Tolède, la belle de Castille

Tolède, la belle de Castille
© Bill Perry - Fotolia

À une heure de route de Madrid, la capitale de la province de Castille-La Manche se perche sur une colline au pied de laquelle s’enroule paisiblement le Tage. Habitée successivement par les Romains et les Wisigoths, par les arabes et les juifs, Tolède s’est enrichie de métissages culturels qui lui valent aujourd’hui son surnom de « ville des trois cultures », celle des trois grandes religions monothéistes. Inscrite à l’Unesco, elle doit à son histoire de nombreux monuments d’inspiration mozarabe et mudéjare. Ville d’art, Tolède est enfin la cité d’élection d’El Greco, dont les toiles ornent les murs des églises et des musées.

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L’une des plus belles balades médiévales de Castille

L’une des plus belles balades médiévales de Castille
© ArTo - Fotolia

Au fil d’églises et de couvents à la pierre blonde, Tolède promet l’une des plus belles promenades médiévales de Castille. Elle doit son patrimoine à un passé florissant, qui l’a souvent placée sur le devant de la scène historique et artistique.

Direction les quartiers nord de la ville pour voir une curiosité tolédane : les cobertizos. Romantiques à souhait, ces passages couverts, parfois presque aussi longs que des tunnels, permettent de relier des rues en passant sous les maisons et les bâtiments conventuels.

Tolède est marquée par une riche histoire. Elle fut un centre culturel majeur de l’Al-Andalus, ces territoires ibériques sous domination musulmane entre les 8e et 15e siècles. Elle devint ensuite un territoire stratégique pendant la Reconquista, puis le bastion des Rois Catholiques, et fut enfin la capitale de Charles Quint.

Tolède doit à ces époques successives une belle diversité de styles d’architecture. Toutes les civilisations qui ont sillonné et habité la péninsule Ibérique y ont en effet laissé leur empreinte. Thermes romains, bains arabes, puits médiévaux, églises, couvents, synagogues et mosquées… les monuments sont ainsi les signes tangibles de l’intégration sociale des civilisations et de la coexistence des religions.

Parmi les monuments historiques majeurs, l’Alcázar est situé sur la plus haute colline de la ville. Il abrite le musée de l’Armée, qui dresse une rétrospective de l’histoire du site, successivement oppidum romain, capitale wisigothe, forteresse arabe, puis résidence royale.

Au fil des édifices religieux

Au fil des édifices religieux
Cathédrale de Tolède © oben901 - Fotolia

La cathédrale est le 3e plus grand édifice gothique après le Duomo de Milan et la cathédrale de Séville. Signe de la diversité des influences dont la ville s’est nourrie, elle a été édifiée à l’emplacement d’une ancienne église wisigothe transformée en mosquée. Elle témoigne de l’évolution du style gothique sur plus de 2 siècles.

Marque de fabrique des cathédrales gothiques en Espagne, le chœur, délimité par de superbes grilles, se place au centre de l’édifice. Finement sculptées, les stalles de bois font la chronique de l’histoire de Tolède et de la vie au Moyen Âge ; il s’agit là d’une inestimable source documentaire.

Parmi les plus riches d’Espagne, la sacristie de la cathédrale est un musée à elle seule. Elle recèle des toiles de Goya, Velázquez, Rubens, Titien, Van Dyck ou encore Zurbarán.

À voir encore dans la cathédrale, l’antichambre de la salle capitulaire mêle influences mudéjares, gothique et Renaissance. Enfin, la custode (ou ostensoir) sculptée dans la première pièce d’or rapportée d’Amérique. Ce joyau d'orfèvrerie gothique est porté en procession lors de la fête du Corpus Christi.

Souvenir de l’apogée de l’Al-Andalus, la mosquée du Cristo de la Luz est l’un des plus anciens édifices de Tolède. Au-dessus du chœur mudéjar, la coupole est ornée d’une fresque du 12e siècle et d’extraits de la Bible retranscrits en arabe. Cette langue fut en effet parlée à Tolède jusqu’au 13e siècle, soit deux millénaires après la reconquête du royaume de Tolède en 1085. Un bel exemple de brassage des cultures.

