Malana, un peuple sacré et hors-la-loi
Malana, capitale de la drogue
Ces producteurs de charras ont tout compris. Ils refusent de reconnaître
l’autorité du gouvernement indien et d’être soumis à l’impôt. En même temps,
ils se sont autoproclamés sacrés en offrant demeure au dieu le plus puissant
de la région, Jamlu. Ils sont donc très respectés par tous les Indiens d’Himachal Pradesh qui se rassemblent massivement à Malana lors du grand festival annuel
du 15 août. On ne peut rien faire contre les Malanais, même pas les toucher.
Le village jouit d’une parfaite immunité et peut librement profiter des fruits
de son commerce illicite. Toutes les richesses viennent de la vente du charras
récolté en octobre et novembre. Grâce à cet argent, ils peuvent constituer des
stocks de vivres pour l’hiver, le village étant bloqué par la neige pendant
cette saison. Au printemps, ils labourent les champs. En été, ils coupent les
fleurs et conservent les têtes, qui donneront la précieuse résine. À l’automne,
ils récoltent, s’en gardent une petite partie pour leur consommation personnelle
et vendent le reste au monde entier.
Le caractère sacré de Malana dérive-t-il de véritables fondements religieux
ou historiques ? Difficile à dire... mais, en tout cas, il est parfois
bien pratique d’être sacré.
Texte : Charles Carmignac
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