Les îles d’Or : l’archipel nature de la Côte d’Azur
Porquerolles, Port-Cros, Levant : trois havres de paix à visiter au large d’Hyères
Les îles d’Hyères marquent l’horizon de leurs côtes déchiquetées, au large du littoral varois et de la corniche des Maures. Tâches de verdure et de roche entre l’azur du ciel et le bleu de la mer.
Des îles auxquelles la légende prête d’être les filles du prince grec Olbianus, poursuivies par un bateau pirate alors qu’elles nageaient au large. Implorés par Olbianus de les sauver, les dieux pétrifièrent les soeurs dont trois devinrent les îles Stoechades. La quatrième, toute proche du comptoir phocéen d’Olbia tendait déjà les bras vers son père : elle devint la presqu’île de Giens et son étonnant tombolo.
Les rois de France fortifièrent ces gardiennes maritimes de la rade de Toulon. Henri IV offrit même Porquerolles en cadeau de mariage à sa belle Catherine. Puis la Renaissance les rebaptisa du doux nom d’Îles d’Or… Un trésor doré à portée de bateau. Chacune empreinte d’un caractère bien marqué.
Des îles « plus vertes que le songe » dira Saint-John Perse qui repose à jamais à Giens, face à celles qui ont inspiré tant de plumes !
Préparez votre voyage avec nos partenaires- Île de Porquerolles, la section terrestre du paradis
- Que faire à Porquerolles ? Randos, plages et musées
- Île de Port-Cros, le premier parc national marin de France
- Que faire à Port-Cros ? Les meilleures randonnées de l’île
- Île du Levant : l’éden du naturisme
- Que faire sur l’île du Levant ? Tomber le maillot…
- Fiche pratique
Île de Porquerolles, la section terrestre du paradis
L’île de Porquerolles, bout de terre à dimension humaine, est un nuage de
Tout autour, pour garder ce trésor, une dizaine de fortins et batteries érodés par le temps font corps avec leur socle de roche schisteuse, du cap des Mèdes à l’est à la presqu’île du Langoustier à l’ouest. On distingue leurs formes altières depuis le bateau qui rejoint l’île en vingt minutes depuis La Tour Fondue, à l’extrémité de la presqu’île de Giens.
Au XXe s, « faire le tour du propriétaire » de Porquerolles faisait sens et portait un nom : François-Joseph Fournier. Revenu richissime du Mexique en 1912, il offrit l’île à sa promise, pour un million tout rond, en cadeau de noces (une manie !). Jusqu’à sa mort en 1935, Fournier organisera ce territoire en communauté autonome, sur le modèle des haciendas mexicaines, défrichant, cultivant, en parfaite autosuffisance (centrale électrique, médecin, école…). Ses descendants possèdent aujourd’hui encore de larges pans de l’économie insulaire.
À la descente du bateau, on sent déjà le goût de l’ailleurs. Le village de Porquerolles s’articule autour d’une large place en terre battue, plantée d’eucalyptus odoriférants, où les terrasses de bars et restos ont fleuri sous le soleil de plomb. Y siroter un verre en laissant filer le temps est un luxe qu’on peut s’offrir pour presque rien. À moins qu’on ait décidé de partir battre les chemins de traverse, qui mènent (tous) à la mer…
En juillet-août, le nombre journalier de visiteurs de l’île est contingenté. Réservation impérative pour la traversée en bateau.
Que faire à Porquerolles ? Randos, plages et musées
À pied ou à vélo, on n’est vraiment pas importuné par les véhicules motorisés pour faire le tour des plages : celle de La Courtade bordée de tamaris et d’eucalyptus, celle d’Argent au sable de quartz si blanc, celle du Langoustier qui regarde l’île du Petit Langoustier armée d’un fort par Richelieu. On garde le meilleur sable pour la fin.
Celui de la plage Notre-Dame, au nord-est de l’île, élue plus belle d’Europe en 2015 et où Godard tourna en 1965 des scènes de son fameux Pierrot le Fou. Pour répondre au mantra d’Anna Karina, « J’sais pas quoi faire… Qu’est-ce que je peux faire ? », on pourra se renseigner à la maison du Parc : mine d’informations et source de multiples activités.
