La route de la soie

Les images affluent à l'esprit lorsque l'on entend les mots "route de la soie". Voulant découvrir la réalité qui se cache derrière cet (ou plutôt ces) itinéraire mythique, Arthur Thouret et Moussa Bourekba ont arpenté les chemins d'Asie centrale durant 6 mois. De l’Iran à la Sibérie orientale, des yourtes kirghizes aux steppes mongoles, ils ont découvert une mosaïque de peuples et de cultures, auxquels ils rendent hommage dans leur ouvrage Le Caravansérail, Au bout de notre route de la soie. Voici quelques-uns de leurs clichés.
À lire également, l’interview d’Arthur Thouret et Moussa Bourekba.

Bergères du côté afghan de la vallée du Wakhan, Tadjikistan

Bergères du côté afghan de la vallée du Wakhan, Tadjikistan
© Arthur Thouret

Dans la vallée du Wakhan, la rivière Piandj est la frontière entre le côté afghan et tadjik : du haut de la route, l’Afghanistan est tout proche. Sur un désert de pierres traversé par les torrents, deux bergères avancent avec leurs troupeaux. On se fait signe. Que nous aimerions pouvoir les rencontrer, de l’autre côté…

Madrasa Mir-i Arab à Boukhara, Ouzbékistan

Madrasa Mir-i Arab à Boukhara, Ouzbékistan
© Arthur Thouret

A l’heure du soleil couchant, les pierres prennent une teinte orange des plus jolies. Certaines faïences brillent de mille éclats. Nous aimons penser que nous touchons ici à la cité d’antan…

Le jour se lève sur le Pic Lénine, Kirghizistan

Le jour se lève sur le Pic Lénine, Kirghizistan
© Arthur Thouret

Dehors, un tendre ciel bleu nous entoure, sans un nuage à l’horizon. Le Pic Lénine apparaît, du haut de ses sept mille cent trente-quatre mètres d’altitude. Un seigneur vêtu de blanc.

Au pas du lac Song Koul, Kirghizistan

Au pas du lac Song Koul, Kirghizistan
© Arthur Thouret

Au lever du jour, une prairie chauffée par le soleil s’étend près du lac Song Koul. Le ciel, d’un bleu très clair, semble lui aussi se réveiller doucement lorsque résonne le son de galop. Pas de quoi inquiéter le dormeur de Song Koul.

Atelier de tisserands à Kashan, Iran

Atelier de tisserands à Kashan, Iran
© Arthur Thouret

Sur leurs machines, les artisans se font pianistes. Le pied bat la mesure quand les mains jouent des cordes. Les fils s’enroulent, s’échappent et se retrouvent. La route de la Soie nous a appelés.

Ancien port de Muynaq, Ouzbékistan

Ancien port de Muynaq, Ouzbékistan
© Arthur Thouret

Ils ont tué la mer. Asséchée, vidée. Des carcasses gisent sur le sable. Ce sont des bateaux, éventrés.

Cavaliers et bergers à Tach Rabat, Kirghizistan

Cavaliers et bergers à Tach Rabat, Kirghizistan
© Arthur Thouret

Alors qu’un troupeau passe, nous repensons à ce caravansérail de Tach Rabat, qui devait si aisément relier la Chine aux contrées d’Asie centrale, probablement pas ces mêmes chemins que nous avons empruntés…

Le Transsibérien, l’autre temporalité, Russie

Le Transsibérien, l’autre temporalité, Russie
© Arthur Thouret

Seize heures et trente-sept minutes. En gare d’Irkoutsk, un gigantesque train gris et rouge arrive à quai. Dans quatre jours, nous serons à plus de quatre mille kilomètres d'ici. Y songer donne le vertige.

Nomades du Kharkhiraa : Dorj et sa famille, Mongolie

Nomades du Kharkhiraa : Dorj et sa famille, Mongolie
© Arthur Thouret

En Mongolie, la photo a une valeur solennelle : dans chaque yourte, les photos sont encadrées au-dessus du meuble principal, celui qui trône face à l’entrée. Dorj demande donc à chaque enfant de se joindre à lui pour la photo. Qu’elle est belle cette famille. Il ne manque que la mère, partie vers le ciel.

Désert du Lout, Iran

Désert du Lout, Iran
© Arthur Thouret

Au beau milieu de vastes étendues de sable, d’impressionnantes roches, aux formes tantôt arrondies, tantôt abruptes, sont là. Immobiles. Immuables malgré le vent. Comme pour nous rappeler à quel point nous sommes petits…

Femme de la vallée du Wakhan, Tadjikistan

Femme de la vallée du Wakhan, Tadjikistan
© Arthur Thouret

A l’ombre d’un arbre, un vieil homme et une vieille femme nous regardent fixement. La dame s’amuse à nous imiter avec nos bâtons de randonnée qui s’apparentent à de vieilles cannes. Elle fait mine de vouloir les troquer contre sa vraie canne. Nous lui disons au revoir à la wakhani : main droite en l’air, main gauche sur le cœur.

Drapeaux de prières bouddhistes dans le massif du Kharkhiraa, Mongolie

Drapeaux de prières bouddhistes dans le massif du Kharkhiraa, Mongolie
© Arthur Thouret

Un lac à l’eau turquoise apparaît au détour d’une colline. En haut, des drapeaux de prières bouddhistes flottent au vent. Là où nous ne l’attendions pas, la route de la Soie apparaît, à nouveau.

