La Route du Mimosa, sur la Côte d’Azur
En hiver, sur la côte provençale, un coin d’azur et d’or résiste vaillamment à la grisaille, irradié par un soleil aux senteurs fleuries. Les hautes collines se sont couvertes d’une chaude toison d’or : celle des pompons de mimosa, une essence d’origine australienne introduite sur la Côte d’Azur à la fin du XIXe s, qui enracine un bout d’été austral au cœur de l’hiver azuréen.
Pour admirer le mimosa en fleur, il existe un itinéraire touristique de 130 km : la Route du Mimosa, qui relie Bormes-les-Mimosas (Var) à Grasse (Alpes-Maritimes) en passant par Le Rayol-Canadel, Sainte-Maxime, l’Estérel, le massif du Tanneron et Mandelieu.
En route : cap sur le mimosa, avec 6 étapes à ne pas manquer !
Quand voir les mimosas en fleurs ? La période de floraison du mimosa s’étend entre janvier et début mars. Certains arbres sont prématurés, d’autres tardifs, le cœur de la floraison a lieu de mi-janvier à mi-février. Le programme des festivités locales court, quant à lui, jusqu’à fin février.
Préparez votre voyage avec nos partenaires- Route du Mimosa, étape 1 : Bormes, capitale du mimosa
- Route du Mimosa, étape 2 : Le Jardin des Méditerranées au Rayol-Canadel-sur-Mer
- La Route du Mimosa, étape 3 : de Cavalaire à Mandelieu
- La Route du Mimosa, étape 4 : La Napoule et son corso
- La Route du Mimosa, étape 5 : Le Tanneron, plus importante forêt d’Europe
- La Route du Mimosa, étape 6 : Grasse, terre promise des parfums
- Fiche pratique
Route du Mimosa, étape 1 : Bormes, capitale du mimosa
Bormes ? 1968 a fleuri son nom en y adjoignant « les-Mimosas », tant cet arbre est roi ici. Henri Salvador l’a chanté, les présidents de la République s’y reposent des turpitudes du pouvoir, au fort de Brégançon.
On accède au village perché de Bormes-les-Mimosas, situé à une quarantaine de kilomètres à l’est de Toulon, par une route sinueuse bordée de villas où l’hiver laisse exploser sa multitude de feux d’artifice d’or. En grappes pimpantes, les pompons de mimosa frétillent délicatement à la brise légère ou s’agitent furieusement lorsque le mistral est de la partie.
Le dernier week-end de janvier, Bormes accueille Mimosalia, rendez-vous des amoureux du jardin, où des pépiniéristes rivalisent de plantes rares, parfois insolites.
D’entre tous, le Borméen Julien Cavatore est le spécialiste français du mimosa. Ses pépinières chouchoutent une collection unique de quelque 200 variétés d’Acacia dealbata (le mimosa) ; des plants que l’on greffe ici, pour brider la tendance naturelle de ces arbres à être très invasifs. En particulier dans les massifs des Maures et de l’Estérel dont les sols cristallins leur rappellent furieusement leurs terres australiennes d’origine.
À la mi-février, place au traditionnel corso fleuri. Les compositions très colorées des chars font concurrence de créativité : un sphinx, le chat d’Alice au pays des merveilles… Encore meilleur en suçant une glace au mimosa !
Mais il est temps de rejoindre notre seconde étape. La route en corniche laisse le regard s’évader tantôt vers le haut et sombre massif des Maures, tantôt vers la grande bleue et les îles d’Or, au large.
On traverse Le Lavandou et sa guirlande de douze plages alanguies, on passe le cap Nègre et ses villas de happy few, pour atteindre Le Rayol-Canadel-sur-Mer, célébré pour ses jardins extraordinaires.
Dans le langage des fleurs, le mimosa symbolise la sensibilité, la sécurité et la certitude. Mais aussi l’amour secret… Il est l’emblème floral de la Journée internationale des femmes, tout comme celui de l’Australie dont il orne le blason et où il bénéficie d’un « jour national » (le 1er septembre). Ce n’est pas pour rien que l’équipe de foot australienne sévit en jaune et vert !
