belle. Nous voyons nettement tout le Mainland. Je repère particulièrement les sommets du Knoydart ,et même certains des cols que nous avons franchis en 2012 et 2013 . Je crois identifier le Ben More, le sommet de l’île de Mull. Nous avions vu le même paysage, il y a deux ans, pas avec la même netteté cependant. Mais surtout la vision sur les Black Cuillins de Skye est étonnante. On croirait voir un massif alpin enneigé sortir de la mer.
Nous longeons Eigg, puis nous découvrons Muck, une toute petite île vraiment modeste ,dont le sommet est peu élevé ,et derrière elle s’élèvent les Cuillins de Rum.
Le trajet que doit emprunter le ferry est balisé (ce n’est peut-être pas le bon mot), il ya en effet des écueils de part et d’autre du chenal de navigation qu’il doit emprunter. A l’approche immédiate du port, je me souviens que Joyce m’a écrit de regarder si les phoques n’étaient pas là. Effectivement, un groupe de phoques est étendu sur les rochers. De loin ,ils ressemblent à de grosses sardines ,et quelques d’entre eux plongent à l’approche du ferry. Nous avions déjà vu plusieurs fois un phoque à Mallaig (seulement sa tête d’ailleurs), mais jamais un groupe de phoques étendus au soleil.
A suivre
Arrivée à Port Mor, le port de l’île
Phoques de l’île de Muck (les autres ont déjà plongé)
Nous avons prévu de rester jusqu’au lendemain dans l’île de Muck . Nous empruntons donc la seule véritable route , qui conduit à Gallanach.
Nous découvrons d’abord des moutons, broutant un pré en partie envahi par la mer.Un bouvreuil installé sur son arbre semble nous indiquer qu’il est fermement décidé à défendre son territoire, nous dépassons quelques maisons, et nous nous trouvons très vite en pleine campagne. Des poules en liberté picorent dans un bosquet. Elles vendent elles-mêmes leurs oeufs, un système de libre service. Et presque aussitôt après nous découvrons de vertes prairies, avec une vue splendide sur l’île de Rum, l’île dEigg, et entre ces deux îles ,dans le le lointain, les Balck Cuillins enneigées. Une vision idyllique sous un ciel très bleu. Les prés sont bordés de murs en pierre sèche. Nous repérons un endroit qui pourrait nous convenir, un pré auquel on peut accéder par une petite échelle double très étroite et un peu branlante; en songeant à demander l’autorisation. Dans l’immédiat, nous nous arrêtons au bord de la route pour nous restaurer. En m’éloignant de quelques mètres ,je découvre des faisans. Très peu de temps après, une dame en voiture s’arrête, nous demande si nous savons où loger, et nous apprenons par elle que c’est au craftshop où elle se rend ,que nous devons nous adresserpour savoir où camper.
Nous faisons donc demi-tour en direction du craftshop, il n’y a plus sur la route que des familles de moutons, des familles monoparentales ,mais avec des jumeaux, et nous arrivons au craftshop , boutique de souvenirs salon de thé.
Devant le craftshop, plusieurs tables avec leurs bancs, et une brebis installée avec son fils, au milieu des iris pas encore en fleur. Muck sousle soleil est une île bucolique, une sorte de paradis, malgré tout plutôt venté.
A suivre