Pays de Guérande : la Loire-Atlantique, entre marais salants et océan

Pays de Guérande : la Loire-Atlantique, entre marais salants et océan
Marais salants de Guérande et Batz-sur-Mer © Boris Stroujko - stock.adobe.com

La presqu’île de Guérande a bien d’autres atouts que la célébrissime station balnéaire de La Baule. Non seulement Guérande, la « Carcassonne de l’Ouest », a su préserver ses fortifications médiévales mais la côte atlantique abrite une ribambelle de bourgs pittoresques.

La presqu’île de Guérande, ce sont aussi des marais salants qui, depuis l’Antiquité, produisent un sel de qualité. Et, plus à l’est, un immense marais, celui de la Brière – le plus grand de France après la Camargue – qui séduira les amateurs de nature.

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Guérande, ville fortifiée

Guérande, ville fortifiée
Remparts de Guérande © kevin_guillois - stock.adobe.com

À 8 km de La Baule, au centre de la presqu’île qui porte son nom, Guérande, « Ville d'art et d'histoire » de 17 000 habitants, mérite bien mieux qu’une rapide visite.

Jadis passage obligé vers les ports du Croisic, Mesquer, La Turballe ou Le Pouliguen, et carrefour économique et commercial, sa cité médiévale était, avec ses 4 000 habitants, la deuxième ville du comté nantais, après Nantes. Elle dominait trois pays aux contrastes marqués : le « pays bleu » – celui de la mer –, le « pays noir » – celui de la tourbe du marais de la Brière – et le « pays blanc », celui des marais salants qui l’ont enrichie.

Au XIVe siècle, après la mort de Jean III, duc de Bretagne, Guérande a souffert d’une terrible « guerre de succession » entre le demi-frère du duc, Jean de Montfort, seigneur de Guérande, et sa nièce, Jeanne de Penthièvre, épouse d’un neveu du roi de France. Au bout de trente ans, le fils de Jean de Montfort l’a emporté, aux termes du traité signé à Guérande en 1365.

Collégiale Saint-Aubin © Paula Boyer

Si la paix est revenue depuis longtemps, Guérande n’en a pas moins conservé ses remparts, ponctués de six tours et quatre portes. À l’intérieur de cette enceinte fortifiée construite au XVe siècle avec l’argent du « billot » (impôt sur le vin), la collégiale Saint-Aubin, la place du Pilori, la rue de la Juiverie, la rue de la Psalette, la place Saint-Jean et sa chapelle sont toujours là…

Les maisons en granit couvertes d’ardoise – parmi lesquelles des hôtels particuliers XVIIe siècle et des maisons bourgeoises fin XIXe et début XXsiècles – sont alignées le long des deux « rues maîtresses » et de nombreuses ruelles pavées, où fourmillent commerces et restaurants. Odeurs de crêpes et de caramel salé y suscitent bien des tentations, les boutiques de sacs, bijoux, vêtements, chapeaux, aussi.

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La porte Saint-Michel marque, depuis 1450, l’entrée principale de Guérande. Flanquée de deux tours imposantes, elle abrite, sous l’impressionnante charpente, un logis-châtelet, siège et symbole du pouvoir politique. Y vivait le « capitaine de ville », représentant du duc de Bretagne. Prison à la Révolution, puis Hôtel de Ville (jusqu’en 1954), elle héberge aujourd’hui un musée. Ses collections racontent l’histoire et la vie en pays guérandais. L’exposition temporaire (jusqu’au 24 septembre 2023) interroge : « Fontaine, boirai-je de ton eau ? » Le logis a bénéficié d’une belle restauration. Sa visite – à ne pas rater – s’accompagne d’une balade sur une partie du chemin de ronde.

Le Croisic, face à l’Atlantique !

Le Croisic, face à l’Atlantique !
Le Croisic - port © steba - stock.adobe.com

Si à Guérande, les goélands ne sont jamais loin, c’est au Croisic (4 000 habitants) qu’il faut aller pour respirer à plein poumons l’air marin, déguster un plateau de fruits de mer sur le port ou emprunter le sentier douanier (GR 34) qui longe la très rocheuse « côte sauvage », dévoilant de belles villas construites après que l’arrivée du train en 1879 a dopé la mode des bains de mer.

