Grenade, la métisse d’Andalousie

Grenade, la métisse d’Andalousie
Alhambra © sborisov - stock.adobe.com

Que visiter à Grenade ?

Dans un site grandiose, au pied des montagnes de la Sierra Nevada, Grenade subjugue avec ses trésors d’art mudéjar, mais aussi par le faste baroque de ses églises, un mix à l’image de l’Andalousie. Ici, dans cette ville où les cultures se sont succédé, planent dans les rues un parfum d’orangers et une histoire entremêlée de caractères arabes, latins, hébraïques.

Lorsque souffle le vent, l’appel aux fidèles du muezzin semble resurgir de la colline de l’Albaicín. Son chant mélodieux irradie l’Alhambra, magnifiquement campé sur son éperon rocheux. Dans la ville basse, les cloches de la cathédrale hurlent à tue-tête leur foi catholique. Tandis que les ruelles secrètes de l’ancien quartier juif, à flanc de coteau, scintillent la nuit du souvenir vacillant de mille et une flammes de ménorahs célébrant shabbat…

Balade à travers les cultures, dans cette ville andalouse, parmi les plus séduisantes d’Europe.

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Grenade musulmane : l’Alhambra au sommet

Grenade musulmane : l’Alhambra au sommet
L’Alhambra © sborisov - stock.adobe.com

L’Alhambra, 8 h 30 du matin. Nous sommes prêts pour visiter ce joyau de Grenade, avant que la foule n’y accoure (penser à réserver !). Par-delà les créneaux des remparts, le soleil levant embrase le ciel puis la colline de l’Albaicín. On passera la journée complète à explorer de la cave au grenier cet exemple unique en Europe d’architecture arabo-andalouse médiévale.

Érigé en 1238, l’Alhambra s’est enrichi au fil du temps de l’esthétisme subtil des sultans de Grenade, jusqu’au XVe siècle, où les catholiques ont hissé leur croix sur cet éperon verrouillé par 2 000 m de hauts remparts.

Alhambra - Patio des Lions © GISTEL - stock.adobe.com

Les palais nasrides sont les pièces maîtresses de ce puzzle prodigieux, résidence des khalifes musulmans. La maîtrise des volumes, les courbes orientalisantes, les motifs géométriques y font merveille de la salle du Conseil à la chambre dorée et de la cour des Myrtes au salon des Ambassadeurs. Tous azimuts, des zelliges en veux-tu en voilà, des plafonds à caissons de style mudéjar, des muqarnas (voûtes à stalactites), des dentelles de marbre, des moucharabiehs...

Dans les patios, sous le compas des architectes arabes, eau rime avec brio. Point d’orgue, le magnifique patio des Lions se dévoile au travers d’une forêt de délicates colonnes. Les 12 lions de la fontaine centrale crachent un doux filet d’eau dont le rugissement caresse l’oreille tel le chant d’un oisillon.

Alhambra - jardins du Partal © mrks_v - stock.adobe.com

On sort groggy de cette découverte, avant de parcourir le reste de cette incroyable forteresse. Les palais y jouxtaient la médina Al-Hamrá où logeaient artisans, familles de soldats et aristocrates. Tout d’abord, les magnifiques jardins du Partal. On aime leur ambiance ainsi que le panorama magnifique sur l’Albaicín, dont on jouit depuis le mirador.

Transformé en musées, le palais de Charles Quint mérite la visite. C’est l’un des rares apports chrétiens dans l’Alhambra après que ceux-ci eurent chassé le dernier émir : il fallait bien que Charles V apposât le sceau de son empire !

Alhambra - jardins du Généralife © Jose Ignacio Soto - Adobe Stock

Autre témoignage de l’imbrication des héritages musulman et catholique, l’église Santa Maria s’élève à la place de la mosquée de jadis, à côté des bains, clairement de tradition mauresque, eux. Forteresse plantée à l’extrémité de l’éperon rocheux, l’Alcazaba, dont l’austérité des murs n’enlève rien au panorama imprenable sur tout Grenade.

Les superbes jardins du Généralife offrent, enfin, une perspective imprenable sur les remparts et le palais. On quitte ce merveilleux ensemble par la porte de la Justice où l’inscription en arabe « Il n’y a d’autre dieu qu’Allah » voisine une vierge du XVIe siècle… Encore et toujours cette olla-podrida (pot-pourri) de monothéismes…

Le + de routard.com :

Le site n’offre rien de notable pour déjeuner. Tant mieux, on s’offrira un pique-nique d’anthologie dans les jardins du Partal, ou ceux du Généralife. Le nom de ces derniers dérive de Jannat-al-Arif qui signifie « Paradis », c’est dire !

