Enfin, concernant l’avenir du tourisme à Cuba… je pense personnellement qu’il va se développer sous toutes ses formes. Comme tourisme de masse, effectivement, destiné aux Américains fortunés; mais pas seulement. Pour preuve, les différentes initiatives qui commencent à se mettre en place, par exemple cubarutabikes, petite boîte en plein essor qui propose des tours de l’île à vélo et de la location de bicyclettes. Alors, certes, ce n’est qu’un timide début, mais cela n’existait pas il y a quelques années, et il y a une réelle demande. Il y a de plus en plus d’étrangers qui s’implantent à Cuba, et pas seulement pour y passer leur retraite au soleil : ils s’associent à un Cubain et rachètent pour une somme modique les maisons des cubains qui partent s’installer à Miami (ou ailleurs), et profitent de la souplesse de lois cubaines aujourd’hui (qui sont modifiées chaque jour, mais qui tendent actuellement me semble-t-il à faire de l’île le paradis des autoentrepreneurs) pour monter leur business. Des néo-colons, néo-capitalistes? Peut-être, mais dans la mesure où, pour le moment, les étrangers ne peuvent légalement pas être propriétaire à Cuba, une telle démarche implique d’avoir un “prête-nom” local, donc d’avoir suffisamment confiance en quelqu’un pour mettre l’établissement à son nom. Ces étrangers soit sont complètement inconscients, soit connaissent vraiment bien l’île, sa culture et ses gens et sont d’autre part suffisamment humanistes (humains?) pour courir le risque de faire confiance à quelqu’un. Et il n’y a qu’à se rendre dans une agence immobilière (oui, elles ont également fait leur apparition ces dernières années) pour savoir que ces étrangers sont de plus en plus nombreux, et participent également au développement économico-touristique de La Havane (je parle de la capitale, parce que c’est ce que je connais), de façon évidemment beaucoup plus éthique que les multinationales comme Bouygues (implantée à Cuba depuis plusieurs années), qui redoublent d’ardeur pour faire bourgeonner les hôtels de luxe sur les littoraux. On peut objecter qu’il serait temps de laisser, enfin, aux cubains le soin de gérer leur propre pays. C’est vrai, et en même temps il s’agit vraiment là de partenariats individuels entre locaux et étrangers, qui permet à chacun de s’y retrouver tout en donnant un peu de champ à la culture cubaine, ce qui à mon sens ne saurait lui faire de mal.
Mes excuses pour la réponse à rallonge, mais le sujet m’intéresse beaucoup, et je suis ravie de pouvoir en discuter ici avec vous!