Parcs nationaux de l’Utah, le rêve américain
Mormon Country
De retour sur le plateau, il faut pousser la porte de l’un de ces vieux hôtels mormons semés le long de la route 12. Le Bryce Canyon Pines est charmant : non pour ses chambres, fort classiques, mais pour son resto, où ronronnent en boucle un poêle et de vieux standards américains. À l’accueil, comme partout, le Livre de Mormon trône en roi.
Au fil du voyage, on réalise que les pionniers mormons ont partout posé leurs bagages. On les retrouve dans l’oasis de Fruita, à Capitol Reef, un parc national isolé dans une région de ranchs aux roches les plus rouges de l’Ouest. La petite école en bois et les vergers de la colonie ont été préservés.
Les traces du passage des Mormons demeurent aussi le long de l’Old Wagon Trail péniblement tracé à travers les Miners Mountains — où, au début du XXe siècle, on exploitait l’uranium, alors utilisé en cataplasmes ou mélangé à de l’eau pour soigner les rhumatismes et l’arthrite… Sur la paroi lisse du Pioneer Register, nombre de ces explorateurs d’un autre genre ont gravé leur nom avant de s’engager dans l’obscurité inquiétante de Capitol Gorge.
Autre itinéraire, autre aventure : tracée vers 1879, la Hole-in-the-Rock Road devait mener quelque quatre-vingt chariots et un troupeau aux eaux salvatrices du Colorado. Mais pour y parvenir, le groupe dut sortir pelle et pioche, suant sang et eau, plus d’un mois durant, pour réussir à aménager un passage périlleux sur la dernière déclivité dominant le fleuve. C’est à ce prix que, peu à peu, l’Utah a été exploré et conquis.
Texte : Claude Hervé-Bazin
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