Roman noir en Galice
L’action des volontaires en Galice
Durant cette semaine, notre équipe n’est pas la seule mobilisée.
Ils sont plus de 323 volontaires à s’être déplacés des quatre coins de
l’Espagne, de la Belgique, de l’Allemagne et de la France, pour proposer leurs
aide et leur bonne humeur. C’est de leur hôtel de charme, le gymnase municipal,
que ces volontarios, harnachés de cirés et protégés de masques, sont
dirigés chaque jour, au gré des arrivages de mazout, vers les plages de Mar
de Fora, d’Arnela, ou de O Rostro. Sur les lieux du sinistre, la guardia
civil supervise les chantiers. Les travaux sont méthodiquement organisés,
et trois cellules d’une centaine de personnes se répartissent le labeur. La
première participe aux sauvetages des oiseaux « emmazoutés », la seconde
s’acharne, bien qu’en vain, à nettoyer les rochers à l’aide de raclettes, d’eau
chaude et de solvants. La troisième, elle, œuvre sur les plages. C’est à cette
tâche que notre équipe s’est adjointe. Les moyens employés diffèrent selon le
degré de pollution. Dans les endroits fortement touchés, ce sont des seaux entiers
de pétrole « pur » que les volontaires récupèrent. Ils sont systématiquement
secondés de pelleteuses, tant les quantités sont grandes et le pétrole lourd.
Sur les plages moins touchées, le travail consiste en une fouille méticuleuse
du sable afin de traquer la moindre pépite de pétrole. Comme le rappelle chaque
jour le va-et-vient des marées qui laisse derrière lui de nouvelles plaques
de chapapote (pétrole), ce travail devra être réitéré des milliers de
fois pour être efficace.
Sur les 77 000 tonnes de pétrole que contenait le Prestige, 27 000 se
sont déversées dans l’océan. Le reste semble provisoirement maintenu dans la
coque grâce aux travaux du sous-marin le Nautile : huit fissures
sur les quatorze répertoriées ont déjà été colmatées. Mais seules 1 500 tonnes
de pétrole ont pour l’instant été récupérées en mer. Et ce travail est essentiel
dans la chaîne de nettoyage : chaque tonne ramassée par pompage ou à l’aide
de filets évite dix tonnes de détritus à récolter sur les plages !
Il faut donc que la solidarité ne s’essouffle pas et se développe. C’est ce
que s’efforce de faire Soap Tanker en nouant des partenariats forts avec
les municipalités du Grand Ouest, comme Muxia. Les fondateurs de l’association
sont originaires du Finistère ou de la Charente-Maritime, et se sentent donc
plus que jamais concernés par les marées noires. Ces derniers, comme toute la
population touchée par la catastrophe, restent dans l’expectative d’une réforme
du droit maritime international. « Il apparaît scandaleux que trois ans
après l’Érika, nous soyons encore confrontés à ce type de problème », s’insurge
Grégory Gendre. Il est en effet aberrant de constater la lenteur de la mise
en pratique des promesses faites hier par les politiques en matière de réglementation
et de surveillance des transports maritimes.
Texte : Bénédicte Moral
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