Ancrée tout au bout de la presqu’île guérandaise, cette ville enrichie par le commerce et la pêche, notamment à la morue, a su garder l’authenticité de son opulente architecture portuaire du XVIsiècle. En témoignent l’église Notre-Dame-de-Pitié et les hautes demeures en pierres appareillées sur les quais.

L’arrière-port abrite de belles maisons à pans de bois. L’animation de la façade portuaire contraste avec le calme du cœur médiéval aux rues tortueuses.

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Dans les années 1970, Jean Auffret, mareyeur sur les quais du Croisic, et son épouse Janine ont installé un aquarium d'eau de mer dans leur magasin. Devant son succès, ils ont déménagé puis créé l'Océarium, l’un des plus grands aquariums privés de France. Y sont présentés plus de 4 000 poissons de toutes origines et couleurs, anémones de mer, méduses, tortues marines, raies géantes, requins, manchots de Magellan… En famille – ou pas –, on y passe un bon moment !

De charmants bourgs côtiers

De charmants bourgs côtiers
La Turballe - bateaux de pêche © Christian Musat - stock.adobe.com

Le Pouliguen, Batz-sur-Mer, La Turballe, Piriac-sur-Mer… ces bourgs côtiers ont un charme fou avec leurs bâtisses en granit auxquelles se mêlent des maisons à colombages.

La Turballe (4 500 habitants) reste le port de pêche le plus important de Loire-Atlantique. Jadis spécialisé dans la sardine, puis l’anchois, il est dorénavant orienté vers des espèces comme le bar, le maquereau, le poulpe… Sa physionomie a tout de même bien changé avec l’arrivée, depuis les années 1970, d’un port de plaisance et de résidences touristiques.

Piriac-sur-Mer © Dominique VERNIER - stock.adobe.com

Piriac-sur-Mer a, en revanche, su garder toute son authenticité. Dans cette « petite cité de caractère » (3 000 habitants), les ruelles fleuries d’hortensias et de roses trémières, et les maisons en granit aux huisseries colorées invitent à flâner puis à s’installer à une terrasse.

Difficile aussi de ne pas être séduit par Batz-sur-Mer (3 000 habitants). Du haut de ses 70 m, la tour de l'église Saint-Guénolé offre, depuis le XVIIe siècle, une vue imprenable sur l'océan Atlantique, la côte rocheuse, les plages de sable, les marais salants... S’il faut grimper 184 marches, l’effort est récompensé : le panorama est, incontestablement, sublime !

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C’est à deux frères volubiles et passionnés d’histoire, Marc et Luc Braueur, que Batz-sur-Mer doit son musée dédié à l’incroyable histoire de la « Poche de Saint-Nazaire », dernière région de France libérée en… mai 1945. Il est installé dans un grand blockhaus d’observation de cinq étages, construit par les Allemands sur un promontoire rocheux, fin 1942. La découverte de ce site du Mur de l’Atlantique passionne car les frères Brauer ont su recueillir des témoignages poignants et reconstituer des scènes d’un réalisme saisissant.

Les marais salants, spectacle grandiose

Les marais salants, spectacle grandiose
Marais salants de Guérande © savoieleysse - stock.adobe.com

Gris le matin, blanc à midi, violet au soleil couchant, les marais salants forment une étonnante mosaïque de couleurs. Ceux de Guérande, Batz-sur-Mer et La Turbale (1 650 ha) sont alimentés en eau de mer par un golfe maritime appelé traict du Croisic. Les marais salants du Mès (350 ha), alimentés, eux, par le traict de Mesquer, s’étendent, plus au nord, sur Mesquer, Saint-Molf et Assérac.