Enfin, rappelons-le : réservation plus que conseillée au moins 3 semaines à l’avance hors saison et 2 mois à la haute saison sur tickets.alhambra-patronato.es

Grenade la musulmane : l’Albaicín , entre maisons blanches et miradors

Grenade la musulmane : l’Albaicín , entre maisons blanches et miradors
Albaicin © Rumir - stock.adobe.com

La colline de l’Albaicín résonne encore bien fort de son passé musulman. Comme l’Alhambra, le quartier a reçu les faveurs méritées de l’Unesco. Son lacis de venelles, ses maisons blanches dotées de jardins (les carmens), ses pavements de petits galets, constituèrent la médina dès le XIe siècle, avant même la construction de l’Alhambra. À son apogée, 600 000 âmes y vibraient 5 fois par jour à l’appel de 26 mosquées, ce jusqu’au funeste Noël de 1568 où les épées catholiques vinrent semer la mort parmi les mahométans.

On aborde le quartier depuis le profond vallon du rio Darro, qui le sépare de la colline de l’Alhambra. La découverte commence à toutes vapeurs par les bains maures (el bañuelo) puis la casa Morisca, un charmant édifice nasride remontant au XVe siècle. Suit une longue montée, de ruelles pentues en escaliers, de hauts murs blancs en placettes ombragées.

Grande mosquée - Albaicin © Fabrice Doumergue

Tout en haut, la crête aligne des belvédères ouvrant sur autant de cartes postales : l’Alhambra au premier plan et les hauts sommets de la sierra de Huétor en toile de fond. Notre favori, car peu couru, le mirador placeta de Carvajales. Mais on n’échappera pas au célébrissime mirador de San Nicolás. Attenant, la grande mosquée, devancée d’un agréable jardin et dont le minaret ressemble incroyablement à sa cousinade de clochers chrétiens tout autour. Seuls les jamors qui le chapeautent, plutôt qu’une croix, attestent sa foi coranique.

Pour finir cette balade, on pourra visiter la proche et jolie maison de Max Moreau, un peintre belge (de là encore, une belle vue) et boire un coup sur l’agréable placeta de San Miguel Bajo. À la redescente, le versant ouest de la colline réserve encore de jolis points de vue aux mirador Ojo de Granada et mirador de Tato, donnant sur la basse ville et l’imposant dôme de la cathédrale.

Le + de routard.com :

Visiter l’Albaicín l’après-midi, lorsque l’astre du jour éclaire le mieux l’Alhambra. C’est encore plus somptueux lorsque les rayons du soleil couchant enflamment les remparts et le palais : Al-Hambra signifie « La rouge », on comprend mieux pourquoi.

Grenade catholique : la ville basse de Sagrario

Grenade catholique : la ville basse de Sagrario
Palacio de la Madraza © Walter_D - stock.adobe.com

Même si elle existait déjà du temps du khalifat, la ville basse, Sagrario, s’est principalement développée depuis le retour des catholiques, au XVe siècle. C’est aujourd’hui le centre névralgique de la ville moderne et son cœur commerçant. On s’intéressera d’abord au palacio de la Madraza. Parfaite fusion des deux religions, il fut école coranique jusqu’au XIVe siècle avant de devenir l’hôtel de ville du temps des rois catholiques, dès le XVIe siècle.

De la première période subsiste la très belle salle verte, décorée d’un entrelacs de stucs calligraphiés en arabe. L’ancienne salle du conseil, chapeautée d’un superbe plafond en bois mudéjar, mélange motifs géométriques arabisants et peintures chrétiennes…

Capilla Real © Walter_D - stock.adobe.com

Dans la même ruelle, à l’ombre des pinacles de la cathédrale, la fastueuse capilla Real abrite les tombeaux des premiers rois catholiques : Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, ainsi que leur fille Jeanne la Folle et son mari Philippe le Beau (ne pas confondre avec notre Philippe le Bel).

