Je souhaite réagir au post que je viens de lire au sujet du parrainage par le Rotary Club.
Il est vrai que par ce biais, un jeune de 15 ans peut partir en Corée, à 9000 km de chez lui, pour être hébergé dans une famille d’accueil coréenne. Alors oui, c’est sûr que ça peut sembler très attirant pour de jeunes ados en soif de découverte et d’aventure… Quand un ado va lire ça, il va se dire “wow je peux réaliser mon rêve”. Alors parlons-en du rêve justement…
D’abord je constate après avoir lu le blog indiqué que la demoiselle qui témoigne de son expérience en Corée avec cet échange du Rotary avait 18 ans et était inscrite dans une université. Cela signifie qu’il était particulièrement facile pour elle de lier contact avec des étudiants coréens (toutes les universités ont des associations étudiantes dont le but est l’accueil des étrangers). Par conséquent son intégration a pu se faire relativement facilement dans la mesure où elle pouvait parler anglais pour commencer une vie sociale et où elle pouvait choisir ses cours…
Laissez-moi maintenant vous parler d’une autre jeune fille, lycéenne celle-ci (l’histoire est récente et véridique). Cette fille est arrivée en Corée dans le cadre d’un échange comme celui mentionné. Elle a été inscrite dans un lycéen coréen dans une ville proche de Séoul appelée Suwon.
Passé l’effet de curiosité qu’elle a suscité chez ses camarades lycéens (c’est peu courant une étrangère qui débarque dans un lycée en Corée !), elle s’est très vite retrouvée isolée à cause de la barrière de la langue. Les camarades, pourtant de bonne volonté au départ, se sont désintéressés très vite quand ils ont réalisé que la communication était impossible à cause de leur faible niveau d’anglais. Cette jeune fille passait le plus clair de son temps assise dans une salle de classe, à ne rien comprendre à ce qui se disait autour d’elle. Il n’y avait que les cours d’anglais qu’elle pouvait suivre correctement… ET bien sûr, vous réalisez sans doute qu’un lycée coréen ne propose pas de cours de coréen de niveau débutant !
Et si vous croyez qu’il suffit de s’immerger en Corée pour être bilingue au bout d’un an, alors là c’est du pur fantasme ! Ça marche assez bien pour les tout-petits mais sûrement pas pour des ados.
Isolée socialement, loin de sa famille et en échec scolaire (là n’était pas l’enjeu de toute façon), elle a contacté mon établissement scolaire (je suis professeur dans un lycée français de Seoul) pour demander la permission de venir le weekend rencontrer nos élèves coréens internes et francophones (2 heures de transport depuis Suwon). Bien sûr, mon établissement a accepté sa requête. C’était l’un des rares moments où cette jeune fille pouvait échanger avec des jeunes de son âge ! Et elle était dans une vraie situation de détresse psychologique.
Cette expérience en Corée a été un désastre pour elle… Il est complètement irresponsable d’envoyer son enfant à 9000 km sans ses parents dans un établissement scolaire où il n’a dès le départ aucune chance de construire une vie sociale. Être “primo-arrivant” n’est pas un statut enviable, loin de là.
Je déconseille vivement à des lycéens français de cherche à s’inscrire dans un lycée en Corée ! Passez votre bac et ensuite vous aurez l’opportunité, une fois à l’université, de venir ici en échange dans un premier et de vivre une expérience super.
Cordialement,