Les amateurs de poliorcétique (l’art du siège) prendront de la hauteur au fort Sainte Agathe qui domine le village et ses maisons colorées couvertes de jasmins ou de bougainvillées. De là-haut, le regard couvre tous les horizons : le sombre massif des Maures, les sommets calcaires dominant Toulon, le vert tendre des vignes, le vert profond des pins parasols, la langue blanche des plages et leurs eaux turquoise. Ces vénérables murs du XVIe s accueillent une intéressante exposition sur l’île, ainsi qu’une œuvre éphémère d’Art contemporain.
Mise en bouche pour les amateurs qui fileront illico à la fondation Carmignac (entrée : 15 €). Un écrin taillé pour accueillir des expositions temporaires (que l’on parcourt pieds nus, eh oui !) en complément d’une quinzaine d’œuvres permanentes de land art saupoudrées dans le parc autour.
Pour ne rien gâcher, on arpente ici les terres d’un des deux domaines viticoles de l’île, celui de La Courtade, dont on peut visiter les installations et déguster les crus. Les amateurs de note finale salée, mais alors vraiment salée, goûteront aux étonnants vins immergés. Le second Domaine de l’Île (c’est son nom), mérite également qu’on découvre ses cuvées de bonne tenue. Normal, Coco, il appartient à la maison Chanel !
Georges Simenon débarqua en 1926 à Porquerolles, la plus grande des îles d’Hyères. Il avait 23 ans. Son âme ne se remettra jamais de cette rencontre miraculeuse avec « Porquerolles, comme un bouquet parfumé, piqué sur la soie bleue de la Méditerranée », qu’il jugeait être la « section terrestre du paradis ».
Île de Port-Cros, le premier parc national marin de France
Il suffit d’observer ses compagnons de traversée, sur le bateau vers Port-Cros, pour comprendre ce que l’île vous réserve. Baguette de pain ou paire de palmes dépassant du sac à dos, bâtons de marche et chaussures de rando, lunettes de soleil et casquette : le décor est planté.
L’arrivée est admirable dans la rade de Port-Cros, sauvage en diable. Plein de charme, le petit port y est dominé par la silhouette massive du fort du Moulin, elle-même surveillée par l’imposant fort de l’Estissac. Souvenir d’un passé guerroyeur pas si lointain, puisque l’île fit régulièrement l’objet d’âpres combats jusqu’en août 1944.
Désormais, un quai et deux pontons strient les eaux limpides, des mats dodelinent pacifiquement, une rangée de hauts palmiers bercent leur ramure et une grappe de maisons s’ancre à la pente naissante de la colline. Un avant-goût du bonheur.
C’est indéniablement grâce à la création du parc national de Port-Cros en 1963, premier parc marin à voir le jour en Europe, que l’île a vu son environnement si bien préservé. On doit ce petit miracle à une clause obligatoire de l’acte de donation à l’État des anciens propriétaires, les époux Henry.
La plus petite des Îles d’Or (
Cet étalage de chiffres habille une véritable révolution écologique sur les Îles d’Or et, surtout, sous la surface de leurs eaux cristallines. Pas moins de 140 espèces d’oiseaux y passent, y nichent, s’y fixent, du puffin cendré à l’aigle botté en passant par l’hypolaïs polyglotte. Les mérous débonnaires sont les stars de ces eaux, entourés de bancs de loups, dorades royales, corbs. Les saupes et crénilabres paons paissent dans d’énormes champs de posidonie. Les murènes observent ces possibles proies du creux de leur rocher. 180 espèces en tout ! Sans compter la grande nacre, une moule qui plante dans le sable sa haute stature de
Que faire à Port-Cros ? Les meilleures randonnées de l’île
Sur terre, une demi-douzaine de sentiers balisés sillonne le relief accidenté de l’île, en explorent à pleins poumons les senteurs de maquis, en apprécient du regard les échappées multiples sur des paysages marins à rendre jaloux Paul Signac ou Raoul Dufy.