À partir de Charles Quint, fils de Jeanne, les rois seront inhumés à l’Escurial, au nord de Madrid… Dans la sacristie sont exposés la couronne, le sceptre et l’épée censés avoir ramené la foi chrétienne sur ces pentes…

Cathédrale de Grenade © dbrnjhrj - stock.adobe.com

De l’épée au goupillon, du tombeau des rois catholiques à la cathédrale, il n’y a qu’un pas, au propre comme au figuré puisque les deux édifices sont imbriqués l’un dans l’autre. La basilique a été érigée à partir du XVIe siècle dans des styles à la fois gothique, Renaissance et baroque. Cela donne au regard une touche entremêlée des plus plaisantes. Bon, évidemment, Isabelle voulut bien marquer sa terre au fer rouge de la croix. Alors l’édifice est au choix grandiose, grandiloquent, ostentatoire, démesuré. Voire tout à la fois !

Alcaiceria © Eduardo Frederiksen - stock.adobe.com

En complément de cette trilogie, quelques édifices marquants. Le monasterio San Jerónimo, pour commencer, organisé autour d’un immense cloître à étages et dont la décoration surchargée de l’église illustre à quel point la nature a horreur du vide.

Enfin, pour se faire une cure de décor baroquissime, la basilica San Juan de Dios : un pastis à la grenadine de fresques dorées, stucs et sculptures. Pas 1 mm² n’échappe à cette rage décorative du XVIIIe siècle !

Et pour finir ce tour dans la ville basse, deux vestiges datant de l’hégire : le corral del Carbón, un ancien caravansérail très (trop !) rénové et l’Alcaiceria, l’ancien souk, assez croquignolet où l’on pourra traîner ses envies d’achat.

Le + de routard.com :

Pour se remettre des visites à l’heure du goûter, le Gran café Bib-Rambla propose depuis 1907 d’excellents churros sous un immense plafonnier en vitrail, ou en terrasse sur l’une des plus jolies places du Sagrario. Et comme on n’est pas regardant sur les calories, on trempe ses churros dans un succulent chocolat chaud !

Grenade la juive : le quartier du Realejo

Grenade la juive : le quartier du Realejo
Realejo © Miguel Ángel RM - stock.adobe.com

Les premiers Juifs ont rejoint le sud de la péninsule ibérique en 70 ap. J.-C., à la suite de la seconde destruction du Temple. Dans la cité romaine de Lliberis (qui couvrait l’Albaicín et l’Alcazaba), les Juifs créèrent un nouveau quartier nommé Granata… Le nom de Grenade viendrait de là !

À l’arrivée des musulmans, la ville comptait tant d’Israélites qu’elle hérita du nom de Gharnata Al-Yahud (la Grenade des Juifs). La période du khalifat fut mi-figue mi-raisin, les Juifs étant bien ou malmenés selon les dynasties au pouvoir. Ils virent avec soulagement le retour des chrétiens, avant d’être chassés d’Espagne lorsque les Rois catholiques promulguèrent l’édit d’expulsion des Juifs, le 31 mars 1492. La communauté comptait alors 20 000 à 40 000 croyants à Grenade. Une mémoire aujourd’hui presque totalement effacée.

Petite incursion dans l’ancien quartier juif, le Realejo. À deux pas du Sagrario et au pied des collines de l’Alhambra, la statue de Judah ben Saul Ibn Tibón atteste combien l’histoire de Grenade était liée à sa communauté juive au Moyen Âge. Ce rabbin linguiste aura une longue destinée itinérante qui le mènera jusqu’à Lunel, en France, où il deviendra une figure importante du judaïsme languedocien du XIIe siècle.

Callerón de Pavaneras © lunamarina - stock.adobe.com

 Autre personnage marquant, Samuel ibn Nagrela était Vizir de Grenade au XIe siècle et même chef de l’armée berbère… tout en étant poète, linguiste et rabbin principal de Grenade, avec titre de naggid (prince) ! Son destin comme vizir témoigne de l’imbrication des communautés dans l’organisation de la taïfa (sultanat) de Grenade durant « l’âge d’or ». Pourtant, son fils, qui lui succédera comme vizir, finira de façon tragique. Son lynchage signera le premier acte du massacre de 4 000 Juifs par les musulmans !

En suivant la calle Pavaneras, on atteint l’adorable callerón de Pavaneras très joliment pavé d’un motif de galets auquel répond, un peu plus loin, le superbe dallage de la Plazza del Padre Suárez. Une jolie place qu’illumine la façade ornée de statues de la casa de los Tiros (XVIe siècle ), transformée en musée encyclopédique de Grenade. Peinture, sculpture, objets du quotidien… avec en point d’orgue l’incroyable plafond à caisson de sa salle dite cuadra dorada.

Lavoir - plaza Puerta del Sol © Fabrice Doumergue

Depuis cette partie basse (et plate) du Realejo, on s’engage sur la colline par des ruelles charmantes et secrètes. La calleta Pañera aboutit à l’aljibe Rodrigo del Campo, une très belle citerne publique musulmane du XIVe siècle.

