Tozeur : en Tunisie, aux portes du désert
Tozeur ou le dépaysement assuré à seulement 2 h 30 de vol de Paris. Porte d’entrée du Sahara, cette ville du Sud tunisien séduit avec sa médina tout en briques et sa vaste palmeraie qui forme l’une des plus belles oasis du pays.
Autour de Tozeur, entre le chott el-Djérid et les montagnes de l’Atlas marquant la frontière avec l’Algérie, de spectaculaires paysages laissent bouche bée : plaines de sable ou de sel, dunes, canyons, oueds, villages fantômes, dromadaires, fennecs et roses des sables composent de saisissants tableaux au goût d’aventure.
Une Tunisie intense et méconnue, à mille lieues de l’agitation de Tunis et des stations balnéaires de la côte.
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Tozeur, une fille du désert
Au bout de la piste, le sable s’étale jusqu’à l’horizon. Tout autour, l’immensité saharienne, à 360°. Dès la descente de l’avion, le décor est planté : Tozeur est une fille du désert. Porte d’entrée du Sahara au sud-est de la Tunisie, c’est la dernière étape avant l’infini aride, une sorte de ville du bout du monde… et pourtant elle ne se trouve qu’à 2 h 30 de vol de Paris !
À l’ouest, l’immense plaine saline asséchée du Chott el-Djérid s’étend sur près de 100 km jusqu’à Douz et au golfe de Gabès. Nulle âme qui vive si ce n’est le trafic de l’unique route qui traverse le chott. À l’est, à 1 h de route, la chaîne de l’Atlas achève sa course à travers le Maghreb marquant la frontière avec l’Algérie. Et, aux portes de Tozeur, l’une des plus belles oasis de Tunisie abrite une splendide palmeraie de 1 000 ha.
Point de rencontre des mondes méditerranéen et subsaharien, Tozeur est aussi une ville frontière et, depuis l’Antiquité, un carrefour de cultures. Cette situation lui a valu une grande prospérité au Moyen Âge. Les caravanes de pèlerins et de commerçants y faisaient halte pour échanger ivoire et esclaves contre des dattes et des tissus de soie et de laine.
Aujourd’hui ville moyenne de 40 000 habitants, Tozeur vit désormais essentiellement du commerce de la datte. De son âge d’or subsiste un intéressant patrimoine, notamment dans sa médina (quartier Ouled-el-Hadef) dont les édifices les plus anciens datent du XIVe siècle.
Épargnée par la modernité, elle déploie une architecture singulière avec ses murs et ses façades aux tons ocre, parés de briquettes d’argile dessinant de splendides décors géométriques, des motifs floraux ou calligraphiques.
On se promène avec délice dans son dédale de ruelles où vit encore une soixantaine de familles, au fil des passages voûtés, des rues à arcades, des mausolées et des placettes secrètes. Quelques maisons d’hôtes (dar) permettent d’y passer la nuit, dans un cadre enchanteur digne des Mille et Une Nuits. Magique !
Prolongez votre découverte de Tozeur par celle des marchés aux artisans et aux dattes dans la ville nouvelle ou par les visites du musée Dar Cheraït (arts, traditions et histoire) et du musée des Arts et traditions populaires, installé au cœur de la médina (rue de Kairouan).
Tozeur, l’une des plus belles palmeraies de Tunisie
À l’orée de la ville de Tozeur, une marée verte. Celle de l’immense palmeraie qui a fait la prospérité de la région. Un labyrinthe végétal de près de 500 000 palmiers, arrosés par un ensemble ingénieux de canaux, dont le plan d’irrigation remonte au XIIIe siècle. Ils sont alimentés par des sources (on compte jusqu’à 200 puits artésiens, aujourd’hui taris pour beaucoup) et des forages dans la nappe phréatique
Sous ses airs de jungle, la palmeraie est en fait un immense jardin créé par l’homme, composé d’une multitude de parcelles et organisé en trois niveaux de plantation : cultures maraîchères au sol, arbres fruitiers (bananiers, figuiers, grenadiers…) et palmiers-dattiers au-dessus.
Pour en savoir plus sur cet univers fascinant et nourricier, il faut absolument visiter le musée-jardin Eden Palm, situé dans la palmeraie. À travers une petite exposition très riche en informations et une balade guidée, on découvre l’histoire de la culture du palmier, ses usages culinaires ou médicinaux, son influence sur les sociétés, les religions et les arts, ainsi que l’origine et l’économie de l’oasis de Tozeur.
De quoi enrichir ses connaissances sur cette plante (eh oui, ce n’est pas un arbre !) cultivée depuis 6 000 ans, apportée au Maghreb par les Babyloniens, pouvant atteindre jusqu’à 20 m de haut, vivre un siècle et produire jusqu’à 100 kg de dattes par an ! En fin de visite, dégustation de produits maison à base de dattes (confitures, miel, crème, cosmétiques) que l’on peut acheter à la boutique.
