Saint-Tropez, foyer artistique oublié
Pèlerinage artistique
Partir sur les traces des artistes qui se sont inspirés de Saint-Tropez relève
d’une tâche à la fois plaisante et impossible. Agréable parce que la plupart
des paysages et lieux peints par les artistes ont miraculeusement échappé à
la fièvre immobilière commune à la côte méditerranéenne ; difficile voire
impossible du fait de l’absence d’intérêts des responsables politiques et économiques
locaux à mettre en valeur ce patrimoine.
On ne saurait trop conseiller d’attendre l’accalmie de la basse saison pour
se rendre sur les traces de Maupassant, Signac et Colette. La découverte se
doit de commencer par la visite du très beau musée de l’Annonciade, situé sur
le port, mais que la grande majorité des estivants ignore malgré la richesse
de ses collections qui comptent des œuvres de Maillol, Signac, Cross, Van Dongen,
Marquet, Matisse, Utrillo, Dufy, Cordier. La plupart des maisons jadis occupées par les
peintres et écrivains existent toujours mais sont des résidences privées. Plutôt
partir alors à la découverte des paysages représentés. S’inventer une promenade
qui débutera à la Citadelle, d’où le panorama s’étend sur le village, le golfe,
les Maures et au loin l’Estérel, gagner la Hune, villa de Paul Signac. Par l’étroit
sentier des douaniers qui serpente entre rochers et fraîches pinèdes, rejoindre
ensuite la baie des Canoubiers dominée par le château Borelli édifié en 1895.
De nombreux artistes se sont installés dans la paisible anse au cours de la
première moitié du XXe siècle. Depuis la plage, on aperçoit La Treille Muscate,
la simple et jolie maison que Colette occupa et raconta longuement dans ses
livres.
En ville, les cafés autrefois mythiques comme Chez Palmyre
ou le café des Arts ont aujourd’hui disparu. Mais les venelles, les ruelles
étroites du quartier de la Ponche, les places à l’ombre des ormeaux, la chapelle
Sainte-Anne d’où la vue s’étend sur toute l’extrémité de la presqu’île permettent
de retrouver les lieux et les paysages inchangés pris pour modèles par les artistes
du début du XXe siècle.
Texte : Jean-Philippe Renouard
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