Le sel y a une histoire bimillénaire que détaille le musée des Marais salants de Batz-sur-Mer. « Les Gaulois savaient déjà produire du sel ici », assure Gildas Buron, le responsable. Les Gallo-romains ont perfectionné la technique salicole, plus tard les moines bénédictins de l’abbaye Saint-Sauveur de Redon la développeront. Après plusieurs périodes de crise, cette activité suscite de nouvelles vocations. Il est vrai que, désormais, les grands chefs raffolent de ce sel 100 % naturel : il apporte une touche particulière aux mets.

Autour de hameaux pittoresques comme Clis, Rostu, Saillé, les paysages restent sculptés par les salines (lieux de travail des paludiers) et les salorges noirs (hangars à sel). Les maisons paludières traditionnelles, aisément reconnaissables à leur porte en plein-cintre et à leur lucarne à fronton triangulaire, témoignent de l’essor économique suscité, aux XVIIe et XVIIIsiècles, par le commerce et la « grande pêche », très exigeante en sel.

Paludier Nicolas Arnould - Rostu © Paula Boyer

À Pradel, se trouvent les installations de la coopérative Le Guérandais à laquelle 220 paludiers (sur 350) livrent leur récolte estivale. Juste à côté, sa « vitrine », baptisée « Terre de sel » vend gros sel, sel fin, fleur de sel, etc., dans une jolie boutique. Elle propose aussi expositions et visites guidées.

Ces visites sont une bonne introduction au monde du sel, à son « parler » et à ses pratiques artisanales. Elles font comprendre comment, lors des grandes marées, les paludiers stockent l’eau de mer dans une « vasière », puis, grâce à une légère dénivellation, la conduisent progressivement, via de très longs canaux, dans une succession de bassins afin de favoriser son évaporation. Ainsi, peu à peu, sous l’effet du soleil, de la chaleur et du vent, le sel se concentre assez pour cristalliser et permettre sa récolte dans les derniers bassins appelés « œillets ».

Bien sûr, la découverte des marais salants à pied ou à vélo est très tentante. L’office de tourisme la déconseille pourtant car les routes sont très étroites. Prudence, en tout cas.

Le + de routard.com :

Pour mieux saisir le savoir-faire artisanal et exigeant du paludier, rien de tel que de passer un moment dans une saline en compagnie de l’un d’eux. Pour ces visites guidées, s’adresser à l’office de tourisme. Nicolas Arnould en propose à Rostu, hameau de Mesquer où il travaille en indépendant. C’est avec dextérité et délicatesse qu’il manie, sans racler l’argile au fond des bassins, le « las » (gros râteau plat à long manche) pour récolter le gros sel. Ou la « lousse », pour récupérer la fleur de sel. Un véritable orfèvre.

La Brière, pays de chaume et d’eau

La Brière, pays de chaume et d’eau
Marais de la Brière frederic © hubert - stock.adobe.com

L’ambiance est tout autre, à l’est de la presqu’île, entre Trignac, Saint-André-des-Eaux, Saint-Lyphard, Crossac et Saint-Malo de Guersac : les 20 000 ha du marais de la Brière sont un pays de chaume et d’eau qui semble n’avoir pas de fin…

À l’emplacement de ce marais se trouvait un golfe marin : il y a 18 000 ans, une cuvette s’y forme. Vers 2 500 av. J.-C., une bande de sable isole la Brière de la mer. Une forêt apparaît alors. Cinq cents ans plus tard, à la suite d’un raz-de-marée, elle est inondée. Les arbres se couchent, leur bois se fossilise, d'autres végétaux poussent puis se décomposent. La tourbe se forme, la forêt se meurt, le marais de Brière est né.

Depuis que Louis XVI leur a accordé, en 1784, « propriété, possession et jouissance commune et publique » du marais, les habitants y sont maîtres chez eux. Longtemps, ils ont vécu chichement en autarcie, dans des maisons couvertes de chaume, se déplaçant d’île en île en bateau à fond plat (les chalands), vivant de la chasse, de la pêche et de l’extraction de tourbe utilisée pour se chauffer jusqu’à Guérande et Nantes.