Des 250 espèces de dattes cultivées en Tunisie, la deglet nour (doigt de lumière) est la plus réputée, reconnaissable par sa chair fine et sa couleur dorée. Moelleuse et sucrée, elle est considérée comme la « reine des dattes » et cultivée dans le bas Sahara, en Algérie et dans le Sud tunisien, dans la région du Djérid qui signifie « palmier » en arabe.
Nefta, la princesse du désert
À 25 km de Tozeur en direction de l’Algérie, bordée par une grande palmeraie, Nefta paraît quelque peu assoupie, songeant peut-être à sa gloire passée. Cette ville de 25 000 habitants fut un haut lieu du tourisme tunisien à l’époque de Bourguiba, qui y installa un hôtel de luxe (aujourd’hui fermé).
Alors surnommée « la princesse du désert », Nefta était connue pour la Corbeille, une palmeraie luxuriante nichée au creux d’un cirque de 25 ha au cœur de la ville. Les sources s’étant taries, cette merveille naturelle est aujourd’hui assez flétrie, couvrant encore le fond du cirque aux dimensions impressionnantes.
Toutefois, Nefta, qu’André Gide affectionnait particulièrement, conserve un charme désuet, une atmosphère authentique que l’on peut savourer en parcourant la médina restée dans son jus. Observez bien les détails des façades, des portes, les plafonds en bois de palmier, les passages voûtés (bortal). Tout en briques ocre aux motifs apparents comme celle de Tozeur, la médina a servi de décor au film Le Patient anglais. Même délabré par endroits, le quartier a vraiment du cachet, ce qui n’a sans doute pas manqué de séduire Hollywood.
Il faut dire que la région est plutôt photogénique. Ainsi, à une dizaine de kilomètres de Nefta, George Lucas a érigé pour le tournage de Star Wars : La Menace fantôme un village de carton-pâte au pied des gigantesques dunes de Ong Jemel. Le décor est toujours debout, étrange et déroutant comme un mirage. Tatouine, nous voilà !
Ville ancienne, Nefta est également considérée comme un centre religieux important de Tunisie, juste après Kairouan. La ville fut le berceau du chiisme au Maghreb au Moyen Âge, avant d’être convertie au sunnisme au XIIIe siècle par le marabout Sidi bou Ali dont la tombe se trouve dans la palmeraie. Éminente localité du soufisme, Nefta compte également de nombreuses mosquées, des mausolées de marabout et des zaouias soufies.
Chebika, Tamerza et Midès : spectaculaires oasis de montagne
Situées près de la frontière algérienne, à un peu plus d’une heure de route de Tozeur, les oasis de montagne valent franchement le détour. Compter une bonne journée d’excursion pour visiter cette région aux paysages spectaculaires.
Au menu, des routes traversant d’immenses plaines désertiques, de placides dromadaires et des fennecs intrépides, des oasis encaissées, des villages fantômes, d’étroits canyons, des étendues lunaires parsemées çà et là de palmeraies… de quoi en prendre plein la vue !
Première halte à Chebika, un ancien poste défense romain à 50 km au nord de Tozeur. Désormais abandonné, le vieux village de Chebika se résume à d’évocatrices ruines accrochées à une montagne ocre et orangée, bordées d’une palmeraie nichée dans une cuvette des plus photogéniques.
Une jolie balade (30 min) conduit à une petite chute d’eau où l’on peut se baigner en longeant l’oued. Le sentier permet de gravir la montagne, d’où l’on a une vue splendide sur l’oasis et le chott el Gharsa.
De Chebika, une route de montagne en épingles à cheveux (15 km) aux marges d’un profond canyon (beaux points de vue) conduit au bourg de Tamerza, également fondé par les Romains et abandonné à la suite de pluies violentes en 1969. En contrebas de la route, au bord de l’oued et de la palmeraie, le vieux village en ruines, mais avec des zaouias intactes, a beaucoup de charme.
Une dizaine de kilomètres plus loin, juste avant la frontière avec l’Algérie, Midès fait penser à l’Ouest américain, une palmeraie en plus. Les ruines de l’ancien village, également abandonné après les inondations de 1969, s’étendent sur un éperon rocheux, défiant le vide. Des stands vendent géodes et fossiles marins trouvés dans la roche.
Au pied des ruines, un canyon aux parois abruptes, profond de 90 m et long de 6 km, entoure le promontoire. Depuis le village, un chemin rejoint le fond du canyon où l’on peut déambuler dans le lit de l’oued asséché et cerné par d’impressionnantes parois verticales. Midès a servi de décor aux films Fort Saganne, Le Patient Anglais et Indiana Jones. Ici, la réalité dépasse la fiction.
Autre curiosité naturelle aux portes de Tozeur, la plaine saline du chott el-Djérid, sorte de désert de sel, s’étend sur une centaine de kilomètres jusqu’à Douz et au golfe de Gabès. Son sol de sable et d’argile est recouvert de cristaux de sel, formant un paysage irréel, où les mirages sont fréquents. Pendant l'hiver, une nappe d’eau superficielle d'épaisseur variable couvre le chott, le rendant impraticable. Une seule route traverse ce paysage typique du Sud tunisien, incontournable.