Bien plus tardif, le monastère San Juan de los Reyes et son église est l’un des plus beaux exemples du baroque tolédan. Ce monastère franciscain fut construit à la demande des Rois Catholiques Ferdinand et Isabelle de Castille. Son église est d’un parfait style gothique flamboyant, enrichi ici et là de notes mudéjares et Renaissance.

La Judería, l’ancien quartier juif

La Judería, l’ancien quartier juif
Synagogue Santa María la Blanca © SeanPavonePhoto - Fotolia

Photogénique et d’un charme certain, la vieille ville de Tolède servit de décor à plus de 300 films. Les ruelles au tracé médiéval ne laissent que peu filtrer la lumière du soleil, surplombées de balcons aux grilles de fer forgé et de bow-windows ouvragés.

La Judería, le quartier juif de Tolède, fut l’un des plus grands de Castille, où les juifs tenaient des commerces. C’est assurément l’un des quartiers les plus charmants de la ville.

Des maisons anciennes et des insignes gravés dans le sol rappellent l’histoire juive de Tolède. Certaines ruelles sont en réalité des impasses, destinées à desservir les portes d’entrée des maisons juives qui, traditionnellement, ne s’ouvraient pas sur la rue principale. Pour les épicuriens, la balade mène à d’alléchantes fabriques de massepain, et à une terrasse offrant une vue panoramique sur une mer de toiles de tuiles blondes et rousses.

Sur la dizaine de synagogues qui émaillaient ce quartier avant les pogroms du 14e siècle, seules quatre subsistent aujourd’hui, dont deux de style mudéjar.

Parmi elles, la synagogue del Tránsito. Ses murs sont ornés d’inscriptions hébraïques, de fresques mozarabes aux motifs géométriques et végétaux. Après avoir admiré – voire testé – les bancs de céramique du 16e siècle, monter au Musée séfarade, dans les murs mêmes de la synagogue. Il retrace l’histoire de la culture juive en Espagne.

Mais notre coup de cœur revient à la synagogue Santa María la Blanca. Formidable témoignage du brassage des religions, elle fut la synagogue principale de la ville, avant d’être transformée en église après les pogroms du 14e siècle. Dans une atmosphère ouatée, cinq nefs à l’architecture mudéjare donnent à l’édifice des airs de mosquée.

L’héritage artistique d’El Greco

L’héritage artistique d’El Greco
Museo de Santa Cruz © Caquet - Fotolia

Tolède serait l’une des villes qui recense le plus grand nombre de peintures au monde. Le nom d’El Greco, en particulier, lui est intimement lié. Le peintre crétois, invité ici pour réaliser dans les églises des peintures sur commandes, est aujourd’hui la star des musées tolédans.

Dans le quartier de la Judería, le musée El Greco occupe la maison-atelier du peintre, une demeure du 16e siècle, typique de la Tolède et de la région de La Mancha. L’artiste fut séduit par la luminosité de la maison, le patio et les jardins en terrasses, un site où lumière et espace sont en contraste avec les ruelles souvent sombres de la ville. Ces lieux lui inspirèrent quelques-unes de ses toiles les plus fameuses, aux côtés desquelles on retrouve aussi des peintures signées Murillo et Zurbarán.

Magnifiées par des jeux d’ombre et de lumière, les toiles d’El Greco sont teintées d’influences byzantines, grecques et italiennes, héritées des voyages de ce routard avant l’heure. Le musée expose les représentations des douze apôtres, les Larmes de Saint-Pierre, et une représentation stylisée de Tolède. Il rend hommage à cet artiste d’avant-garde, à son interprétation philosophique des sujets religieux, mêlée d’allusions à la mythologie grecque.

El Greco a beaucoup travaillé sur commande pour les églises de Tolède. Direction donc la sacristie de la cathédrale, dont la pièce maîtresse n’est autre qu’un tableau d’El Greco : Le Partage de la tunique du Christ (El Expolio), peint in situ.

