Mongolie : une virée en auto-steppe

À la tombée de la nuit

À la tombée de la nuit
David Giason

Trois gers font office de relais-étape au milieu du désert. Le vent fait rage. Une sympathique famille, dans son ouaz kaki, m'a dropé jusqu'ici, où je scrute les nuages de poussière à l'horizon. Depuis, une voiture est passée. Un van russe transportant en excursion " de luxe " deux jeunes touristes, de vrais bons gros touristes, dans un van de vingt places, bien désolés de perdre cinq minutes avec mon cas ; ils ont tergiversé. " Nous, ça nous dérangerait pas, mais le guide, il refuse. " Et ils ont tracé. En me souhaitant bonne chance. Les gens de chez nous, ils sont forts pour les encouragements et la compassion, bien plus que pour l'aide. La lumière meurt à l'Ouest, beaucoup plus tard qu'en Europe.
Je suis à l'abri dans une ger à l'intérieur bariolé, dotée du traditionnel tapis mural figurant un mouflon, des inévitables panneaux de photos de famille et des bibelots conventionnels : le bouddha en céramique, le cerf, sa biche et leur faon, les canevas animaliers et autres thèmes de chasse à courre. Il y a les mêmes chez toutes les grands-mères du monde. C'est l'occasion de détailler un peu la structure de la ger, mondialement connue sous le nom de yourte. Même dans les villes, à la périphérie, les familles modestes continuent de se loger en ger. Les banlieues d'Ulaanbaatar en regorgent, car les familles exilées de la campagne emportent leur maison avec eux, n'ayant pas les moyens de vivre en appartement. Ils construisent une palissade de plus et s'ajoutent à ces districts de gers qui poussent comme des champignons au nord de la capitale. Plus de cinquante mille personnes s'installent ainsi chaque année à Ulaanbaatar pour fuir la misère de la campagne. Ils y trouvent la misère de la ville.
Montée en une journée, la ger se compose d'une structure en croisillons de bois, couverte de plus ou moins de couches de feutre selon la saison. Il y a souvent un plancher rond sur lequel on dispose les meubles et la porte. Puis on monte la ger autour, les treilles de bois et la centaine de barres qu'on emboîte dans le tonn, au sommet. Au centre de cette pièce unique est disposé le poêle, carburant au bois ou au charbon quand il y en a, mais le plus souvent à la bouse de vache séchée, seul combustible toujours disponible à la campagne. Le mobilier coloré est magnifique. Sur fond orange se déclinent des motifs géométriques verts, bleus, rouges... Toute la famille vit dans cette pièce, au chaud, se répartissant les deux ou trois lits et squattant le sol avec de fins matelas et des couettes. On adjoint à la ger des bâtisses de bois, terre et bouse séchée où s'abrite le bétail. En hiver, les agneaux et chevrettes, trop fragiles, dorment dans un coin de la ger ou sous les lits. Les toilettes, un trou coiffé d'un cabanon. On se lave avec l'eau de la rivière ou de la neige fondue, qu'on stocke dans la ger, près de l'entrée, dans un baril. Les gers sont parsemées dans la steppe comme des vesses-de-loup dans un champ, petits points blancs au loin. Pas ici, en l'occurrence. Je sors parfois un long moment pour épier la piste. Pas un nuage de poussière.

Préparez votre voyage avec nos partenaires

Texte : David Giason

Mise en ligne :

Les idées week-ends, les derniers reportages

La route de la soie

La route de la soie

Des yourtes kirghizes aux steppes mongoles, Arthur Thouret et Moussa Bourekba ont...

Voyage Mongolie

Bons plans voyage
Mongolie

Mongolie, Naadam festival

Célébrez le Naadam, la grande fête nationale mongole, et plongez au cœur de la fierté et de la tradition ancestrale. Assistez aux impressionnantes compétitions de lutte, tir à l’arc et courses de chevaux, un spectacle unique et vibrant.

CROISIÈRES
Venez voir 13 espèces de baleines au Québec
VOLS
Vols directs vers Montréal
VOLS
Offrez-vous le confort absolu en Classe Club

Services voyage