Route du Mimosa, étape 2 : Le Jardin des Méditerranées au Rayol-Canadel-sur-Mer
À 15 km de Bormes-les-Mimosas, voici Le Rayol-Canadel-sur-Mer et son jardin des Méditerranées. On consacrerait des ouvrages entiers à ce jardin, tant il a d’histoire(s) à raconter, depuis la construction de la première villa, en 1910, jusqu’au paysagiste Gilles Clément. Utilisant les plissements du terrain, leur exposition au soleil, à l’eau, au vent, ce magicien du végétal a créé un incroyable patchwork : le jardin des Méditerranées où cohabitent cactées chiliennes, fougères arborescentes néo-zélandaises, protéacées d’Afrique du Sud.
Le pays d’Oz a également sa place ici, car les côtes de l’Australie méridionale (autour d’Adélaïde) bénéficient d’un climat méditerranéen. Le jardin du Rayol a ainsi embarqué à son bord une quarantaine d’espèces de mimosa dans son jardin australien. Il manque les kangourous ? Justement pas : une parcelle est couverte de « pattes de kangourous », les anigozanthos. La saison hivernale est idéale pour s’offrir des bouquets visuels d’un jaune intense et des émotions olfactives exceptionnelles sur ces pentes orientées plein sud où la température est plutôt clémente.
Un plaisir n’allant jamais seul, de nombreuses autres espèces australes montrent le bout du pétale durant cette période : les aloès d’Afrique du Sud poussent leurs hautes fleurs tubulaires, sur fond d’un tapis d’astéracées tout bleu, d’asters orange (le souci du Cap) et d’arbres de corail à la floraison écarlate !
D’autant plus chouette que la terrasse du sympathique Café des jardiniers est ouverte en hiver. Certains jours, un entremets à la gelée de mimosa s’invite même à la carte !
En janvier et février, une dizaine de visites commentées « L’odyssée des mimosas » révèlent les petits secrets de cette plante emblématique de nos hivers. Durée 2h-2h30.
La Route du Mimosa, étape 3 : de Cavalaire à Mandelieu
Notre cheminement reprend vers le levant, passant sans passion par Cavalaire où les GI’s prirent pied le 15 août 1944. À Gassin, arrêt gourmand à la Maison des Confitures, qui propose un excellent confit de mimosa.
Voilà qui met en train pour aborder le golfe de Saint-Tropez à l’extrémité duquel le petit port de Sainte-Maxime s’agite le premier week-end de février autour de célébrations du mimosa : visite des ateliers de fabrication des chars et de leur mise en fleurs le samedi, grande parade le dimanche, accompagnée de spectacles de rue.
On laisse les flonflons de ces corsos fleuris pour poursuivre la route côtière jusqu’à Saint-Aygulf. Arrêt sur image au niveau de la plage de La Galiote : à cette saison, l’horizon est magnifiquement marqué par les lointains sommets enneigés du Mercantour et les flamboyants reliefs tourmentés de l’Estérel.
On garde le cap sur le pompon jaune en filant sur Agay, quartier de Saint-Raphaël qui a planté son golfe juste au pied des roches rouges du massif de l’Estérel. Le chocolatier Le Palet d’Or y a créé une spécialité de circonstance, Le Mimosa d’Agay : des pompons de chocolat blanc aromatisés au citron et au mimosa.
Au-delà d’Agay, la route emprunte la célébrissime corniche d’Or : cette vingtaine de kilomètres est sans doute l’une des plus belles portions de toute la côte méditerranéenne française.
L’ONF se démène dans l’Estérel pour éviter que les jolis pompons jaunes, hyper invasifs, ne supplantent la flore indigène du massif : cistes, lavande papillon, chênes et barbe de Jupiter.
La Route du Mimosa, étape 4 : La Napoule et son corso
Certes, Joséphine de Beauharnais eut droit à son mimosa dès 1804, ramené d’Australie par Nicolas Baudin. Mais le berceau du mimosa en France est bien La Napoule, depuis que cette essence a pris racine dans les jardins de lords anglais de la baie de Cannes, vers 1880.
Le quartier des mimosistes à Mandelieu témoigne de la frénésie d’alors pour cet arbre dont la Côte d’Azur deviendra l’un des plus gros producteurs mondiaux. Même si ces botanistes spécialisés n’ont plus guère pignon sur rue ici.
C’est à La Napoule qu’eut lieu, en 1931, la première fête du mimosa en France, sous les auspices de la seule chapelle consacrée à Notre-Dame du Mimosa (1927) dans l’Hexagone. Corso qui bat toujours le pavé mandolocien la première quinzaine de février, avec sa dizaine de chars chargés d’une douzaine de tonnes de fleurs (c’est belle-maman qui serait flattée d’un tel bouquet !).
