Lamu, la petite Zanzibar
La perle de l’Afrique orientale
Lorsque le grand voyageur arabe Ibn Batouta débarque sur l’île au XIVe siècle, il découvre une cité prospère, entièrement vouée au commerce et néanmoins respectueuse des lois coraniques. Lamu n'est alors que l'un des nombreux ports jalonnant la côte orientale de l'Afrique, un pion sur l'échiquier des routes maritimes arabes.
Dans le Périple de la Mer Erythréenne, un Grec résidant en Égypte raconte son exploration de la côte est-africaine et témoigne de réseaux d'échanges existant déjà entre le Golfe Persique, l'Inde et l'Afrique Orientale. Après l’avènement de l’islam, la « Côte des Noirs », Zandji-Bar, est méticuleusement explorée, puis exploitée, par des marchands arabes et persans. Les textes anciens évoquent les fabuleuses ressources de cette terre sans armée, ouverte à tous les pillages. Dès le VIIe siècle, des esclaves font l’objet d’un tribut annuel payé par le roi de Nubie. En Mésopotamie, contraints d’assécher les marais, ils meurent par milliers et se révoltent, prenant même Bassora et massacrant sa population au IXe siècle. À cette date, on retrouve déjà des esclaves noirs à Java et en Chine ! C’est au même moment, semble-t-il, que le comptoir de Lamu voit le jour.
Textiles, verrerie, blé et vin sont échangés contre l’ivoire, la corne de rhinocéros (déjà !), le bois de palétuvier. Des commerçants s’installent à demeure, mêlent leur sang à celui des Africains : c’est ainsi, au gré du métissage, que naît la culture swahilie (de « sahel », la côte). La langue imbrique structures bantoues et vocabulaire arabe, auquel se marieront, plus tard, mots indiens, portugais et anglais.
Texte : Claude Hervé-Bazin
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