Le circuit des crêtes (
Le plus long des circuits est celui de Port-Man (
Enfin, le circuit des écrivains (
De mi-juin à mi-septembre, à la plage de la Palud, attenante à la réserve intégrale du rocher du Rascas, un sentier sous-marin balisé permet d’approcher quelques beaux spécimens à écailles en passant de bouée explicative en bouée explicative. Profondeur inférieure à
Île du Levant : l’éden du naturisme
Avec un nom pareil, Le Levant est évidemment la plus orientale des Îles d’Or. Devenue synonyme de naturisme grâce à André et Gaston Durville. Nous sommes en 1930 et ces deux médecins veulent y promouvoir le naturisme au soleil comme thérapie. Voilà une utopie originale, dénudée et pas dénuée de sens.
Avant cela, l’île avait fait parler d’elle par sa « colonie agricole ». De fait, un bagne pour enfants établi sous l’autorité de Napoléon III. Véritable calvaire pour des gamins de 5 à 21 ans de la prison parisienne de La Roquette transférés ici, maltraités, affamés et exténués jusqu’à la mort pour 99 d’entre eux. Le bagne ferma en 1878.
Durant la Seconde Guerre mondiale, ce coin de paradis fut aussi un enfer pour les soldats allemands. En préparation du débarquement de Provence, un commando américano-canadien prit l’île d’assaut par surprise le 15 août 1944 afin d’y réduire une puissante batterie côtière. Les soldats nazis y défendirent jusqu’au dernier cette base de la Kriegsmarine.
Un terrain militaire occupe toujours plus de 90 % de la surface de l’île, le restant étant dédié au village naturiste d’Héliopolis. Ces deux univers a priori assez peu compatibles, séparés par un haut et long grillage, partagent la même terre, le même soleil et la même mer. D’un coté des barbelés, les treillis des fusiliers marins, de l’autre la tenue d’Adam pour seul uniforme : le contraste est cocasse.
Le bagne napoléonien fut soigneusement enfoui dans les archives avant que Claude Gritti n’évoque ce honteux épisode dans Les Enfants de l’île du Levant (éd. Lattès en format de poche).
Que faire sur l’île du Levant ? Tomber le maillot…
On a vite fait le tour du hameau portant le doux nom d’Héliopolis. Des villas et cabanons noyés dans une végétation luxuriante. Tout en bas, le port de l’Aygade où la nudité n’est pas permise, comme au village d’ailleurs. Sur les corniches, desservant les habitations, elle est laissée libre, tout comme sur les chemins de randonnée des
Pour la bronzette, les nudistes disposent de la plage des Grottes, vite saturée en été. Son sable roux est assez grossier mais on s’en contente car c’est le seul de l’île. Quelques rochers schisteux sur les côtés prolongent le plaisir. Sur l’autre versant du port, le sentier des naturistes, tout en corniche, dessert d’autres rochers parfois complétés par des plateformes cimentées, pour la plus grande joie de la serviette de bain.
Sur l’île règne une douce atmosphère. Est-ce parce que l’article premier de la charte du parfait Levantin stipule aimablement « Je dis bonjour en souriant aux personnes que je croise » ? Est-ce parce que l’île compte une majorité d’habitués ? Ou bien car tout s’y fait seulement à pied ? Le bonheur et rien d’autre : vous voilà préve-nus !
Si vous prévoyez de vous baigner, n’amenez pas votre chien. Ils ne sont pas admis sur les sentiers côtiers… même à poil !
Fiche pratique
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Parc national de Port-Cros : Maisons de parc à Porquerolles (jardin Emmanuel-Lopez, à la sortie du village vers le phare) et à Port-Cros (au port).
- Pour plonger depuis Porquerolles, La Londe-les-Maures, Bormes-les-Mimosas ou Le Lavandou. Compter 45-75 €/plongée.
- Quelques règles de base pour ne pas se faire remarquer (voire éviter une prune !) :
- Ni camping ni bivouac
- Accès réglementé aux chiens même tenus en laisse.
- Cueillette interdite.
- Feu et cigarettes interdits en dehors du village.
- Ne pas nourrir les animaux.
- L’eau est une denrée précieuse sur les îles. Remplissez les gourdes sur le continent avant d’embarquer.
- Vous avez amené votre canette de coca-cola pleine… Ramenez la vide dans votre sac. Comme tous vos déchets d’ailleurs.
- À Port-Cros comme à Porquerolles, la balade s’apparente à de la rando : privilégiez les chaussures adaptées… Les tongs c’est bien à la plage, moins sur les pistes rocheuses.