Fiche pratique
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Comment y aller ?
Transavia dessert Tozeur en vol direct (2 h 30) depuis Paris-Orly les vendredis et lundis. C’est l’unique liaison avec la France. Vol à partir de 64 € l’aller simple.
Quand y aller ?
D’octobre à avril, les températures sont clémentes, voire fraîches la nuit en décembre-janvier. Le soleil est presque toujours de la partie et le thermomètre en journée oscille entre 18 et 28 °C. En été, la chaleur est écrasante, les températures pouvant flirter avec les 50 °C.
Bonnes adresses
– Dar Saïda Beya : 1, rue Ahmed-El-Ayech, à Tozeur. Doubles et suites 112-200 €, petit déj inclus. Repas sur résa. Dans une rue calme à deux pas de la médina, une très belle maison traditionnelle avec patio, construite en brique de Tozeur. Chambres confortables et décorées avec goût. Terrasse sur le toit, beau hammam, cuisine raffinée et accueil adorable.
– Dar Tozeur : dans la médina (à 100 m de la porte bab Sidi-Mchentel), à Tozeur. Magnifique demeure traditionnelle de la médina avec un jardin arboré de palmiers. Chambres et suites très confortables, disposées pour la plupart autour d’un patio et joliment décorées. Hammam, massages, piscines avec transat dans le jardin et toit-terrasse avec vue. Bonne cuisine locale. Enchanteur ! Doubles 390-540 Dt, soit 130/180 € (jusqu’à 800 Dt les suites), avec petit déj. Repas (70 Dt, 22 €) sur résa.
– Diar Abou Habibi : au fond de la palmeraie, après le parc Chak-Wak, à Tozeur. Une quinzaine de cabanes en bois montées sur pilotis et disséminées au cœur d’une magnifique palmeraie de 1 ha. Bon confort, hamacs dans le jardin, piscine et resto. Un petit paradis, idéal pour les séjours en famille. Cabanes 420-520 Dt (130-170 €)pour 2-4 pers. Dîner (sur résa) 45 Dt.
– Palm Beach Palace : avenue Abdulkacem Chebbi, à Tozeur. Entre Tozeur et l’aéroport, ce vaste complexe aux airs de palais oriental a certes un peu vécu, mais il conserve un rapport qualité-prix correct avec des chambres spacieuses, piscine, buffet petit déjeuner… mais pas de wifi en chambre. Compter 70-100 € selon chambre et saison.
– Résidence Al-Madina : rue Hedi-Chaker, à Tozeur. Entre hôtel et maison d’hôtes, ce petit établissement calme et soigné propose des chambres agencées autour d’un patio, sur 2 niveaux. Compter 40-60 € Dt (13-20 €)pour 2 selon saison, petit déj inclus. Clim et chauffage en sus.
– Anantara Sahara Tozeur : Mrah lahwar 2200, à Tozeur. Le luxe au cœur du désert, avec vue sur l’immensité du chott El-DJérid. C’est ce qu’offre cet établissement hors du commun et très chic, avec 50 chambres et 43 villas alliant grand confort et déco raffinée au cœur d’un beau jardin avec piscine. Spa d’une qualité exceptionnelle (équipement, salle de hammam, massages…) et nombreuses activités : dîner romantique « nuit berbère », excursions dans le désert, coucher de soleil sur les dunes… Idéal pour une escapade en amoureux dans le Sahara. Compter 250-400 € la double selon saison.
– Dar Hi Life : quartier Ezaouia, à Nefta. Un hôtel de style contemporain, écologique et équitable, donnant sur la « Corbeille » de Nefta et conçu par la designer Matali Crasset. Entre maison d’hôtes design et écolodge, un havre de paix moderne où l’on peut profiter aussi d’une piscine d’eau chaude thermale et d’un hammam. Savoureuse cuisine dont les recettes sont à retrouver dans le livre La Cuisine de l’oasis – Se nourrir de l’essentiel (éd. du Cherche-Midi, 2021). Compter 130-150 € la double.
– Diari Tamerza : presque au bout du village de Tamerza en allant vers Midès/Redayef, fléché sur la droite. Tél. : 98-512-521. Très bon resto familial dans le village de Tamerza, avec une agréable terrasse arborée, où l’on déguste une vraie cuisine régionale mitonnée dans les règles de l’art. Brick, tajine, couscous ou koucha de poulet, d’agneau ou de dromadaire… Menus (normal ou dégustation) 35-60 Dt (11-189€), à commander la veille ou le matin ! Pas d’alcool.
– Sahara Lounge : dans la palmeraie, en allant vers le parc Chak-Wak. Accropalmes, mur d’escalade, tyroliennes et un espace consacré aux plus jeunes, le tout au cœur de la palmeraie. De quoi ravir les enfants, mais aussi les parents ! Tlj 9h-coucher du soleil. Compter 25 Dt pour l’accropalmes (réservé aux plus de 12 ans), 10 Dt pour la tyrolienne et 15 Dt pour le mur d’escalade (réservé aux plus de 15 ans).
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Texte : Jean-Philippe Damiani