Pour accompagner ce convoi odoriférant, des centaines de musiciens et de danseurs venus de l’Europe l’entière offrent au défilé une allure festive et enlevée.
Ne pas bouder non plus le musée à ciel ouvert que constitue l’arboretum du parc Emmanuel de Marande :
Au-delà de ces festivités, Mandelieu La-Napoule est l’une des portes d’entrée du massif du Tanneron. Base arrière parfaite pour organiser des randonnées hivernales et fleuries.
La tradition du corso remonte au XVIIe s, lorsque les nobles sortaient leurs carrosses richement décorés, le dimanche, pour plastronner sur l’avenue principale (le « corso »). Une tradition popularisée ensuite pour célébrer l’arrivée du printemps ou la fin du carême, autour de Mardi gras, avec leurs chars de carnaval.
Lire notre article Mandelieu-la-Napoule et le Tanneron, au pays du mimosa
La Route du Mimosa, étape 5 : Le Tanneron, plus importante forêt d’Europe
Tanneron est une constellation de vingt-deux hameaux haut perchés dans le ciel du pays de Fayence, noyée dans la plus importante forêt de mimosas d’Europe. Dans le massif du Tanneron, les mimosas se pressent plus encore que les voyageurs dans le métro parisien aux heures de pointe : c’est jaune de monde !
Un jaune mimosa qui qualifie très officiellement l’une des 37 tonalités de jaune : « code 726 » dans les nuanciers du fil à broder, « AC 233 » dans les nomenclatures de l’industrie automobile. Le contraste chromatique avec l’azur profond du ciel d’hiver provençal est confondant !
Fin janvier, au village, la fête du mimosa bat son plein. Typique en diable, elle débute par une messe en provençal. S’ensuit une procession accompagnée de danses folkloriques qu’animent les galoubets et tambourins. Les bravadeurs, parfaitement synchrones, font parler la poudre de leurs vieilles pétoires. Chaque salve fait sursauter la foule (ils tirent en l’air, on vous rassure !). Viennent ensuite le rose aux joues autour d’un cocktail mimosa, puis le corso fleuri.
Une boutique éphémère – ouverte durant toute la période de floraison, de fin janvier à début mars – propose des créations inspirées du mimosa : bijoux, objets décoratifs, vêtements, produits de beauté, épicerie fine…
Le mimosa est resté longtemps indompté par les fleuristes : très fragile, il fanait trop vite. Le hasard a fait le reste : un bouquet en bouton, oublié dans une pièce tiède et très humide (25 °C, 85 % d’humidité) retrouvé tout fleuri le lendemain… Les mimosistes s’emparèrent de cette technique pour travailler les bouquets en bouton et provoquer la floraison au moment opportun. Tanneron recèle l’une des toutes dernières forceries en activité.
La Route du Mimosa, étape 6 : Grasse, terre promise des parfums
Rome du parfum, Grasse ? Assurément, à en croire l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco dont bénéficie le « savoir-faire lié au parfum » de cette coquette ville des Alpes-Maritimes. Pas étonnant, donc, que notre Route du Mimosa termine sa course ici. Car cette essence, outre la beauté délicate de ses pompons de velours et son jaune chatoyant, présente aussi la particularité d’être extrêmement odorante.
Fleurs et feuilles sont distillées ensemble, donnant une touche finale assez différente de ce qu’on sent en enfonçant le nez dans un joli bouquet de mimosa. Une fragrance duveteuse, poudrée, verte et chaude, souvent utilisée comme note de cœur : celle qui confère son esprit au parfum. Très connoté Belle Époque, les parfumeurs emploient le mimosa avec précaution, associé aux deux stars grassoises que sont le jasmin et la rose et agrémenté de violette ou de racine d’iris
La capitale mondiale du parfum se prête parfaitement à l’exploration de cette facette olfactive. Au musée international de la Parfumerie d’abord, mais aussi auprès des trois grands parfumeurs du cru (Galimard, Fragonard et Molinard) dont on visite les fabriques, histoire de tout apprendre de la distillation, des matières premières, de l’élaboration et du travail du « nez », armé de son orgue à parfum. On finit ce beau périple en se disant qu’on a vraiment eu du nez de parcourir cette route du mimosa !
De grands crus de parfums ont adopté le mimosa comme fragrance principale : Loulou de Cacharel, Paris d’Yves Saint Laurent, Amariage de Givenchy, Poême de Lancôme, Infusion de Mimosa de Prada ou Summer de Kenzo. Mais si vous élaboriez votre propre parfum dans l’un des ateliers de création de Galimard, Fragonard et Molinard ?
