Mongolie : une virée en auto-steppe
Plus tard, un bled nommé Tsahir (aimag de Gobi-Altai)
Un lift bien placé m'a avancé de cent kilomètres environ. Tel un extraterrestre, j'ai donc débarqué dans un village fantôme, où les jeunes et les enfants se pressaient et s'appelaient pour voir le phénomène, rompant avec l'habituelle discrétion mongole. Bien sûr, les Mongols sont intrigués aussi, mais si retenus, respectueux et délicats avec les étrangers qu'ils contiennent leur curiosité. L'endroit est définitivement inhospitalier. C'est un village en dur - donc en ruines - qui a dû connaître des jours meilleurs. Tas de gravats dans un océan de poussière. Coincé entre des dunes de sable, steppes caillouteuses (appartenant au fameux Gobi) et pics de 3 500 m. Des lignes de téléphone se dressent à perte de vue vers le Sud, qui semblent indiquer la direction supposée de la ville, Altai. Ça sonne comme l'eldorado et pourtant je sais qu'il ne faut rien attendre des villes, et tout de la campagne. Les paysages sont noirs et brumeux, comme la poussière. Les animaux eux-mêmes ont l'air désolé d'être nés ici. Cette partie du désert est intrigante et malsaine, vilaine, un peu lugubre. Ça ne donne pas envie, dit comme ça, mais ça fait partie du lot. Il faut y être allé. Avec le recul, on trouve toujours à ces endroits un charme indéfinissable. Tout y ressemble à la déchéance. Indiens d'Amérique, Inuits, peuples du désert, même combat. Tous à la murge. Dans ces bleds, on ne rencontre pas, comme dans la steppe, ces éleveurs joufflus, rayonnants et bienveillants, honnêtes et occupés par un travail noble dont ils sont pleinement responsables, aimant la nature et leurs bêtes, leur vie simple et saine. Non, non, ici, on est à mi-chemin dans le processus destructeur de l'urbanisation. On trouve trois chèvres étiques qui font les poubelles, de vastes cimetières de chevaux aux ossements blancs comme du lait, des débris dans le sable, mus par le vent opiniâtre, et des gens sans métier à la vie désertique.
Préparez votre voyage avec nos partenaires- Introduction
- Entre Oulan-Bator et Tsetserleg
- Il n’y a presque rien
- Comme au Far West
- En ouaz, vers Tsulut
- L’hospitalité mongole
- Le meilleur de la Mongolie
- Quatre saisons en un jour
- Uliastai : dans l’immensité
- À 50 km d'Uliastai
- Le stop en Mongolie
- Plus tard, un bled nommé Tsahir (aimag de Gobi-Altai)
- L’infini caillouteux du désert
- À la tombée de la nuit
- Le village de Khoud
- Le Bayan –Ogi
- Le Bayan –Ogi (suite)
- « Ils étaient comme éternels »
Texte : David Giason
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