Buenos Aires, l’imagination au pouvoir
La revanche du tango
Le tango, victime de ceux qui en ont fait le « label touristique argentin » par excellence, a été longtemps dénigré par les jeunes Porteños. Ces dix dernières années cependant, le tango s’est renouvelé en se rapprochant de la scène musicale underground de la capitale. D’abord confiné dans le cercle des grands maestros du tango, il est aujourd’hui redécouvert par de nouvelles générations de danseurs argentins. « Depuis dix ans, le tango est redevenu à la mode, notamment chez les jeunes. Le tango est une danse qui révèle notre manière de penser », commente Martin, 23 ans et jeune danseur.
Omar Viola est un acteur important de cette nouvelle scène du tango. Acteur et producteur de théâtre à off-Corrientes, une zone de salles de théâtre alternatif située près de l’avenue Corrientes, il a renouvelé le genre. Les curieux pourront se rendre au Parakultural pour y voir un tango explosif interprété par la danseuse Maria Pantuso, l'acteur Olkar Ramirez et le DJ et le producteur de radio Luis Tarantino.
Le groupe Las Munacas propose, de son côté, un tango de tendance punk. L’esprit du célèbre danseur toulousain Carlos Gardel y est présent mais revisité par une touche underground. Le groupe se produit dans la milonga La Catedral, très proche de l’esprit du Parakultural. Le lieu, dont la décoration est faite d’objets de récupération, n’est pas sans rappeler l’esprit du tango des faubourgs du début du siècle.
À Palermo, assistez aux bals organisés par les DJ's Horacio Godoy et Dogui Herrador avec les danseurs Luis Solanas et Cecilia Troncoso. Le DJ Horacio Godoy propose un set mélangeant le tango avec du rock’n’roll, de la chacarera, du jazz et de la cumbia. Mais c’est dans le centre culturel Torcato Tasso, face au mythique Parque Lezama, en compagnie d’Hernan Greco et de Federico Moya que vous trouverez votre bonheur. Ces deux bals attirent une foule de jeunes qui s'intéressent à la nouvelle scène du tango. Il y règne parfois une sorte d'hystérie collective. On y retrouve des groupes comme L'Orchestre Color Tango, El Arranque, Los Reyes del Compas ou Los Señores del Tango.
Le tango maintient son essence, malgré les mauvais traitements que certains lui causent, en se renouvelant et en évoluant. La nouvelle scène de danseurs opte pour la fusion des styles. Les jeunes redécouvrent ainsi cette danse et y prennent plaisir. Ils réalisent que le caractère « sauvage » du vieux tango n’est pas loin de la réalité de certaines scènes musicales underground. Les rockers, les rollingas, s’identifient ainsi parfois le temps d’un spectacle aux jeunes tangueristes qui défiaient les bonnes mœurs au début du siècle avec leurs cheveux gominés, leurs juste-au-corps et leurs talons.
Texte : Laure Delmoly
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