On se faufile ensuite dans le réseau des venelles bordées de maisons blanches pour rejoindre le touchant museo Sefardi. La mezouzah apposée au chambranle de la porte dit tout de la confession du lieu. Son adorable propriétaire francophone, Béatrice Chevalier Sola entretien avec passion la flamme de cette communauté juive composée aujourd’hui de… quatre familles en tout et pour tout.

Suite de l’ascension par un bel enchaînement d’escaliers et rambardes en galets jusqu’à la jolie plaza Puerta del Sol. Une porte fortifiée s’y trouvait jadis. Un lavoir couvert bâti par la communauté juive au XVIIe siècle en occupe le centre. De cette place, on bénéficie, mine de rien, de l’une des plus belles vues sur la ville basse et la cathédrale. En poursuivant l’ascension, on laisse à gauche les torres Balmejas qui faisaient également partie des fortifications.

On surplombe le quartier juif, l’Alhambra musulman à portée de regard d’un côté, la cathédrale catholique de l’autre… Cette itinérance à la croisée des monothéismes se boucle.

Le + de routard.com :

Juste au-dessus du Realjo, la maison de Manuel de Falla domine la ville. Il y vécut avant de s’exiler en Argentine. On visite l’intimité modeste du compositeur. Un centre culturel attenant propose des concerts réguliers.

Fiche pratique

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Office espagnol du tourisme

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Comment y aller ?

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Grenade est reliée en train (TGV) à toutes les grandes villes d’Espagne et surtout ses sœurs andalouses Cordoue, mais aussi Malaga et Séville dotées toutes deux d’un aéroport international.

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Bonnes adresses

– Casa de Reyes : c/ Laurel de las Tablas, 17. Un hébergement au cœur de Sagrario, aux bons soins de Manuel et Encarni. L’ensemble, d’un excellent rapport qualité prix, bénéficie d’un décor néomédiéval assumé. Doubles 50-80 €.

– Hotel Molinos : c/ Molinos, 12. Les chambres sont petites ? Normal, cet hôtel du Realejo est classé dans le Livre Guiness des records au titre du plus étroit au monde ! Mais l’équipement et le confort y sont. Doubles 50-90 €.

– Parador de Granada : real de la Alhambra. Le parador le plus cher d’Espagne ! Oui, mais dans un ancien palais maure converti un temps en couvent, au cœur du château de l’Alhambra. Ça vaut le « coût » de casser la tirelire ! Doubles plus de 210 €.

– Tocateja : c/ Trinidad, 8. Tlj sauf dim., midi et soir. Notre favori pour tapear (manger des tapas) à des prix très abordables, sur des barriques transformées en tables, accompagné d’un bon vin. Service impeccable et déco un brin déjantée sous le haut plafond. Tapas 3-6 €. Plats 8-18 €.

– Mas que Vinos : c/ Tundidores, 10. Tlj. Dans une ruelle un peu secrète, une taverne moderne fréquentée par des locaux. On aime bien. Tapas 3-6 €. Plat 10-20 €.

– El Picoteo : c/ Agua del Albayzin, 20. Tlj sauf dim. soir. Il faut jouer des hanches et de son meilleur profil égyptien pour caler un coude sur un tonneau ou sur le bar de ce « picoreur ». On s’en lèche les doigts en se promettant de revenir ! Tapas 2-5 €. Plat 10-15 €.

– Taberna La Tana : placeta del Agua, 3. Tlj. Les tapas servent ici de prétexte à tester la multitude de bons vins proposés par une carte épique. Et le patron est un fin connaisseur. Tapas 3-8 €.

– El Huerto de Juan Ranas : callerón Atarazana Vieja, 8. Tlj 11h-1h30 du mat. Placé juste sous le mirador San Nicolás, voilà l’endroit idéal pour boire un coup face à la plus belle vue sur l’Alhambra. On n’est pas seul, of course !

– Gran Café Bib-Rambla : pl. Bib-Rambla,3. Tlj 8h-22h (minuit en saison). Voir « Le + de Routard.com » du quartier Sagrario.

– Hammam Al Andalus : c/ Santa Ana, 16. Un lieu magique pour pénétrer le monde des bains arabes. Couverts d’azulejos, plusieurs bassins à différentes températures. Notre préféré pour se mettre dans le bain à Grenade !

Texte : Fabrice Doumergue

Mise en ligne :

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