Main bleue d’un tisserand à Kashan, Iran

Main bleue d’un tisserand à Kashan, Iran
© Arthur Thouret

Sur les toits du bazar de Kashan, Reza se faufile entre les dômes. Dans un recoin, des fils bleus sont étendus, l’origine de ses mains bleues…

La préparation du thé dans la yourte, Mongolie

La préparation du thé dans la yourte, Mongolie
© Arthur Thouret

En Mongolie, on ne salue pas les habitants d’une yourte : on entre chez eux, on s’installe et, une fois le thé servi, la conversation peut commencer.

Le village kurde d’Uraman, Iran

Le village kurde d’Uraman, Iran
© Arthur Thouret

Le soleil se couche, les fidèles sortent de la mosquée, les lumières s'allument, les maisons s'emplissent et le village d’Uraman s'éteint dans un silence que seul le ruissellement de la rivière avoisinante ose défier.

Questions à Arthur Thouret et Moussa Bourekba

Le Routard : Comment est née l'idée de ce projet ?

Arthur et Moussa : Étudiants, nous rêvions d'arpenter les routes de la Soie par lesquelles tant de voyageurs, de noms connus, d'épices et de tissus ont transité. Fraîchement débarqués dans le monde du travail, nous nous sommes alors donnés rendez-vous en 2017. C’était la route de la soie, ou rien. Ou plutôt les routes de la soie… Derrière cette intransigeance, nous avons, avec du recul, des explications. La principale est liée à l’histoire de cette route : c’est ici que l’Est et l’Ouest ont communiqué pour la première fois, et c’est par ces routes que les idées, le commerce, les religions et cultures ont transité. Il y a avait donc la volonté de mettre notre petite pierre à ce pont millénaire. Partir sur les routes de la soie, c’était aller à contre-courant de cette époque marquée par le repli sur soi et la haine de l’autre. Enfin, nous avions envie de voir ce qu’il y avait vraiment sur cette route de la soie. Etait-ce un mythe dépoussiéré par les marchands de voyage ?  Un songe où se croisent Marco Polo et Ibn Battuta ? La réponse est dans notre livre…

Le Routard : Quel a été votre itinéraire ?

Arthur et Moussa : Nous aurions aimé partir d’Antioche : malheureusement, la mort est passée avant nous en Syrie. C’est donc en Iran que nous avons commencé notre route avant de prendre les chemins où transitait autrefois la soie en Ouzbékistan, au Tadjikistan et au Kirghizistan. Faute de visa, nous n’avons donc malheureusement pas pu finir notre voyage à Kashgar en Chine. Notre route de la soie a donc mis le cap vers le berceau des peuples turcophones : la Mongolie. De ces contrées nomades, nous avons rejoint la Russie. Nous avions tant entendu la langue de Pouchkine durant ces mois qu’il nous fallait aller à la rencontre de la « maison-mère », de l’ancien colonisateur de ces pays d’Asie centrale. C’est donc par le transsibérien que nous sommes rentrés, au bout de six mois de voyage, sur notre Vieux Continent, ici s’achève notre route de la soie. 

Le Routard : Comment organise t-on la logistique d'un tel voyage ?

Arthur et Moussa : Il y a un travail de recherche préparatoire, notamment pour aller à la rencontre des peuples nomades comme les Qashqaï en Iran ou pour découvrir des lieux historiques comme le village de Vrang dans la vallée du Wakhan au Tadjikistan, où se croisaient les routes de la soie. L’aspect pratique ne doit pas être négligé non plus : dans ces contrées arides, un matériel adapté est nécessaire ! Enfin, il faut surtout garder de la flexibilité face aux imprévus de la route…

Le Routard : Quels ont été vos coups de coeur et vos mauvaises expériences ?

Arthur et Moussa : Une bonne étoile a veillé sur notre route : nous n’avons connu aucune mauvaise expérience. Accompagner les nomades Qashqai durant leur transhumance en Iran, marcher dans la vallée du Wakhan à la lisière du Tadjikistan et de l’Afghanistan et être accueillis à bras ouverts par les habitants dans des paysages à couper le souffle, marcher dans le massif du Kharkhiraa en Mongolie, de yourte en yourte avec les nomades… Il y a tellement de souvenirs !

Le Routard : Arthur, quel équipement photo utilises-tu, retravailles tu tes photos au retour ? 

Arthur : J’utilise un Nikon D750 avec deux focales fixes : 28mm et 50mm. Je travaille ensuite le post-traitement sur Lightroom.

Le Routard : Et maintenant, de nouveaux projets en perspective ?

Arthur et Moussa : Nous souhaitons maintenant partager notre route de la soie au plus grand nombre avec notre livre, des rencontres, des conférences… Avec bien sûr des idées dans un coin de la tête : retourner en Iran, découvrir le côté afghan de la vallée du Wakhan, rencontrer les aigliers kazakhs… Le monde est vaste !

Pour en savoir plus, visitez le site du Caravansérail

Le livre Le Caravansérail, Au bout de notre route de la soie est disponible aux Editions du Caravansérail et dans toutes les bonnes librairies.

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