- Autour de Port-Cros et de Porquerolles, la navigation et le mouillage sont règlementés.
Comment y aller ? Comment circuler ?
- Porquerolles depuis La Tour Fondue (presqu’île de Giens) avec TLV-TVM en 20 mn pour 24 € A/R. Tte l’année, tlj. Depuis La Londe-les-Maures avec Les Bateliers de la Côte d’Azur d’avr à début nov, en 30 mn pour 34 € A/R. En saison, départ d’autres ports varois.
Location de vélo : au port et dans le village, compter 18 €/j. (42-45 € pour un vélo électrique). Tarifs combinés possibles avec la traversée de bateau (se renseigner auprès de l’office de tourisme).
- Port-Cros depuis le Port Saint-Pierre (Hyères) avec TLV-TVM tte l’année, en 45 mn-1h pour 29 € A/R, La-Londe-Les-Maures avec Les Bateliers de la Côte d’Azur d’avr à début nov, en 45 mn-1h pour 35 € A/R, Le Lavandou avec Les Vedettes des Îles d’Or en 35 mn via Le Levant pour 30 € A/R.
- Le Levant depuis le Port Saint-Pierre (Hyères) avec TLV-TVM tte l’année, en 1h pour 29 € A/R via Port-Cros, Le Lavandou avec Les Vedettes des Îles d’Or d’avr à début nov, en 35 mn pour 37,50 € A/R.
Bonnes adresses
À Porquerolles
- Villa Sainte-Anne : pl. d’Armes. Ouv avr-Toussaint. Cet hôtel-resto allie le confort au charme provençal à une cuisine authentique et goûteuse à souhait. Un repas où tout est bonheur, servi en terrasse. Doubles 140-260 € ; plats 27-42 €, 22-24 € au déjeuner.
- L'Oustaou : pl. d'Armes. Une de nos adresses favorites pour son équipée dynamique, ses prix tenus et sa carte adaptée à toutes les envies. L'assiette tient ses promesses : les langoustes du vivier en frétillent des antennes... Si elles savaient ! Plat du jour 22-25 €, autres plats 24-34 €.
- Domaine de l’Île : chemin du Langoustier. Tél : 04-98-04-62-30. Boutique ouv jusqu'à 19h. Resto ouv mai-début oct : le midi, mar-dim ; le soir, jeu-sam. Plats 18-26 €. Côtes-de-provence bio en blanc et rosé. Astucieux, on retire son achat à l’arrivée du bateau à La-Tour-Fondue. Le midi, les tables se dressent sous les pins dans une ambiance informelle, pour une carte courte et bien sentie.
Port-Cros
On n’établira le camp à Port-Cros que si l’on casse la tirelire.
Pour déjeuner, 4 établissements, 4 ambiances (tlj de mi-avr à mi-oct). L’Hostellerie Provençale (tapas 16-22 €) superpose ses terrasses colorées. Le Sun Bistro (plats 20-34 €) dont le rabattage rappelle les vacances à Mykonos. 6 palmiers plus loin, La Trinquette (formules 19-38 €) offre une carte tout feu, tout flamme. Enfin, L'Anse de Port-Cros (menu 40 €, poisson 9-10 €/kg, bourride 69 €) avec son équipage en marinière, comme chez madame la Baronne.
Le Levant
- Villa Marie-Jeanne : 645, corniche de la Côte-60. Ouv juin-sept. Cette grande villa d’architecture très balnéaire fut, en 1935, le 1er hôtel de l’île. Elle accueille une clientèle naturiste principalement gay. Superbe vue sur la mer. Jacuzzi et piscine à débordement. Accueil sympa. Studios, appart 3 pers ou loft équipés 90-135 €.
- La Palmeraie : chemin de l’Ayguade. Tél :04-94-05-90-85. De mi-mai à oct, tlj. Ouv jeu soir – dim soir hors saison. Un resto à la cool, doté de quelques tables et d’un hamac sous les pins. Tartines de pain bio et salades le midi, cuisine d’ici et d’ailleurs pour les grosses faims du soir. Très bon accueil. Menu 38 €. Plats 21-28 €.
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Texte : Fabrice Doumergue
Mise en ligne :