Mais c’est sans doute dans l’église Santo Tomé que se trouve l’un des plus grands chefs-d’œuvre d’El Greco. L’église doit son succès d’affluence à la toile L’Enterrement du Comte d’Orgaz, l’œuvre la plus célèbre d’El Greco, conservée dans une chapelle attenante. Réalisé sur commande, ce chef-d’œuvre du maniérisme, apogée du Siècle d’or espagnol, représente l’apparition miraculeuse de deux saints lors des obsèques d’un seigneur local. Il fourmille de détails, de références et de symboles que l’on passerait volontiers des heures à traquer.

Enfin, le museo de Santa Cruz expose lui aussi des toiles d’El Greco : une Immaculée Conception, une Véronique et une Ascension de la Vierge. Le bâtiment est en réalité un ancien hôpital de style plateresque (16e siècle). Ses longues allées feutrées se parcourent sous une belle hauteur sous plafond. Les peintures et tapisseries racontent toute l’histoire de l’art à Tolède, notamment à l’époque des Habsbourg. Dans le patio attenant, ne pas manquer l’escalier Renaissance, magnifiquement ciselé, ni la mosaïque romaine.

Fiche pratique

Retrouvez les infos pratiques, bons plans et adresses de Tolède dans le Routard Madrid Castille en librairie.

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Office espagnol de tourisme

Office de tourisme de Tolède

Aller à Tolède

- Vols Air France au départ de Paris-Charles-de-Gaulle et à destination de Madrid Barajas. Six vols directs par jour à partir de 51 € l'aller simple.

- Par la route : autoroute A-42 entre Madrid et Cuenca ; compter 50 min de route entre Madrid et Tolède.

- En train : 25 min de train entre Madrid et Tolède.

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Dormir

Hotel Pintor del Greco : Calle de los Alamillos del Tránsito, 13. Dans l’ancien quartier juif, à deux pas du museo El Greco, l’hôtel occupe une boulangerie réhabilitée du 17e siècle. Jolies salles voûtées.

Se restaurer

La gastronomie de Castille fait la part belle aux tapas et notamment aux croquetas (croquettes fourrées au fromage et au jambon), au bacalao (morue) et au cochon de lait, et, côté douceurs, au massepain (gâteau gourmand à base de pâte d’amandes, de blanc d’œuf et de sucre).

- La Abadia : calle Núñez de Arce, 3. Le sous-sol de cet ancien palais de marquis réserve une belle surprise : une succession de petites salles voûtées du 17e siècle à l’éclairage tamisé, dans l’esprit des bodegas. Spécialités de viandes, en particuliers de parilladas (assortiments de viandes grillées) et succulent gâteau au massepain.

- Palencia de Lara Asador : calle Nuncio Viejo, 6. Sous des plafonds mudéjar du 15e siècle, colonnes doriques et ioniques du 16e siècle ornées d’acanthes. Mobilier et décoration modernes prennent place dans les murs historiques, donnant une belle alliance, comme dans les salles voûtées du bar et de la salle de restaurant, et jusque dans certaines chambres.

- Hacienda del Cardenal : paseo Recaredo, 24. Les salles de cet ancien palais sont décorées de boiseries et d’azulejos. Agréable jardin, traversé d’allées de buis et bercé par le son des fontaines, ceinturé par les murailles de la ville.

Trouver du massepain

- Mazapanes Santo Tomé : célèbre confiserie artisanale, en activité depuis 1856, spécialisée dans le massepain. Un produit typique (et calorique) de la région, au délicieux goût d’Orient.

Bon à savoir : le bracelet touristique (Pulsera turística)

Pour 9 €, le Pulsera turística permet de visiter les 7 sites religieux les plus importants et les plus emblématiques de la ville, parmi lesquels le monastère San Juan de los Reyes, l’Enterrement du Comte d’Orgaz dans l’église Santo Tomé, la mosquée du Cristo de la Luz, la synagogue de Santa María la Blanca, l’église des Jésuites. Gratuit pour les moins de 10 ans.

Texte : Marie Borgers

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