Fiche pratique
Retrouvez tous les bons plans, adresses et infos pratiques dans le guide du Routard Côte d'Azur en librairie.
Pour préparer votre séjour, consultez notre guide de voyage Côte d'Azur
Offices de tourisme de Bormes-les-Mimosas, Sainte-Maxime, Saint-Raphaël, Mandelieu La-Napoule, Tanneron et Grasse.
Toutes les activités autour du mimosa dans l'agenda de la Route du Mimosa
Comment y aller ?
TGV jusqu’à Toulon ou Hyères puis location de voiture obligatoire
Bormes-les-Mimosas se trouve à 20 km à l’est d’Hyères par la D98.
Bonnes adresses
– Le Boudoir : 1, venelle des Amoureux, à Bormes-les-Mimosas. Propose des glaces au mimosa 100 % naturelles.
– La Petite Bohème : 5, av. Franklin-Roosevelt, Le Lavandou. Un charmant hôtel ouvert à l’année et tenu avec sympathie. Les chambres, confortables donnent sur un joli patio-jardin, avec la mer au loin. Doubles 65-105 €.
– Le Maurin des Maures : 29, av. Étienne-Gola au Rayol-Canadel-sur-Mer. Une institution dont la salle surplombe la mer et les îles. Cuisine simple, basée principalement sur des produits frais. Atmosphère conviviale. Formule déj 19,50 € ; menu 39,50 €.
– Hôtel Castellamar : 8, av. Georges-Pompidou à Sainte-Maxime. Villa au délicieux look années 1960 où il fait bon prendre son temps. Chambres colorées et fraîches. En prime, l’accueil est attentif et non dénué d’humour. Bref, un vrai coup de cœur ! Doubles 79-174 €.
– Côté Jardin : 17, av. Georges-Clemenceau à Sainte-Maxime. Tél. : 04-94-56-57-63. Oh, la belle surprise ! On croit entrer simplement dans une galerie d’art et on débouche dans une petite salle, à l’arrière, donnant côté... jardin. Les tartes du jour s’exposent au comptoir et la carte propose salades, plats du jour et assiettes gourmandes. Plats 16-27 €.
– Auberge Provençale : 73, impasse des Sangliers, Le Dramont. Cet hôtel a les caractéristiques extérieures d’une auberge à l’ancienne qui a fait peau neuve à l’intérieur. Accueil jeune et enjoué, comme les petites chambres pleines de peps aux tarifs vraiment raisonnables. Doubles 55-80 €.
– Le Mug’s : 84, rue Alphonse-Karr à Saint-Raphaël. Cette ancienne pâtisserie n’a rien perdu de son excellence pour le sucré, tout en ajoutant à sa carte des sandwichs, des salades fraîches, des tartares, des burgers et même... des sushis. Une vraie belle ambiance côté salle. Formule déj env 20 € ; salades et plats 16-25 €.
– Hôtel Casa Rose : 780, av. de la Mer à Mandelieu-La-Napoule. Amarré à la rive de la Siagne, cet hôtel ancien s’est refait une belle santé au gré d’une décoration à la californienne. Couleurs pimpantes aux murs, objets chinés, mobilier design : du vintage sixties qui évite avec réussite tout côté vieillot. Au contraire ! Doubles 95-320 €. Plats 20-30 €.
– Le Bistrot de l’Oasis : 26, av. Henry-Clews à Mandelieu-La-Napoule. Au 1er étage de l’hôtel Ermitage, un chef « globe-cooker » sympathique concocte une cuisine méditerranéenne élaborée, servie dans un cadre décontracté de bistrot intimiste, face au canal. Menus 33-49 €.
– Hôtel La Bellaudière : 78, av. Pierre-Ziller à Grasse. Cette vieille bâtisse fut appréciée par Auguste Renoir et Gérard Philippe. Elle abrite des chambres de bon confort, de style classique. Les meilleures jouissent d’une vue dégagée sur le pays de Grasse. Doubles 91-138 €. Resto le soir seulement, tlj sauf ven. Plats 19-26 €.
– Lou Pignatoun : 13, rue de l’Oratoire à Grasse. Dans une salle simple mais soignée, une bonne cuisine sans chichis, variant chaque jour. L’aïoli est de la partie tous les midis ! Aioli 13,50 €, formule plat-dessert 16,50 €.
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Texte : Fabrice Doumergue