Malana, un peuple sacré et hors-la-loi

Malana, un village d’intouchables sacrés

Malana, un village d’intouchables sacrés
Charles Carmignac

Aucune route ne mène à Malana. Depuis les grilles du projet hydroélectrique de Jari, à 375 km au nord de Delhi, il faut suivre le sentier qui longe la Malana River et gravir les premières montagnes de jungle. Nous sommes au pied de la chaîne himalayenne. Au sommet, un village flotte parmi les nuages et les champs de cannabis. Toute la montagne fume. Devant les premières maisons, une pancarte avertit qu’il est interdit de toucher les temples et les gens, sous peine d’une amende de 1 000 roupies (soit 50 €). Au même endroit, il y a encore deux ans, il fallait attendre une autorisation pour traverser le village. Aujourd’hui, l’étranger, qu’il soit indien ou non, entre plus facilement. Mais les règles à l’intérieur n’en sont pas moins strictes.
Quand il croise un non-Malanais, le villageois s’écarte pour conserver une distance de sécurité. Il n’est pas question de toucher un inconnu. Pourquoi ? Parce que sa caste est inconnue. Les Malanais font partie de la caste des kshatryas, celle des guerriers, la deuxième caste la plus noble après celle des brahmanes. En conséquence, ils n’acceptent de contact qu’avec un kshatryas ou un brahmane. C’est la matérialisation inverse de l’expression d’« intouchables », qui désigne ces parias que les castes supérieures se gardent de toucher à cause de leur impureté. À Malana, le peuple est intouchable parce que trop pur, et la règle s’étend à leurs possessions et à leurs temples. Toute violation de ces principes entraîne le sacrifice d’une chèvre dont le sang doit être déversé sur la zone salie, à savoir un corps, une maison ou un temple.
Dans ces conditions, l’étranger qui désire acheter une pellicule photo ou un Coca-Cola doit prendre mille précautions. Le protocole consiste à déposer l’argent au sol et à se saisir de l’objet que le commerçant aura lui aussi posé à terre. Aucun contact entre les deux, bien entendu.
Dans sa traversée du village, l’étranger est aussi frappé par les cornes d’animaux qui sortent des murs. Tout simplement effrayant. Chaque paire de cornes incrustée dans un édifice correspond à un animal sacrifié pour la purification du lieu. La façade du temple principal est par exemple orné de cornes de buffles, de chèvres, de yacks, de cerfs, de béliers, d’oiseaux métalliques... Quand un étranger s’approche trop près du temple, les villageois s’agitent et lui font signe de s’éloigner. Alors il s’écarte, tête baissée et rejoint sagement sa guesthouse à l’extérieur du village.

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Texte : Charles Carmignac

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