Casablanca la méconnue
À la recherche de la médina perdue
La médina n’est qu’à cinq minutes de marche. Petite mais pleine de vie, chargée d’histoire mais guettée par l’oubli, elle mérite qu’on la redécouvre et la préserve. En 2006, le festival de Casablanca a tenté un début de réhabilitation en proposant un itinéraire ponctué d’art urbain, traçant un chemin entre les motocyclettes au moteur crépitant et les dribbles effrénés des gamins.
Au départ, rien de tel qu’un atei (thé à la menthe) fumant place Sidi Bou Smara, à l’ombre d’un ficus géant planté par le saint qui a donné son nom à la place. L’écorce de l’arbre porte encore les cicatrices des clous. Il furent plantés par les habitants pour que soit exaucé leur vœu de s’enraciner dans cette ville pleine de promesses à l’heure de l’exode rural. Sur la droite, rue des Cols-Bleus, s'impose la maison de Hajj Benjelloun Touimy, fondateur du Comité olympique du royaume, que l’on surnommait « Chocolat » pour sa gentillesse à l’époque où cette sucrerie venait d'arriver au Maroc avec le débarquement américain. Dans la rue de la Douane se trouvent l’ancienne demeure de « Chai » Zemmouri, importateur de thé au Maroc, et la maison de Touzani, directeur du port avant l'indépendance.
C’est au sous-sol de l’Hôtel Central, place Ahmed el Bidaoui, qu’a été fondé le WAC, l’un des deux grands clubs de foot de Casa dont la médina est un bastion fervent. Juste à côté, discrète, l’auberge de jeunesse, première du réseau marocain fondé en 1947, accueille les baroudeurs dans une bâtisse construite en 1936 pour faciliter l’attente des jeunes Français passagers du Casa-Marseille. Soixante-dix ans plus tard, le port est en travaux pour devenir une marina chic. Autant de bouts d’histoire qu’aucun panneau n’enseigne, mais que les gens racontent parfois, si on le leur demande.
Texte : Cerise Maréchaud
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