Défiler à Rio
Et soudain, le sambodromo…
Regroupés par fantasia, nous prenons possession de la piste d’accès. Les « harmonias »
(coordinateurs) de l’école essaient tant bien que mal de nous aligner. Commence
la seule partie un peu pénible de l’aventure : une attente de plus d’une
heure debout, sans pouvoir bouger. Une à une, les danseuses montent sur les
chars et se préparent. Finalement, les harmonias passent entre nous en chantant
notre samba, bientôt repris par tous. Le cortège s’ébranle, les cœurs battent,
même si nous sommes encore loin du sambodromo. Un feu d’artifice annonce notre
entrée au moment où la sono crache le samba de enredo de Unidos da Tijuca. Nous
ne sommes plus qu’à quelques dizaines de mètres de la piste de défilé, tous
les participants chantent et dansent déjà à en perdre la tête. Un dernier virage…
c’est l’entrée dans le sambodromo ; chaque danseur profite de cet instant
magique sous les yeux de quelque 90 000 spectateurs.
Passent peu à peu les gradins, les loges des jurys et trop vite se profile la
grande arche, terme du défilé. Pendant une heure et demie, nous avons dansé
et chanté sur la même chanson, sans aucune lassitude. Impossible d’assister
au spectacle des autres écoles à moins de disposer d’un billet. Mais les stands
entourant le sambodromo proposent boissons et nourriture pour se remettre de
ses émotions.
Les résultats sont annoncés le mercredi des Cendres. Unidos da Tijuca termine
neuvième sur quatorze. Je ne me suis rendu compte de rien, mais nous avons subi
différents contre-temps : un char a cassé avant même son entrée en lice,
une danseuse a fait une chute de plusieurs mètres, notre reine a dû défiler
pieds nus… Nous ne faisons donc pas partie des cinq meilleures écoles, appelées
à défiler de nouveau le samedi suivant. Qu’importe, les souvenirs sont gravés.
Les touristes dénaturent-ils le carnaval ? La polémique enfle à Rio :
certains condamnent la présence de personnes qui ne savent pas danser la samba
et ne connaissent même pas le samba de enredo de leur école. D’autres considèrent
que cela fait vivre le carnaval. Sur place, l’ambiance est garantie et l’accueil
excellent : essayez simplement de respecter l’énorme travail que représente
ce défilé en assistant à quelques répétitions… Le reste suivra tout seul !
Texte : Justin Janvier
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