Si, au XIXe siècle, le creusement de canaux navigables a permis d’intensifier l’exploitation du marais, l’abandon progressif de la tourbe comme combustible et l’industrialisation de Saint-Nazaire ont, au XXe siècle, incité les hommes à partir en ville. Dans le marais alors un peu délaissé, les maisons ont commencé à se couvrir d’ardoise. Cependant, le chaume suscite un nouvel engouement…

Chaumière traditionnelle du hameau de Kerhinet © Paula Boyer

Cet espace naturel humide resté sauvage et riche en biodiversité est protégé, depuis 1970, par un parc naturel régional et, depuis 2012, par une réserve naturelle. Points d’intérêt et sites d’observation n’y manquent pas. Et 700 km d’itinéraires pédestres sont aménagés et balisés…

Le marais gagne à être découvert en bateau traditionnel. Parmi les nombreux guides et opérateurs, « Les calèches briéronnes » proposent, à l’entrée du village de Bréca, des balades commentées de 45 min en chaland, couplées (ou pas) avec des virées, sur la terre ferme, en carriole à cheval.

Le + de routard.com :

À Saint-Lyphard, le temps semble arrêté au hameau de Kerhinet, devenu musée à l’initiative du parc naturel régional. On s’y promène à pied à sa guise – entrée gratuite – pour découvrir les 18 chaumières traditionnelles, toutes restaurées et pour certaines occupées par des artisans. Douze panneaux explicatifs rythment le « parcours d’interprétation ». Sur place, la Maison du parc-Office de tourisme de Brière est une mine d’informations sur les activités à pratiquer. Location de vélo possible.

Fiche pratique

Retrouvez tous les bons plans, adresses et infos pratiques dans le Routard Pays de la Loire en librairie.

Consulter notre guide en ligne Pays de la Loire

Lire aussi La Loire-Atlantique, côté marais

Office de tourisme La Baule Presqu'île de Guérande 

Comment y aller ?

TGV (et aussi TER) jusqu’à La Baule, puis location de voiture. En voiture, autoroute jusqu’à Saint-Nazaire, puis D99.

Visiter la presqu'île de Guérande à vélo

Un moyen très sympa de découvrir le patrimoine et les paysages de la région, entre marais et océan. Plus d'infos ici.

Bonnes adresses :

– Hôtel de la Cité : 2, pl Dolgelleau, à Guérande. Cet hôtel contemporain aux chambres spacieuses, bénéficie d’un emplacement de choix, à 10 min à pied de la cité médiévale. À partir de 84 € (hors saison) et de 132 € (l’été) la double, 14 € par personne le petit déjeuner.

– Maison d'Hôtes La Guérandière : 5 rue Vannetaise, à Guérande. En plein cœur de la cité médiévale, dans un bel hôtel particulier en granit adossé aux remparts, des chambres à la décoration soignée, pleines de charme dans l’esprit d’autrefois. À partir de 89 € la double hors saison (beaucoup, beaucoup plus cher l’été).

– La Chaumière : à Saint-Molf. Cet hébergement d’une grande simplicité a été aménagé dans la petite maison couverte de chaume qui jouxte l’habitation du paludier Nicolas Arnould et son épouse Ursula Weiss à Saint-Molf. 4 couchages. 160 € pour deux nuits (week-end) et de 430 € à 580 € la semaine, selon la saison.

– P’tea Bonheur : 36 rue Saint-Michel, à Guérande. Pour une pause déjeuner très sympa avec des produits frais dans une ambiance cocooning.

– Crêperie du Chien assis : 7, rue Saint-Michel, à Guérande. Pour les amateurs de (bonnes) crêpes salées et sucrées.

– Inspiration d’Ici et d’ailleurs : 6 place de Kherillier, à Guérande. Sa carte s’ouvre, au fil des saisons, aux saveurs du monde entier mais toujours faites maison.

– Auberge de Kerhinet : 10, village de Kerhinet, à Saint-Lyphard. Installée dans une vraie chaumière rénovée, pour des plats typiques de la Brière, également à base de produits de saison.

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Texte : Paula Boyer

Mise en ligne :

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