Valparaiso, prenez l’ascenseur !
Au pied des cerros, la cacophonie
Au premier coup d’œil, le centre de Valparaiso (275 000 habitants) paraît typique de bien des grandes villes d'Amérique Latine avec ses grandes avenues où caracolent des bus poussifs crachant des volutes noirâtres, ses embouteillages et ses dépassements aléatoires, ses immeubles modernes et d'autres sans grand charme remontant aux années 20. Un lieu à l’apparence brouillonne, désordonnée et entraîné tout à la fois dans un tourbillon irrépressible d'activités marchandes.
Le mercado central (marché central) incarne bien cet état d’esprit. Ses étals occupant tout un pâté de maisons débordent de tomates bien rangées, de pastèques, de barriques d'olives à cœur ouvert. Le brouhaha animé des chalands défilant le long des rues fait écho aux appels trépidants des vendeurs et au ballet incessant des livreurs en blouses, poussant, en grimaçant souvent, des charrettes remplies au-delà de toute sagesse.
Plaza Victoria, la sérénité traditionnelle des parcs latinos reprend le dessus. Un bosquet de grands arbres ombrage une fontaine de bronze dégoulinant de fougères, autour de laquelle vrombissent les broum broum des enfants dans leurs voitures à pédales. Pour les entractes, un vendeur de churros (beignets) a judicieusement ouvert boutique. Plus qu'ailleurs encore, le centre-ville se serre ici en quelques rues à peine, coincé, comprimé entre un front de mer abandonné en majorité aux infrastructures portuaires et au chemin de fer, et le pied des premiers cerros (collines) rebondis.
Texte : Claude Hervé-Bazin
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