Des musiques à l'image d'un pays

Peuplé aujourd'hui de près de 175 millions d'habitants, le Brésil est une république dont la capitale est Brasilia. Il s'agit d'une fédération d'États regroupés en régions. Seule nation lusophone d'Amérique du Sud, il se situe entre l'équateur et le tropique du Capricorne. L'essentiel de la population et des activités économiques se trouvent sur la côte atlantique. À l'intérieur, le pays se divise entre plateaux et jungle amazonienne.

© Hachette LivreLa colonisation par les Portugais commence en 1500, du côté de la future Salvador de Bahia. Très vite, on importe des esclaves d'Afrique pour qu'ils travaillent dans les plantations de canne à sucre. Après les Français qui ont échoué à y implanter des colonies « antarctiques » et « équinoxiales » au milieu du XVIIe siècle, les Hollandais tentent de ravir leur conquête aux Portugais - ce sont eux qui fondent Recife. Quelles musiques seraient nées si les Gaulois ou les Bataves l'avaient emporté sur les Lusitaniens ? En 1822, c'est l'indépendance. En 1889, la république remplace l'empire, un an après l'abolition de l'esclavage. Les immigrants débarquent en masse : Portugais, bien sûr, mais aussi Espagnols, Italiens, Allemands, Libanais, Syriens et Japonais. Cependant, la population d'origine africaine reste aujourd'hui la plus importante en nombre, quoique le métissage soit une réalité incontournable : y a-t-il un autre pays dans le monde où l'on s'est autant mélangé ? Est-il donc étonnant que ses musiques soient aussi bigarrées ?

L'art populaire vivant est très riche, mêlant musique, danse, théâtre, rituels religieux symbolisés, par exemple, par les carnavals maracatu du Pernambuco (Nordeste) durant lesquels les participants défilent déguisés en interprétant des simulacres de couronnement avec rois, reines, esclaves, saints, divinités africaines… Dans tout le pays existent des festivités de ce genre.

Ce qui reste des cultures amérindiennes dans les musiques du Brésil ? Quand on écoute celles des peuples amazoniens, on est tenté de répondre : pas grand-chose. Les appareils d'enregistrement n'ayant pas fait partie du matériel des premiers conquérants européens des années 1500, on ne sait pas quel type de musique on jouait alors sur les côtes du pays, zones où se sont concentrés les colonisateurs et leurs esclaves. En revanche, dans les communautés qui subsistent de-ci, de-là hors de la jungle amazonienne, il se pratique encore des chants et des danses qui influencent les musiques populaires, par exemple, celles que l'on entend dans le nord du pays.

Les Portugais ont donné aux musiques brésiliennes l'art de la chanson à l'européenne, notamment celui de la romance - sorte de ballade - , ainsi que ce délicieux spleen dont sont empreints leurs folklores. On a aussi écrit de la musique savante d'inspiration occidentale - ou plutôt orientale si l'on se place du point de vue brésilien ! - au Brésil. Heitor Villa-Lobos (1887-1959) en est le grand maître. Ses œuvres sont jouées à travers le monde, surtout dans des salles où lorsqu'on danse, c'est principalement sur scène et en tutu. Comme nombre de compositeurs d'Europe, Villa-Lobos s'est beaucoup inspiré des musiques populaires de son pays. Ses principales œuvres sont les Bachianas brasileiras, les Impressôes seresteiras ou encore les Cirandas et Cirandihnas. L'un de ses amis, le Français Darius Milhaud, puisera aux mêmes sources pour composer Saudades do Brasil. Sur le plan instrumental, les Portugais ont offert aux musiciens brésiliens deux guitares que l'on utilise toujours : la viola et le petit cavaquinho, instrument à quatre cordes métalliques. Enfin, ce sont eux qui ont organisé les premiers carnavals, une tradition européenne, à Rio.

Masques de carnaval du Pernambuco © BanjeeLes Africains auraient été dix millions, estime-t-on, à être déportés au Brésil. Ils venaient des côtes ouest de leur continent, principalement des actuels Angola, Congo et Nigeria. Les rites et rythmes de ces peuples d'origine bantoue et yoruba, notamment, sont encore très présents dans la culture afro-brésilienne. Parmi les traces les plus visibles : le batuque, socle de la plupart des danses du pays, le berimbau, un instrument prenant la forme d'un arc en bois avec filin d'acier lié à une calebasse, les rites candomblé, la lutte capoeira

Il ne faut pas oublier que le Brésil forme quasiment un sous-continent à lui tout seul, cette terre est environnée de contrées aux cultures très fortes. Les nombreux genres afro-caribéens, les styles venus du cône sud ou d'Amérique centrale ont joué leur rôle dans l'évolution des musiques du Brésil. Enfin, depuis la seconde moitié du XXe siècle, les frontières culturelles du pays, déjà bien poreuses, se sont complètement ouvertes. Les genres internationaux se sont donc bien acclimatés de Bélem à Porto Alegre : jazz, rock, soul, reggae, rap, électro…

Chaque région a développé ses styles. Bien que l'on ne puisse généraliser, disons qu'en suivant la côte depuis le nord du pays, à Recife notamment, on est plus indien, à Bahia africain, et à partir de Rio, on est très sensible aux influences européennes et états-uniennes. Mais une fois que l'on a dit cela, on n'a rien dit !

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Indiens au corps peint, hommes et femmes, dansant au tambour.
Extrait de Voyage pittoresque et historique au Brésil,
ou séjour d'un artiste français au Brésil depuis 1816 jusqu'en 1821
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Debret, Jean-Baptiste 1835 (XIXe s.). © Hachette Livre
Masques de carnaval du Pernambuco © Banjee

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