Valparaiso, prenez l’ascenseur !
Sus au Cerro Concepción
Le premier ascensor, inauguré en 1883, fut celui du cerro Concepción, dressé juste au-dessus du centre. Conçu à l’initiative des colons anglais et allemands installés sur la colline, il fonctionna d’abord grâce à un système de contrepoids d’eau actionné par une machine à vapeur. Comme tous les survivants de cette époque, il est désormais électrique. Ce détail mis à part, peu de choses ont changé. Deux cabines brinquebalantes à souhait (aujourd’hui en tôle, elles étaient à l’origine en bois), montent et descendent concomitamment, accrochées à un câble et une crémaillère. Sept personnes, pas une de plus, sont autorisées à monter à bord.
Poussez la porte, glissez 150 $ (18 centimes d’euro) à la guichetière, franchissez le tourniquet et installez-vous en silence sur les bancs de bois dur. Quelques instants plus tard, un clong sonore signale le départ. Grinçant, cliquetant, couinant comme un chariot de mine, la nacelle s’élève tandis que le cable oscille et la tôle vibre. Moins d’une minute plus tard et 47 mètres plus haut, le vertige guette tandis que les immeubles laissent entrevoir leurs toits.
Croisée en un instant fugace, l’autre cabine a déjà plongé vers le bas de la pente. Les portes s’ouvrent et le murmure montant d’El Plan, la ville basse, ressurgit déjà, entrecoupé de coups de klaxon et d’accélérateurs légèrement étouffés. Une sirène de bateau résonne, sourde. Paseo Gervasoni, les touristes se pressent vers le mirador, déambulant entre les stands de souvenirs, d’aquarelles et les músicos de rue. En contrebas, le port vit sa vie, bateaux de pêche minuscules, navires de croisière et cargos géants accolés, en cours de chargement ou de déchargement.
Texte : Claude Hervé-Bazin
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