Il faut sans doute écouter les conseils de Monsieur Aventure Colombia.
Ce sont de bons conseils. Conseils sages. Conseils désintéressés. Peut-être. On peut le croire.
Au lieu, donc, d’un séjour absurde mais qui finalement, tout bien pensé, avait une certaine poésie à force de vitesse, à force d’excès, mieux vaut, apparemment, le plus stéréotypé des parcours proposés par une agence : celui que tout le monde fait. Au rythme qui convient.
Deux jours ici, deux jours là. Bouclé d’avance. Rien à vivre. Du pré-mâché. Du déjà vécu. Du jetable.
À vous de voir.
Mais pas sûr que vous y gagniez, en fait, dav77.
Je me dis, oui, en y repensant que le parcours surchargé que vous aviez imaginé pouvait au moins créer quelque chose, en comparaison de la contre-proposition si originale de Monsieur Aventure Colombia (bien nommée agence qui par son travail même nie toute forme d’aventure, empêche tout ce qui ressemblerait à un voyage, voire annihile toute forme de vie). Oui, votre parcours, trop chargé, pourrait au moins entraîner une forme d’ivresse, provoquée par une vitesse folle, mettre celui qui fera ce parcours dans un état particulier peut-être, un état de conscience légèrement altéré, qui produira, au bout du compte, quelque chose comme une rencontre avec ce pays si particulier, ce pays un peu fou que les Colombiens eux-même surnomment “Locombia”. Les Colombiens vivent très vite, souvent, les étudiants peuvent commencer leur journée par un cours à 6h00 du matin, et ne rentrer chez eux qu’à 22h00 ou 23hh00… faire la fête, à s’en perdre, le vendredi et le samedi, et littéralement tomber d’épuisement le dimanche, sans même pouvoir sortir du lit.
Je ne plaisante pas. Je pense vraiment que tant qu’à voyager vite, il vaut mieux ce “trop rapide”, cette recherche de l’épuisement, que cette version horriblement banale, aussi vidée de toute vie singulière qu’un triste et banal formulaire à remplir.
Dav77, si votre énergie est celle de quelqu’un de très speed, si vous pensez pouvoir vivre vraiment quelque chose de fort dans ce rythme trépidant. Allez-y. Et vous nous raconterez.
Ou alors, si vous voulez vous surprendre, choisissez la lenteur. La vraie lenteur. Arrivez à Bogotá. Sans rien prévoir de sûr pour la suite. Et voyez où le vent vous mène. Ce sera peut-être d’y rester. Acceptez de vous ennuyer. Un peu. Prenez des habitudes. À la panaderia du coin, en trois petits-déjeuners consécutifs, vous deviendrez un habitué. Découvrez les environs de Bogotá (non, pas les plus touristiques, pas Zipaquira, mais les Colombiens que vous aurez rencontrés auront bien l’occasion de vous emmener dans des villages de Cundinamarca, perchés dans les montagnes, ou dans les coins au climat si doux, plus près du Rio Magdalena, ou encore dans la plaine sur la route de Girardot ou Villavicencio). Et/ou, peut-être faites un tour, mais un seul, à Boyaca, ou alors vers Manizales et la région du café. Sans vous presser. Sans rien prévoir à l’avance. Sans obsession de la rentabilité. Voir peu mais voir bien. Et vivre des chose, plutôt que seulement voir, comme on voit à travers les vitres d’un car… ou comme on voit, aussi, sur GoogleMaps streetview.
Oui, une de ces deux options, l’ultra-rapide ou la lente, même en 18 jours seulement, peut éventuellement avoir un peu de poésie et vous faire vivre une expérience personnelle.
Mais, à mon avis, évitez juste, évitez seulement, évitez à tout prix le robinet d’eau tiède du parcours-type, fait par tous et que tous pourraient faire, qui feint d’être sur-mesures - parce qu’il existe en trois ou quatre versions “personnalisées” ou “personnalisables” - mais qui ne vous fera jamais rencontrer ni la Colombie, ni les Colombiens.